Si d’aventure vous vous demandiez ce que pourrait donner une version hispanique de CANNIBAL CORPSE, alors ne vous posez plus la question, j’ai votre réponse. Il suffit pour le savoir d’écouter les deux albums des argentins de CADAVER PUTREFACTO, qui reprennent les recettes des nord-américains à la mode sud-américaine. Bien évidemment, résumer l’approche du combo de Buenos Aires à une simple copie habile du CORPSE serait illégitime et injuste, puisqu’on trouve dans leur musique des traces évidentes de la cruauté SUFFOCATION et des blasphèmes de DEICIDE, mais en gros, le parallèle est suffisamment juste pour être validé. Fondé en 2000, CADAVER PUTREFACTO a visiblement connu plusieurs périodes d’activité et des hiatus, splittant en 2003 pour revenir plus que jamais déterminé en 2015, et enfin prêt à se construire une discographie digne de ce nom. C’est ainsi qu’une première démo vit le jour en 2016, avant qu’un premier EP ne serve de carte de visite plus professionnelle (Macabra Colección EP). Et en 2017, se jugeant assez affutée, la bande s’est enfin lancée dans l’exercice du longue-durée en offrant à son public le joyeux et fleuri La Maldición del Zombi Errante, dont le titre cocasse se dispense très bien de traduction. Deux ans plus tard, le groupe revient par la moyenne porte avec l’EP Putrefacción Perpetua toujours aussi attaché aux mêmes valeurs de brutalité, mais c’est en 2020 qu’une digne suite nous est livrée grâce à ce second LP distribué par une myriade de labels. C’est ainsi qu’on retrouve à la distribution de Ritual de Exsanguinación Grinder Cirujano, Execracion Distro, Herrecords, Total Noise Records et Orejones Records, trop heureux de se partager les formats. Et si j’ai choisi de mettre en avant le travail de Herrecords, c’est parce que j’estime que ce second long trouve sa pleine dimension en tape, me rappelant ces cassettes qu’on s’échangeait sous le manteau il y a quelques décennies.
Le quintet (Pablo Giangreco - batterie, Juan Alejandro Gómez - basse, Leonel Grismado - chant, Julio Rosales & Nicolás Wolf - guitares, depuis l’année dernière) se fond donc dans une bestialité traditionnelle pour exprimer son point de vue, et table sur l’expérience de ses membres au sein de RIGOR MORTIS, MORBID SUFFERING, CALAVERA, COAGULO, MAGINOT ou ABSEMIA pour catapulter son Death dans les sphères les plus professionnelles. Partageant des points de vue avec leurs homologues d’ETERNAL GRAVE, eux aussi originaires de Buenos Aires, CADAVER PUTREFACTO propose donc un Death formel, fortement influencé par les trois groupes déjà nommés, mais leur champ d’influence ne s’y limite pas, puisqu’on retrouve dans leur musique des traces patentes de NAPALM DEATH, spécialement lors de l’intro de « Suprema Castración », qui reprend presque note pour note celle de « Breed to Breathe » de Shane et sa bande. Mais les argentins savent aussi honorer de plus grands anciens qui échappent pourtant à leur champ d’inspiration, et nous proposent une version très fidèle du hit de SLAYER, « Seasons in the Abyss », en bonus-track bien planqué. De la diversité donc dans les citations, mais autant admettre que la musique reste collée aux principes appliqués dans le Death américain des nineties. Certes, la langue espagnole apporte un peu d’exotisme à l’ensemble, mais le tout reste aussi brutal qu’une rotation du cou de George "Corpsegrinder" Fisher, et aussi blasphématoire qu’une saille provocante de Glen Benton.
Alors, peut-on quand même apprécier le travail des argentins malgré ces perfusions qu’ils ne cherchent même pas à cacher sur leurs bras ? Evidemment, et dès « La Ultima Masacre », on comprend que le quintet n’est pas là pour amuser la galerie, mais bien pour commettre un massacre de masse. On apprécie immédiatement cette énorme basse grondante qui occupe le premier plan, mais aussi ces riffs qui volent et virevoltent au-dessus de nos têtes, comme des charognards prêts à foncer sur un cadavre encore frais. La section rythmique, hautement capable tient facilement le rendement, d’autant que les compositeurs ont pris soin d’aérer leurs morceaux avec de nombreux passages plus modérés. Pas mal de mélodies donc, du Heavy qui cogne et bastonne, et surtout, la voix hyper caverneuse de Leonel Grismado, qui vocifère comme un beau diable, et dont le timbre s’accommode très bien de ces ralentissements glauques et assommants. Si les soli sont capables et assez démoniques pour interpeller, c’est la cohésion d’ensemble qui représente l’argument le plus décisif, et surtout, ce nombre de plans qui se succèdent sans s’éparpiller dans le cimetière. Rien de bien nouveau, mais une efficacité redoutable, et une foi non feinte en un Death de tradition, brutal, précis, bestial et touffu. Avec quelques titres plus courts et radicaux, le groupe prouve aussi qu’il connait son bestiaire Thrash, et « Jornada Brutal » de prouver que les animaux sont capables de mixer CANNIBAL CORPSE à la Bay-Area sans faute de goût.
Mais surtout, CADAVER PUTREFACTO démontre que son inspiration peut s’étaler sur de longues minutes sans donner de signes d’essoufflement, et lorsque « Necrofobia » lâche son intro inquiétante, on réalise que le quintet sait se montrer plus fin qu’il n’y paraît. Acoustique ciselée pour ambiance mortifère, genre BO de slasher pour public averti, avant que la machine à charcler ne reparte de plus belle, préférant cette fois-ci l’écrasement à l’écartèlement. A l’aise sur le lourd comme sur le véloce, les argentins démontrent qu’ils ont du flair pour trier leurs idées, et la fin de l’album dévoile des ambitions intéressantes, qu’il conviendra de développer à l’avenir. Ainsi, le très catchy « Ritual de Exsanguinación » sonne presque Crossover, avec toujours cette basse brillante qui claque, avant que la cover de SLAYER n’achève de nous convaincre des affinités cachées du quintet. Une reprise qui certes ne brille pas par son culot, et qui cite Araya et les autres dans le texte, mais qui montre aussi que n’est pas Dave Lombardo qui veut, le jeu de Pablo Giangreco montrant clairement ses limites dans la fluidité et la dextérité. Mais acceptons cette reprise pour la cerise sur le gâteau qu’elle est, et admettons que le second LP des CADAVER PUTREFACTO est un bel exercice de style de la part d’un groupe en pleine possession de ses moyens, qui pourrait nous surprendre dans un futur proche.
Titres de l’album:
01. Preludio del Horror
02. La Ultima Masacre
03. Jornada Brutal
04. Putrefacción Perpetua
05. Sanguinaria Represalia
06. Suprema Castración
07. Violenta Furia Irracional
08. Necrofobia
09. Ritual de Exsanguinación
10. Seasons in the Abyss (SLAYER cover)
Ca sonne effectivement à mort CANNIBOUL.
Très bon donc.
Pis j'adore cette pochette.
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