L’un de mes contacts sur un réseau social bien connu déplorait récemment la standardisation du Black Metal, et sa propension à rechercher un son beaucoup trop propre, et un style presque « consensuel ». Il regrettait les premiers temps, où cette musique était encore extrême, et friande de productions cheap fixant des compositions ambitieuses, jouées sur du matériel de fortune. Le débat n’était pas inintéressant en soi, mais je le soupçonnais d’occulter un large pan de groupes qui partageaient son point de vue. Sans aller jusqu’à fouiller dans les décombres encore fumantes de l’underground le plus profond, et en mettant de côté les sorties les plus nihilistes (entendez par là, de sombres démos captées à la va-vite et plus symptomatiques d’un vide créatif que d’un réel but artistique…), il est quand même évident que le BM n’a pas perdu ses principes en route, et qu’il continue de se vouloir aussi noir, sale et repoussant qu’aux temps de son émergence, mais tout dépend là encore de la période concernée…
Je ne ferai pas le travail d’historien que suppose ce postulat, et je me contenterai alors de le guider vers l’écoute du premier EP des anglais de GOLGOTHA, qui j’en suis sûr, trouveront grâce à ses oreilles. Pour peu qu’il fasse preuve d’un minimum d’objectivité…
Le Golgotha, comme vous le savez si vous avez lu les écritures de l’ancien testament, est la colline sur laquelle le Christ a été condamné à mort, située à l’extérieur de Jérusalem, et qui servait de lieu de crucifixion aux romains de l’époque. Pas vraiment le genre d’endroit folklorique qu’on va visiter l’appareil autour du cou, mais un contexte parfait pour situer la démarche artistique d’un projet assez obscur, qui ne prend même pas la peine de dispenser quelques informations. Tout au plus savons-nous que leur musique émane de Manchester, mais rien d’autre, ce qui ajoute à l’aura de mystère dont se nimbe ce projet aux contours assez flous aussi. S’il est évident que Ritus Mortuus Est reste dans des balises BM, il est certain qu’il est plus proche de celles posées au milieu des années 80 par HELLHAMMER et CELTIC FROST, mais aussi celles balayées des bottes par le DARKTHRONE des 90’s. On sent dans les trois pistes de cet EP une réelle volonté de se rapprocher de l’essence du genre, en mettant en avant une bordée de riffs simplissimes et distordus à l’extrême, à l’impact cru amplifié par un chant vraiment écorché, et une basse plutôt présente, chose assez rare pour être soulignée. Pas vraiment de progression dans l’effort, mais une belle constance, qui permet à trois longs segments d’étaler une somme conséquente d’idées basiques, mais efficaces dans le rendu. Et admettons aussi que le son global de l’affaire reste collé aux préceptes DIY de la vague norvégienne d’il y a vingt ans…Alors, bon, mauvais, anecdotique ou d’importance ? Un peu de tout ça, et surtout, une bonne dose de BM à tendance Crust à l’ancienne, qui ne s’embarrasse pas de principes d’évolution, mais qui ne prend pas les auditeurs pour des cons.
En témoigne l’ouverture ample de « The Rites of The Dead I », qui de ses presque dix minutes passe en revue tout le catalogue des figures imposées, et qui nous ramène à l’époque glorieuse de Transilvanian Hunger, mais aussi d’Apocalyptic Raids, et qui sonne même comme un joli démarcage des WARHAMMER, sans le côté gênant du plagiat. Une production presque rachitique qui ne donne aucun volume à une guitare qui geint ses motifs, une batterie sans dynamique qui cavale comme un dératé, mais un chant surdosé qui s’impose aux avant-postes, et qui éructe ses diaboliques litanies avec une belle conviction malsaine. Un pot-pourri de tout ce que le BM le plus élémentaire et vilain peut nous offrir depuis le début des nineties, pour un ballet outrancier qui n’a cure d’une quelconque ouverture, et qui se frotte au Doom, sans avoir peur de se tâcher.
Le titre le plus symptomatique de cette analyse reste sans conteste le final « The Rites of The Dead III », qui se traine d’un mid tempo fatigué, laissant s’imposer des chœurs vraiment effrayants, et employés à bon escient au bon moment.
Et si les riffs vous rappelleront tous quelque chose, si les cassures rythmiques ont un air de déjà entendu, le tout est voulu et assumé, et fait un bien fou. Outre ce classicisme indéniable, la force du groupe réside surtout dans le traitement vocal offert, qui confère aux titres une ambiance particulière de souffrance, comme un exorcisme pratiqué de force, qui laisse les démons s’exprimer avec emphase et cruauté. Mais la violence la plus crue trouve aussi une jolie tribune via le turbulent « The Rites of The Dead II », qui fait tout ce qu’il peut pour étaler sa laideur musicale, s’offrant ainsi une crédibilité méritée, et surtout, une atmosphère déliquescente, proche des premières exactions de Tom Warrior, alors guitariste approximatif, chanteur par obligation, et compositeur par besoin.
Soli primitifs, enrobage rustique, mais arrangements intelligents (ce petit break de basse sur le second tronçon est parfaitement délicieux, et la rythmique chaloupée s’ensuivant aussi), pour une première sortie qui mérite largement le détour, et qui convaincra les plus puristes que le BM est toujours aussi essentiel et aussi peu séduisants qu’à ses débuts.
Espérons que les GOLGOTHA tiennent le rythme, et nous offrent une suite digne de ce premier jet plutôt convaincant dans son rôle d’épouvantail dépareillé.
Titres de l'album:
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