Rise Up

Later Sons

21/07/2023

Pride And Joy Music

Si on m’avait donné 1€ (ou 6,55957 francs selon l’époque) à chaque fois que j’ai écouté une chanson baptisée « Never Surrender » ou « Surrender to Love », je serais actuellement l’heureux propriétaire d’un vignoble classé à Saint-Émilion, humant le bois de mes tonneaux et me frottant les mains de mes prochaines ventes. Certes, je le reconnais, ce titre est emblématique d’un certain type de Hard Rock romantique, et il est difficile de passer à côté, mais il pose quand même une problématique intéressante : doit-on s‘intéresser aux textes des groupes de Rock mélodique/AOR/Hard-Rock, sous peine de se noyer dans une mer de glucose dont on a peu de chance de sortir vivant ?

Occultons la question, et focalisons-nous sur LATER SONS, et son premier album, Rise Up. Si ce nom ne vous dit rien, ne vous inquiétez pas, c’est tout à fait normal. Mais en fouillant un peu dans la bio, on trouve des éléments à charge relativement pertinents et encourageants. Car LATER SONS a été formé sur les cendres de LIONCAGE, groupe capable de la scène allemande, et qui trouve aujourd’hui une extension tout à fait crédible, du moins pour ceux qui aiment leur Hard-Rock infusé, et sous perfusion AOR des années 80.

Un casting connu donc, avec dans le rôle des anciens, Thorsten Bertermann au chant, Torsten Landsberger à la batterie, aux claviers et guitares, mais aussi à la production, Markus Knubbe (ex-AVELON) à la guitare, et la section rythmique formé par la dernière paire de LIONCAGE, à savoir le bassiste Arvid Lukas et le batteur Bülent Sezen. En sus de ce générique déjà alléchant, le projet s’est permis quelques guests de poids, dont Sven Lüdke de MOB RULES et Joey Castellini de SKYLINE nous gratifiant de quelques parties de guitare. Pas vraiment un premier rencard, mais plutôt un restau de qualité, de luxe même, puisque les onze pistes de ce premier effort sont toutes de premier choix, entre l’entrecôte saisie à point et l’ortolan sur coulis de morille.

LATER SONS ne bousculera pas l’ordre des choses, mais y mettra son grain de sel. Tous ces musiciens capés ne se sont pas réunis pour vendre des Tupperware, mais bien pour présenter un travail impeccable dans un créneau exigeant, entre le Hard-Rock mélodique moderne et l’AOR estampillé 80’s. Du classique donc, mais interprété avec soin, pour une présentation qui donne le sourire aux oreilles.

« Eye Of The Storm » vaut d’ailleurs à elle seule une écoute attentive de tout l’album, qui contient trois ou quatre morceaux de ce calibre. On reconnaît la patte des fans de JOURNEY, ECLIPSE et autres LIONCAGE évidemment, et si on se croit sous les palmiers américains, la réalité allemande nous rattrape une fois de plus par sa rigueur et son application.

Presque parfait, ce premier album semble indiquer un futur leadership remarqué et justifié. Dès « We Better Run », LATER SONS sort la grosse bertha et nous canarde d’un tir harmonieux très étudié, bien que le côté tempéré de l’affaire puisse rebuter certains. Mais l’équilibre entre la guitare et les claviers, le chant très pur et les chœurs pas si durs font de cette entrée en matière la poignée de main qu’on attendait, scellant une amitié entre un nouveau groupe et son futur public.

De fait, ne vous fiez pas forcément à la première partie d’album, bien que le sautillant « Lady Luck » fédère sans problèmes les adeptes d’aérobic et les dingues des pilates. Ce rythme sautillant, cette bonne humeur ne sont pas sans rappeler l’hédonisme made in eighties, lorsque Jane Fonda et Nancy Reagan s’affichaient dans les médias. Ne prêtez pas attention non plus aux clichés véhiculés par les intitulés des morceaux. Un peu trop attaché au cahier des charges romantique, LATER SONS nous parle d’amour, de tendresse, de rêves à poursuivre, d’objectifs proches, de larmes, de tempêtes à affronter et de pluie de l’âme, comme tout bon groupe de Hard dit « FM » se doit d’aborder.

Mais ce formalisme de surface est rapidement éclipsé par une qualité de composition incroyable. « Last Freedom » se permet de présenter FAIR WARNING à TOTO, alors que « Rise Up » fait office de tube incontournable pour Billboard fantôme. Le calibrage est précis, le professionnalisme aiguisé, mais la fraîcheur est bien présente, ce qui a le don de transformer ce premier album en poème récité avec sincérité.

On en accepte même un interlude acoustique réminiscent des élans de tendresse des années 88/90, pour mieux presser l’accélérateur vers le bonheur de « Hometown Girl », à la basse mutine et aux chœurs utiles.

Bien évidemment, tout ceci est aussi classique d’une setlist de BON JOVI, mais le plaisir est décuplé par la surprise de découvrir un disque peaufiné et pourtant d’un naturel désarmant. Les LATER SONS ont acquis suffisamment d’expérience pour se permettre ce genre de prouesse, et même de nous laisser sur un dernier hit irrésistible (« Good Times, Bad Times », un petit délice avant d’aller au lit).

Rise Up utilise avec beaucoup d’intelligence la métaphore de sa pochette, avec ce tour-bus qui s’envole vers le paradis. La musique est donc toujours l’échappatoire d’une réalité un peu trop âpre, et il faut se rendre à l’évidence :

Heroes never surrender.  

      

   

Titres de l’album:

01. We Better Run

02. Never Surrender

03. Lady Rock

04. Follow Your Dream

05. Last Freedom

06. Rise Up

07. Family Affair

08. Heaven

09. Hometown Girl

10. Eye Of The Storm

11. Good Times, Bad Times


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par mortne2001 le 29/07/2023 à 17:35
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