Road Rage

Quiet Riot

04/08/2017

Frontiers Records

Pas facile d’avoir connu les feux des sunlights et de se retrouver dans l’ombre, petit à petit, sans vraiment comprendre pourquoi…Et alors que ses petits frères illégitimes de MÖTLEY ou RATT se hissaient au plus haut des charts et au plus profond du cœur des fans, QUIET RIOT se voyait condamné à la relégation en seconde division, tout en sortant des albums largement dignes d’intérêt. Certes, le clinquant, le mordant, l’apparat de diamant attirait la nouvelle génération dans le giron de la nouvelle scène de LA, certes, en perdant Kevin DuBrow, le groupe perdait en même temps un frontman explosif (un peu trop d’ailleurs), mais l’histoire les retiendra comme des VAN HALEN encore plus bigarrés qu’une troupe hirsute attendant devant le Strip mal garés. On se souviendra quand même que leur succès fut en grande partie dû à des reprises de SLADE bien senties, mais Metal Health, en tant que tel, se pose encore en testament d’une première partie d’histoire du Hard Rock américain flamboyant…

Mais depuis…Depuis ? Beaucoup de choses, des aventures, des mésaventures, et puis, des disques bâclés, des tragédies à encaisser, et la mort du pauvre Kevin, le 19 novembre 2007, condamnant de fait le cogneur Frankie Banali à porter seul l’étendard de l’émeute peinarde. Depuis, un unique LP, Quiet Riot 10, plutôt sympathique mais un peu décousu, et puis un nouveau départ, vers d’autres horizons cette fois ci, du vocaliste Seann Nicols. En perte de repères, les résistants et restants (Alex Grossi – guitare depuis 2004, Chuck Wright – basse, en entrance/partance depuis 1982) se sont donc tournés vers une valeur pas si sûre, celle du hard-rockeur de service du télé-crochet American Idol, James Durbin, qui avait régalé les téléspectateurs de ses appropriations déchaînées de « Breaking The Law » et « Living After Midnight » du PRIEST célébré. Bon choix ?

Techniquement, assurément, formellement, pas forcément.  

Certes, James Durbin a du coffre, un timbre Glam intéressant, mais souvent, ses accents ont du mal à se satisfaire d’un Rock à la peine, qui tente désespérément de retrouver la flamme d’antan, et qui achève de nous convaincre que l’entreprise décolle trop péniblement. Pourtant, le jeune frontman donne de se personne, et n’hésite pas à flotter dans les aigus, mais il sonne un peu trop anonyme dans une foule de morceaux qui n’ont pas plus de personnalité qu’une compile de la scène glitter de Los Angeles des années 87/89…Pourtant, j’avais laissé les QUIET RIOT sur une excellente impression, celle de Rehab qui en 2006 laissait à croire que les mecs avaient justement fait la bonne cure pour retrouver la route du futur. Il faut dire que depuis, onze années se sont écoulées, que l’histoire a encore changé, et que la donne aussi. Ainsi, mis en standby pour une paire d’années, Road Rage a peut-être perdu de son énergie, en attendant de voir son chant réenregistré. Il est certain qu’il sent un peu le réchauffé, et que l’énergie n’est pas de tous les diables, un peu comme une grosse cylindrée bridée qui verrait son réservoir à sec tous les deux-cents kilomètres à peine emballés. Impossible dès lors de tracer la route à toute vitesse, et ces arrêts intempestifs sur des aires d’autoroutes pas très classes se ressentent, lorsque l’inspiration est en panne des sens et se contente de sandwiches stériles emballés dans du papier recyclé (« Wasted », talent gâché pour l’un des pires sons de guitare que j’ai pu entendre depuis des années). Et en abordant hors parenthèses le problème de la production, autant avouer qu’elle n’est pas franchement à la hauteur des ambitions. Rachitique, et plutôt symptomatique des courants en vogue aux USA il y a trois décennies, elle ne sert pas vraiment une ligne directrice hésitante, étouffant une guitare qui grésille de peine, et avalant l’écho d’une rythmique qu’on penserait adaptée à une démo. La preuve en est donnée dès le tonitruant « Can’t Get Enough », où l’on peine à reconnaître le frappant du cogneur Banali, celui-là même qui incendiait de ses baguettes les pistes du Headless Children de WASP. Pourtant, ce Hard-Rock léché et subtilement glamicustomisé sentait bon l’intro coup de laque, de celles qui nous font sauter dans les flaques, inondés d’une joie intense de retrouver l’un des acteurs les plus attachants du L.A d’antan.  

Mais outre une production pas franchement aux normes, c’est surtout la direction artistique de l’album en question qui étonne. On a le sentiment que le combo passe du coq à l’âne, pas certain d’être à l’aise avec son lipstick aux lèvres, ou avec le Blues dans les veines. Quand l’adaptation et les transitions fonctionnent, ça nous donne le meilleur, celui d’un mélange SLAUGHTER/DANGER DANGER (« Getaway », l’un des meilleurs hits que le RIOT nous a pondu depuis très longtemps), mais quand la redite sonne à un stade avancé, on se sent lésé d’être pris pour des fans du ZEP que la nostalgie a presque noyés (« Roll This Joint », pas l’hommage souhaité, et un peu trop convenu pour décoller, surtout comparé à la jeune génération des GRETA VAN FLEET qui ont depuis signé plus enflammé). L’avantage se cache dans la durée, limitée, qui permet de sauver les meubles, et de faire illusion, avant que le chaland ne trouve le temps long. Pourtant, on aimerait bien y croire encore, et on y parvient quand l’ambiance se réchauffe et que les cœurs évitent la surchauffe (« Still Wild »), mais lorsque les musiciens cèdent à la facilité d’un passé qu’ils ne veulent pas oublier, on se perd sur la route de la jeunesse enterrée qui ne veut pas ressusciter (« Renegades » archétype du pseudo tube dont le Billboard avait l’habitude, une fois encore salement handicapé par une production anémiée). Il n’en reste pas moins que l’osmose entre les instrumentistes épargne à ce nouveau méfait un naufrage complet et on espère que l’avenir saura les unifier encore plus pour nous offrir l’album qu’on pensait mériter. D’autant plus que l’émotion est parfois tangible, sur « The Road », qui suggère à merveille un parcours qui ne date pas d’hier, et qui a connu des très hauts et des très bas, que la voix modulée de Durbin évoque avec un vibrato grave sans regrets.

Mais en se révélant trop incomplet, inconstant et trop standardisé, Road Rage ne parvient pas à nous réconcilier avec l’esprit d’un QUIET RIOT qui semble plus affaibli que ragaillardi. L’arrivée de sang neuf dans la troupe n’a pas apporté le surplus d’énergie qui aurait permis au quatuor de se replacer, la faute à des chansons un peu trop passe-partout pour convaincre et un son trop décharné pour vaincre. Mais gageons que Frankie, pas né de la dernière pluie saura (ou pas…) redresser la barre, pour peu qu’il stabilise son line-up, et que le prochain méfait de l’émeute tranquille saura nous fédérer et nous enthousiasmer. Pas le comeback dont on rêvait, mais des prémices, et des interstices qui devront se remplir d’une lumière un peu plus accentuée. Dommage, mais ça n’est que partie remise. Et puis, Frankie n’est pas du genre pressé, alors sachons contenir notre patience…


Titres de l'album:

  1. Can't Get Enough
  2. Getaway
  3. Roll This Joint
  4. Freak Flag
  5. Wasted
  6. Still Wild
  7. Make A Way
  8. Renegades
  9. The Road
  10. Shame
  11. Knock 'Em Down

Site officiel


par mortne2001 le 02/12/2017 à 14:07
64 %    1065
Derniers articles

Chaulnes MÉTAL-FEST 2025

Simony 27/04/2025

Live Report

Star Rider/Blaze Bayley

mortne2001 24/04/2025

Live Report

LOUDBLAST : 40 ans de carrière !

Jus de cadavre 20/04/2025

Vidéos

Big Brave + MJ Guider

RBD 12/04/2025

Live Report

Becoming Led Zeppelin

mortne2001 09/04/2025

Live Report

Klone

RBD 08/04/2025

Live Report

Dr. Feelgood

mortne2001 29/03/2025

Live Report

1000Mods + Frenzee

RBD 24/03/2025

Live Report

Datcha Mandala

mortne2001 22/03/2025

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Sleeping Church Records

Merci pour cette magnifique chronique !

02/05/2025, 08:30

DPD

Pourquoi, cher Caca, tu as des soucis toi avec les subventions ?

02/05/2025, 07:34

Caca

on en crève des subventions...

02/05/2025, 06:12

DPD

Reste Peste Noire qui chante en français.

01/05/2025, 23:53

DPD

Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)

01/05/2025, 23:51

Jus de cadavre

Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"

01/05/2025, 22:41

RBD

Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)

01/05/2025, 21:22

DPD

Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)

01/05/2025, 19:06

totoro

Le nouveau line-up est top ! Mais le morceau ne me fait pas grimper au rideau... Finalement j'aime Suicidal quand c'est plus Metal que Punk, avec les solis magiques de Rocky George. Bref, je suis un nostalgique, et même si je serai intéressé pour revoir le groupe sur(...)

01/05/2025, 17:54

Bl00db4th

Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle

01/05/2025, 16:57

Simony

Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)

01/05/2025, 09:15

Simony

Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...

01/05/2025, 09:11

fecal prout

@LeMoustre : ok boomer

01/05/2025, 06:58

LeMoustre

C'est a chier l'affiche

30/04/2025, 18:41

Whiskey

C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !

29/04/2025, 13:37

Humungus

Hâte ! Hâte !

29/04/2025, 11:03

Buck Dancer

Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad

29/04/2025, 08:26

DPD

Bordel on l'avait tellement bien,on s'est pas remdi compte.

29/04/2025, 02:34

DPD

Et pitié plus jamais de thrash//bllack/death à la con, choisit ton camp camarade !.

29/04/2025, 02:27

DPD

Je veux une scène vivante et organique voilà tout. Je constate une baisse en qualité, la scène metal ressemble de plus en plus à un musé. Mon expérience c'est que tu as un bon groupe sur 4 dans une soirée live maintenant. Il y a pas si (...)

29/04/2025, 02:24