On vous l’a assez répété, les apparences sont souvent trompeuses. Ainsi, en abordant le cas des anglais de THE BLEEDING, et au jugé de leur pochette, je m’attendais à devoir traiter de l’énième cas Brutal Death du mois, la mine déconfite et le verbe en berne.
Il faut dire qu’entre le nom et la pochette, rien n’aiguillait dans un sens divergent. Et pourtant, la réalité, sans être radicalement opposée à l’impression de départ, s’avérait beaucoup moins prévisible, et un poil plus nuancée. Et au final, la conclusion opposait une fin de non-recevoir Death/Thrash tout à fait raisonnable et musicale en lieu et place de borborygmes et régurgitation de riff prémâchés déjà refourgués à toutes les sauces.
Mais qui sont donc ces musiciens à la technique beaucoup plus précise et au sens de composition plus concis que le graphisme sanglant de leur couverture ne le laissait préfigurer ?
THE BLEEDING, ce sont tout d’abord quatre musiciens (Jamie "Germ" Stungo – chant, ERA VULGARIS/SCAR DIVINE, Tasos – guitare, SNAKESKIN/NEOMORT, Sean Richardson – basse, INESCAPABLE FATE, et James Loh – batterie, DERMOID/AGRONA), qui ont uni leurs destins en 2010, avant de donner leur premier concert en septembre 2012.
Ce fut aussi l’année de leur première démo, qui précéda de quelques mois la sortie d’un premier EP, Death Eternal, qui leur servi longtemps de mètre étalon et de répertoire on stage.
Mais en trois ans, les progrès accomplis par le quatuor sont patents et éclatants, et explosent à la face d’un monde de l’extrême médusé de tant de véhémence instrumentale intelligente. Car loin de se contenter de pilonner comme des ânes pendant trois quarts d’heure, les anglais modulent, varient, mais sans jamais perdre de leur intensité ni de leur créativité.
Celle-ci s’exprime parfois avec un brio époustouflant, sur un morceau comme « Rites Of Absolution », qui a tout d’un hymne que les metalheads vont bientôt reprendre en cœur live. Riff futé, multiplicité des tempi, sifflantes, harmoniques, et tempo soutenu, c’est une boucherie fine en règle qui découpe le Thrash en petits morceaux Death, d’un couteau de production finement aiguisé. Mais ils l’avouent eux-mêmes, la formation du groupe découle de leur sevrage musical personnel, puisqu’ils ont tous été biberonnés à SLAYER, ASPHYX, PESTILENCE, CORONER, MORBID ANGEL et autres cadors du Thrash et du Death de ces trente dernières années.
Et on découvre bien vite que les lascars ont une culture de l’extrême très pointue, puisque une fois l’intro futée « Precognition » diffusée dans un air moite, « Consumed Existence » déboule sans crier gare de sa polyrythmie, se transformant vite en assaut Thrash sans pitié, mais asséné avec pertinence et précaution. La sauvagerie le dispute dès lors à l’acuité technique, et on se replonge dans les plus grandes années de la brutalité contrôlée, sans pour autant tomber dans le panneau du vintage usurpé.
Bons musiciens, compositeurs affutés, les THE BLEEDING ne sont pas trop polis pour être honnête, et gardent l’emphase sur l’efficacité sans pour autant occulter une certaine forme d’originalité. Certes, leurs influences avouées sont criantes, et les soudaines accélérations sont placées en alternance sous l’égide de SLAYER ou PESTILENCE, pour une union pas du tout contre nature entre le Death morbide et le Thrash rapide. Nous avons même droit à de régulières salves de blasts qui envoient tout valser, et qui aplanissent le terrain pour des soli tout à fait capables.
Si les morceaux de Rites Of Absolution sont plutôt longs, ils ne perdent jamais leur temps à nous refourguer des plans trop étirés ou éculés, et concassent, fracassent, dans un ballet outrancier de violence, qui ne dépasse jamais les limites de la bienséance. On atteint parfois un degré élevé de concentration épidermique, un peu comme dans une expérience étrange visant à cumuler la puissance mathématique d’un ATHEIST et les déviances sadiques d’un ASPHYX.
Mais bien loin de se focaliser sur d’incessantes poussées de fièvres de BPM, les anglais savent aussi manipuler le mid tempo à la EXODUS, ce que démontre avec panache l’irrésistible et groovy « Death Eternal », qui nous secoue les puces plus efficacement qu’un traitement chimique.
En fait, et en toute objectivité, Rites Of Absolution est un premier album en tour de force, qui cumule les moments de bravoure sans freiner son entrain. « Crook And Flail » prouve que les londoniens sont à l’aise dans tous les domaines, et qu’ils assurent tout autant dans le Death technique un peu sardonique à la Schuldiner de fin de carrière, que dans le Thrash séculaire.
D’ailleurs, la référence n’est pas anodine, puisqu’ils osent se frotter au terrifiant « Open Casket » de DEATH en fermeture des portes, sans paraître ridicules, loin de là. La reprise est respectueuse, quoique légèrement plus fluette que l’originale, et manquant un peu des fioritures ludiques de Bill Andrews à la batterie. Certes, Jamie n’a pas le timbre aussi evil que feu Chuck, mais l’un dans l’autre, et en tant que clin d’œil, cette cover a largement sa place sur cet album, et son rôle de conclusion est particulièrement pertinent, rappelant que THE BLEEDING est avant tout un ensemble de fans de musique extrême ayant un jour décidé de jouer la leur.
Et finalement, et ce qui est le meilleur des compliments, est que ce sont leurs propres compositions qu’on retient le plus, puisqu’elles parviennent à unir le plus bestial et fin des deux mondes, dans une fusion intéressante de technique et de furie instrumentale. Jouissant d’une production compacte mais claire, ce premier album risque fort de devenir une référence du Death/Thrash européen, replaçant l’Angleterre au centre des débats.
Pas de temps mort et beaucoup de points forts, Rites Of Absolution s’incruste dans votre tête et s’impose dans votre mémoire longtemps après écoute, vous obligeant à revenir vers lui, sans que le geste ne vous coûte vraiment.
Une excellente carte de visite qui annonce bien des carnages en concert à venir, pour une symphonie de violence canalisée, qui n’hésite pas à ouvrir les vannes en grand pour inonder la vallée de votre inconscient carnassier.
Ça va saigner. Mais pas gicler dans tous les sens non. Ces mecs sont trop précis pour accepter de travailler comme des bouchers.
Titres de l'album:
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