Qu’est ce qui transforme un simple disque en bon album de Thrash ? Le fait qu’il sonne comme s’il avait été composé il y a trente ans et enregistré hier ?
Bravo, vous avez gagné mon estime, et le droit d’entendre parler de la nouvelle sensation made in Germany, CENTRATE.
En version développée, ce qui n’est pas évident à la première lecture, CENTRATE est plus une contraction, presque un acronyme plus qu’un nom, puisqu’une fois étiré, tout ça nous donne CENTER OF HATE, ce qui en effet semble en parfaite adéquation avec la musique proposée.
Un Thrash dit « à l’Allemande », rigoureux, âpre, pas vraiment fastueux mais efficace, et qui rend hommage aux plus gardes figures du genre, nationales évidemment.
Niveau bio, les CENTRATE ont d’abord évolué sous la bannière WITHOUT FEAR entre 2007 et 2010, avant de se rebaptiser pour je ne sais quelle raison.
Un premier EP gravé aux Desert Inn Studio d’Edingen en 2015, Tiger Force, et évidemment, quelques premières parties plus ou moins fameuses en compagnie/ouverture de cadors comme ACCUSER, SCORNAGE, DUST BOLT, ont fait de ces Allemands ce qu’ils sont aujourd’hui, à savoir un solide groupe de Thrash qui revendique ses influences tout en affirmant son propre son, directement hérité de l’âge d’or du style des années 85/88.
Premier LP donc pour ce quintette de Dillenburg (Niki – chant, Tobias & Chris – guitars, Marcel – basse et Manu – batterie), autoproduit, et caché sous une jolie pochette virtuelle (l’album n’est pour le moment dispo qu’en dématérialisé) qui semble d’ailleurs directement en lien avec le premier morceau de Ritual, « Voodoo ».
Etrange intro en percussions à la SEPULTURA de Roots, soulignées de guitares un peu menaçantes, c’est une entrée en matière classique qui plante le décor, qu’on imagine plus volontiers typique de la Nouvelle-Orléans ou de Haïti, mais qui provient pourtant d’Allemagne, ce que confirment vite des riffs typiques de l’école de la Ruhr, et qui nous aident à nous remémorer les éternels ACCUSER, TANKARD, ASSASSIN, DEATHROW et consorts.
D’ailleurs, le reste de l’album ne saurait nous tromper quant aux sources d’inspiration de ces jeunes thrasheurs avides de solidité instrumentale, qui ont salement travaillé leur partition pour nous proposer des compositions lourdes et véloces, toute placées sous le soleil noir d’un Metal un peu ombrageux et menaçant, mais souvent rapide et violent.
Loin de l’épiphanie que nous ne sommes plus vraiment en droit d’attendre de la vague du revival Thrash, Ritual n’en reste pas moins une affaire très sérieuse et intelligente. Refusant de tomber dans la facilité, les CENTRATE se concentrent sur un Thrash sous contrôle, et développent des riffs certes convenus mais efficaces, qui peuvent se reposer sur une section rythmique à la cadence d’abattage raisonnable, toutefois privée de basse au mixage, ce qui n’est pas vraiment étrange dans le créneau…
D’ailleurs, ce premier morceau fait clairement penser à une version réactualisée du premier DETENTE, ce qui confirme que ces Européens savent loucher du côté des USA pour nous pondre un refrain collégial dans la plus droite lignée du saignant « Losers » de Dawn & co.
Dix morceaux pour cet initial Ritual, qui n’hésite pas à varier le propos et le ton mais aussi les durées, puisque les interventions oscillent entre les deux minutes et les six, avec des variations dans l’inspiration qui parfois ressemblent à des trous noirs avalant la créativité pour laisser filtrer une certaine routine éprouvée.
Alors évidemment, des pamphlets lapidaires comme « In The Face Of Death » marchent toujours grâce à leur énergie diabolique découlant de la rage antique des ASSASSIN et autres DEATHROW, mais d’autres ont plus de mal à s’imposer, comme le long et lent « Kill Till Death » qui recycle des plans usés par SLAYER il y a une bonne trentaine d’années.
Le juste milieu est parfois bien trouvé, comme le démontre avec aisance « Soul Collector », qui joue plus ou moins dans la même division, et prend son temps pour nous prendre à la gorge, par l’entremise d’une double grosse caisse assez puissante et quelques accélérations en blasts relativement démentes.
Classiques et révérencieux, les CENTRATE le sont, à n’en point douter. Les riffs font tous penser à un thème déjà entendu par le passé, et les chœurs rappellent sans conteste l’âge d’or du Thrash Allemand des eighties flamboyantes.
D’ailleurs, les dix entrées semblent toutes suivre le même fil rouge, même si quelques fantaisies d’arrangements viennent troubler la linéarité ambiante (la ride de « Infected », morceau assez Hardcore qui mélange le SEPULTURA rageur à l’ACCUSER frondeur), et si la voix de Niki fait penser aux accents éthyliques de Gerre des TANKARD, il est toutefois difficile de trouver des traces de fun dans la musique des natifs de Dillenburg, qui se veut plutôt haineuse et colérique que joyeuse et alcoolique.
Parlons plutôt de SLAYER, puisque « Ritual » semble se complaire dans des digressions à la South Of Heaven/Seasons In The Abyss, tout en lâchant quelques allusions à la scène Néo Death scandinave, pour un résultat assez optimal, qui laisse augurer d’une suite plus intéressante, notamment grâce à ce break d’entame qui ose un riff unique sur fond de binaire solitaire, le tout nappé d’un chant scandé, un peu moins prévisible que le reste du répertoire.
Et si un tempo médium s’impose sur la durée, si les guitares tournent souvent autour des mêmes idées, ce premier album parvient quand même à s’imposer par sa colère assumée, sans toutefois faire partie des grosses surprises de la vague.
Un album raisonnable, mordant et agressif mais abordable, en gros, une démonstration Allemande de savoir-faire qui se repose encore un peu trop sur ses lauriers de fer. Courage les gars, vous avez les capacités d’aller plus loin, et de vous montrer moins bridés par votre respect.
Titres de l'album:
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30