« Je suis de bonne bonne bonne bonne humeur ce matin, y’a des matins comme ça »
Merci à Tristan de m’avoir laissé emprunter le gimmick de sa plus célèbre chanson, qui correspond tout à fait à mon état d’esprit du matin. Il est rare que je sois aussi enjoué, mais j’ai une raison valable à cela. Les retrouvailles avec l’un de mes musiciens préférés, le suédois Michael Palace, petit chouchou des italiens de Frontiers depuis des années, et idole d’un public amoureux de ses mélodies subtiles et magiques. Deux ans pile ou presque après le majestueux Binary Music, Michael revient donc par la grande porte pour le troisième album de sa carrière, le fameux album de la maturité qui est si difficile à négocier et qui confirme comme infirme les plus grands espoirs. Mais avec le suédois, pas d’inquiétude à avoir, puisque son talent ne s’est pas évaporé en route, et que son don pour composer des morceaux purement eighties et sucrés comme des barbe-à-papa est toujours intact. Pour jouer les bios succinctes, je rappelle que le bonhomme a offert ses services non aux plus offrants, mais aux meilleurs, et qu’il a déjà collaboré avec FIRST SIGNAL (avec Harry Hess de HAREM SCAREM), CRY OF DAWN (et Goran Edman), KRYPTONITE (avec Jakob Samuel des THE POODLES), ou Toby HITCHCOCK, et pas mal de poulains de l’écurie Frontiers, et que depuis 2016 il a pris son envol en tant qu’artiste solo, via Master of the Universe, qui de son titre en disait long sur ses ambitions. Et si le poly-instrumentiste n’est pas encore assis sur le toit du monde, il domine quand même de sa créativité la scène AOR mondiale, mais aussi de sa classe et de son humilité dans la passion.
Passion qui l’a mené à produire, enregistrer et mixer cet album totalement seul, en sus de prendre en charge toute l’instrumentation et le chant. C’est donc un album 100% personnel que vous découvrirez en écoutant Rock and Roll Radio, qui s’il n’a rien à voir avec les RAMONES, n’en reste pas moins une tranche de vie eighties dans laquelle on mord à pleines oreilles. Fort de son expérience de producteur et d’ingénieur du son au service d’ADRENALINE RUSH, REACH, ERIKA, HOUSTON, FIND ME, GUTTERDÄMERUNG, BIG TIME ou Miljenko MATIJEVIC, Michael a donc choisi de se faire confiance pour mettre en son ses dernières compositions, qui ne trahissent aucunement le label de qualité imposé par les deux chapitres précédents. On retrouve donc en ces sillons la fougue et le romantisme de Binary Music, et si la musique du suédois est tout sauf binaire, empruntant au vocable Hard Rock, au langage AOR et au mode d’expression Melodic Rock, son attitude n’en est pas moins franche pour autant, le compositeur s’en remettant à cette euphorie à la suédoise qui transforme n’importe quel morceau en hit single que bien des américains pourraient envier.
Mais du coup, puisque Michael a tout réalisé tout seul dans son coin, acceptant tout juste un coup de main de la part de Jordan Cox pour quelques chœurs sur « Castaway » et d’Oscar Bromvall pour un solo sur « Hot Steel », peu d’informations à vous prodiguer. Tout ce que je peux faire pour vous convaincre d’écouter cet album est de vous renvoyer à ma chronique de Binary Music dont les mots sont toujours autant d’actualité aujourd’hui. Je me sens donc un peu inutile, puisque les chansons parlent et chantent d’elles-mêmes, et qu’elles représentent la quintessence d’un art né à la fin des années 70, lorsque les artistes se rendaient compte qu’énergie Rock et séduction Pop n’étaient pas incompatibles, donnant naissance à ce fameux Arena Rock et à l’AOR popularisés par REO SPEEDWAGON, STYX, JOURNEY, STARSHIP, HONEYMOON SUITE, BON JOVI, Richard MARX et toute ces stars au parcours impeccable. Bien sûr, PALACE a une fois encore traduit le vocabulaire américain avec un charmant accent suédois, et parvient à nous embarquer dans un voyage au long-cours, nous ramenant aux heures si précieuses de notre jeunesse, lorsque nous roulions sur l’autoroute de la vie avec la musique à fond dans l’autoradio et dans le cœur. Il faut avoir une sensibilité mélodique pour se montrer perméable à cette approche délicate, qui ne manque pourtant pas de piquant. En témoigne le très énergique « Hot Steel », qui brûle le bitume et fait fondre la gomme des pneus de son riff incandescent et de son rythme affolant, qui contrebalance avec efficience la modulation émotionnelle de « Eleonora », qui aurait pu atteindre le sommet du Billboard chanté par CHICAGO.
Une fois encore, malgré un tracklisting fourni, Michael tutoie les cimes et délivre une copie impeccable, conférant à chaque chapitre une âme qui lui est propre. Si les claviers sont omniprésents, ils ne phagocytent pas l’espace sonore, et confèrent aux chansons une aura assez intime, presque mystique, qui nous renvoie aux néons des eighties qui éclairaient délicatement les rues aux baiser des amoureux de la nuit. On reste encore une fois méchamment admiratif du talent de composition du bonhomme qui accumule les hits, entre un « Cold Ones » au refrain totalement addictif, et un « Origin of Love » qui malgré son titre laisse exploser le Hard-Rock le plus traditionnel.
Michael est un orfèvre, il déborde de talent, le sait, mais n’en fait pas grand cas. Il se contente de composer ce qu’il ressent, et graver sur CD la musique qu’il aimerait écouter en tant que fan ce qui ne fait que renforcer le côté honnête et sincère de l’entreprise. Et comme les pistes ne dépassent que très rarement les trois minutes, l’efficacité est le maître mot de ce Rock and Roll Radio auquel il ne manque que quelques jingles pour justifier pleinement son titre. Mais même les rares incursions hors du temps imparti ne laissent pas place à la complaisance, et le plutôt Heavy « She’s so Original » de justifier les deux minutes supplémentaires de son déroulé de velours. Entre des chœurs vraiment pertinents, des arrangements sobres mais efficaces, et cette voix, pure et simple, ce troisième album est presque un miracle en soi, si l’on met de côté le génie évident de son géniteur. Aucune place à l’ennui, et même une radicalisation du son, plus dur et âpre, pour bien marquer le serment d’allégeance de PALACE au Rock radiophonique le moins corrompu.
Une réussite totale, un carton plein qui navigue à vue dans le dédale des radios US des années 80, qui multiplie les clins d’œil aux héros d’antan, et une vague de tubes qui déferle sur la plage de notre mémoire, avec cette joie qui transpire des harmonies (« Strictly by the Rules »). Alors, oui, je suis de bonne humeur ce matin, et je pense que je vais le rester toute la journée, quitte à réécouter encore le très poppy « When it’s Over ». C’est ça la magie de PALACE, nous emmener en virée pour la soirée de notre vie, une soirée cinq étoiles, où le passé brille de mille feux et où tous les espoirs sont permis.
Titres de l’album:
01. Rock And Roll Radio
02. Castaway
03. Way Up Here
04. Cold Ones
05. Eleonora
06. Hot Steel
07. My Gray Cloud
08. Origin Of Love
09. She's So Original
10. Strictly By The Rules
11. When It's Over
12. Fight
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