Lemmy n’a jamais prétendu jouer autre chose que du Rock N’Roll. Il a d’ailleurs baptisé un de ses albums ainsi, et je défie quiconque de l’avoir contredit un jour. Du Rock certes speedé, joué sous amphétamines, avec une bonne dose de bourbon dans le gosier et des bourdons dans les oreilles, mais du Rock. Depuis, combien de musiciens ont pillé son répertoire au point de sonner comme des projets parallèles expurgé du talent initial du regretté musicien aux moustaches fières et au dentier brillant ? Des dizaines, des centaines, parfois contemporains, souvent simples suiveurs, mais une poignée d’entre eux a parfois réussi la gageure de susciter le même genre d’émotion que les greasers ressentaient sur leur fière monture en arpentant les routes. Et finalement, quoi d’autre que le Rock N’Roll ? Rien, et ça, les RAMONES l’avaient bien compris, eux qui prenait un malin plaisir à accélérer le tempo pour faire fuir les critiques les assimilant à des personnages de cartoon échappés d’un asile. Mais nous sommes tous condamnés à une prison personnelle dont nous bâtissons les murs sans nous rendre compte qu’ils nous isolent des douleurs extérieures (courtesy of Roger Waters, merci). Et au-delà de toute cette prétention juvénile, il n’y a pas cinquante crédos à adopter quand on souhaite vivre sa vie sans regrets et sans remords.
Rock N’Roll.
Et ça, les ibères de MEAN MACHINE l’ont bien compris, eux qui depuis leurs débuts ont fait leur la simplicité des groupes les plus immédiats, sans se demander inutilement si un peu de technique ou des prétentions artistiques pouvaient les hisser au-dessus de la masse. La masse, ils n’en font pas partie, et plus, ils peuvent se targuer de la tirer de sa torpeur. Fondé en 2010 du côté de Barcelone, MEAN MACHINE fait partie de cette caste de power-trios qui envoient la sauce et jouent comme s’il n’y avait pas de lendemain, et nous prouvent pourtant que ces lendemains existent en publiant leur troisième LP en cinq ans. Evidemment, les trois loubards, ex-DEATH VALLEY (Raül Mesa - basse/chant, Juan Pedro Quesada - guitare et Marc Tàpies - batterie) ne font rien de plus ni de moins que leurs glorieux aînés, qu’ils ont la bonté de nommer dans leur bio agitée. Ainsi, les inévitables et sempiternels MOTORHEAD, NASHVILLE PUSSY, TANK et ROSE TATOO se retrouvent bien évidemment invités aux agapes de la violence, mais il serait assez judicieux eut égard à l’optique « all burn, no turn » de préciser que les barcelonais affectionnent aussi le radicalisme au houblon des TANKARD, et qu’ils ont certainement dû écouter une ou deux fois dans leur vie les jets de bile de WARFARE, AT WAR, et VENOM. On retrouve donc au menu de cette troisième livraison studio (après Livin' Outlaw en 2014 et Bastardized Mean City en 2016) des rythmes appuyés, des riffs pas lavés, un chant écorché et braillé, et une simplicité dans la brutalité qui nous ramènent aux débuts d’une musique amplifiée, dont les échos n’ont pas fini de résonner.
Bon, mais plus concrètement, une fois le décorum planté, comment ça marche avec ces enfoirés ? Simple, on prend un pack, de trente-six si possible, on le laisse au soleil, on tope une vieille station-service abandonnée à des kilomètres de Barcelone, on y colle deux ou trois estrades branlantes, on met les amplis à fond, et on laisse les trois potes faire le boucan. Une fois sur cette scène improvisée, Raul, Juan et Marc feront le reste, jouant à fond les ballons, avec les cheveux humant bon la graisse et le tord-boyau, penchés sur leur instrument comme sur les courbes d’une jument, et recyclant des recettes déjà mises au point par MOTORHEAD et les RAMONES, avec ce petit plus d’énergie juvénile du soleil. Rien d’original à en attendre, mais beaucoup de plaisir immédiat, une guitare qui n’arrête pas, une rythmique qui ne faiblit pas, et un chant qui ne module pas. C’est clair dès l’hymne introductif « Rock 'n' Roll Up Your Ass », qui n’est rien de moins que l’équivalent ibère du « Metal up your Ass » US des METALLICA, repris à son compte par la génération qui pleure encore Lemmy. No bullshit, pas le temps de ralentir, ou alors juste un peu pour ne pas sortir de la route, et on se mange une grosse mandale Punk N’Hard dans la gueule, du genre de celles que mister Ian Fraser Kilmister aurait pu composer pour le Pure Filth des WARFARE. Mais d’ailleurs, les MEAN MACHINE sont incapables de composer autre chose que des hymnes, puisqu’à peine remis de ce choc initial, c’est « Nitrobitch » qui nous saute au paf, provoquant une turgescence soudaine au niveau de l’entrecuisse. En moins de deux minutes, la belle aux pare-chocs bombés et carrossés joue de sa moue pour provoquer une giclée de Speed Punk explosé, semblant jouir de ses capacités à multiplier la vitesse de « Ace Of Spades » par dix pour faire monter la mayonnaise.
Ejaculation auditive, Rock 'N' Roll Up Your Ass n’est rien d’autre qu’un gros coup de pied au cul après une séance d’onanisme aux décibels, et inutile de penser que vous pourrez reprendre votre souffle, puisque cette tequila RAVEN/TANK/MOTORHEAD/RAMONES vous arrache la gorge sans pitié, et vous laisse le gosier cramé. Boogie quand il le faut (« Right Between the Eyes »), Punk quand il fait trop chaud (« Powder »), menaçant comme une descente de rhum des TATOO (« Don't Mess Around with the Boys »), les espagnols se regardent dans le miroir du « don’t give a fuck » et y voient une certaine ressemblance avec le S.D.I le plus euphorique (« Faster »), avant de se rendre compte que leurs traits grossiers doivent tout au faciès rugueux de Lemmy (« Speed Patrol », non la basse n’a pas du tout été piquée à « Overkill », le reste non plus d’ailleurs, enfin…). Absolument rien à jeter sur ce troisième LP qui sera donc celui de la confirmation absolue, mais pas du tout celui de la maturité. Car les MEAN MACHINE ne seront jamais mûrs, en tout cas pas pour une vie bien rangée et une musique apaisée, et c’est tant mieux pour nous, parce que nos tripes ont besoin de mecs comme eux. Des mecs qui nous rappellent que le Progressif, c’est bath, que le Néo-Death, c’est chouette et que l’AOR, c’est d’enfer, mais que le Hard-Rock overspeedé et méchamment burné, c’est quand même ce qu’il y a de mieux lorsque le moral flanche. Une virée en gros cube pour gros culs du Rock N’Punk, et un mode de vie, qui ne tient compte ni de la raison, ni des saisons, mais qui reste le plus fort. A jouer bien sûr à plein volume, histoire d’en faire profiter les voisins.
Mais quels voisins ???
Titres de l'album :
1.Rock 'n' Roll Up Your Ass
2.Nitrobitch
3.Right Between the Eyes
4.Powder
5.Don't Mess Around with the Boys
6.Speed Patrol
7.Steamroll the Hammer
8.Faster
9.Hell of a Crossfire
10.Maniac
11.Ironclad
12.Don't Mess Around with the Girls
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