AEROSMITH jette l’éponge puisque la légendaire gorge de Steven Tyler n’en peut plus, AC/DC survit, mais pour combien de temps, MOTORHEAD n’est plus depuis longtemps…Que reste-t-il de nos amours mes chers enfants ? AIRBOURNE évidemment, et quelques autres qui défendent encore la cause d’un Hard Rock n’Roll incandescent qui ne mourra jamais. Mais inutile de se sentir tristounet, puisque la relève est déjà là. Nul ne peut résister à un bon vieux binaire des familles, qu’il soit straight ou groovy, high on energy ou plus intimiste. Et on peut le trouver sans aller fouiner en Australie ou aux Etats-Unis. L’Allemagne est moins loin, et quatre de ses résidents nous proposent aujourd’hui une bonne dose de Rock dur.
Les RAZZMATTAZZ et leur nom à coucher dehors nous agitent les neurones depuis plus d’une décennie. Ce quatuor germain a choisi depuis un bail de ne pas suivre la tradition Heavy nationale et familiale, et de s’en dégager des obligations par un boogie bouillon, sous influence directe des frères Young, mais aussi de KIX, de D.A.D, et évidemment d’AEROSMITH, le pape bostonien du Rock direct et sans ambages.
Hallelujah accusant le coup des années, il était temps de lui donner un petit frère. Alors, le quatuor est allé fricoter dans les rues les plus louches de Stuttgart pour y trouver une génitrice adaptée, entre femme des hôtels et compagne pas frêle, et neuf mois plus tard, le résultat est là : le bambin se porte très bien, et hisse le pavillon d’un Hard Rock simple et béton, qui donne des crampes aux cheveux et qui fait se lever les poings dès le petit matin.
Les quatre musiciens s’y entendent toujours comme personne pour jouer l’amplifié qui électrifie même le lait. Leurs riffs sont toujours aussi efficaces, leur rythmique salace, et ce chant un peu vorace sublime des compositions sincères et faussement simples, puisque tout le monde sait que jouer le Rock tel qu’il a été inventé n’est pas chose aisée. Mais lorsqu’on est capable de signer un hymne de la trempe de « Hot Love », c’est qu’on connaît toutes les ficelles du rôti, et qu’on le fait cuire pour satisfaire les appétits.
Rock or Die est donc à l’image de son titre. Un voyage Rock complet, avec des billets demi-tarif pour ne pas léser les moins aisés, et des étapes successives qui suscitent la curiosité, mais surtout, le plaisir. Le groupe s’arrête sur toutes les cases, et déroule un tempo d’enfer, toujours mid, mais pulsé comme un mouvement perpétuel qui hypnotise les foules. On se laisse donc aller en toute confiance de nos guides, et on prend son pied sans pudeur déplacée, au son d’un énorme « Big Rip » qui ouvre le bal avec une morgue admirable.
RAZZMATTAZZ c’est donc une recette qui se perfectionne avec les années. On savait déjà les gars capables de tout avec aisance, on les sait maintenant pros de la plaisance. Peter Ucik (basse), Tom Schaupp (guitare/chant), Ulf S. Gokeler (batterie) et Wolle Heieck (guitare/choeurs) connaissent les instruments, le cap à suivre, et les îles à éviter. C’est ainsi que la croisière, à moitié sur terre et à moitié sur mer est une montagne russe de bonheur, avec toujours en exergue ce beat de cogneur qui transforme notre ennui en chaleur. Pas de grosse surprise, pas de grosse différence, mais une qualité constante, qui nous ramène au meilleur des deux premiers albums internationaux de D.A.D, dont les allemands reprennent bien des recettes (« Hold On »). Le principe est inamovible, un couplet solide, un refrain simple à reprendre la main dans la main, une voix gouailleuse, et une énergie qui effraie les pleureuses.
Mais regardez la pochette, elle vous dit tout sans dire un mot. D’énormes baffles qu’on imagine Marshall, un logo central, et c’est tout. L’iconographie est donc simple et expressive, et le contenu qu’elle cache l’est tout autant. Le quatuor avoue même avoir trouvé la recette du succès par un deal contracté (« Sold My Soul To The Devil »), lui garantissant une efficacité et une jeunesse éternelle.
Plus festif qu’AC/DC, plus stable que KIX, RAZZMATTAZZ est une machine à riffs à faire pâlir les STONES et les ANGELS, d’une sincérité désarmante et d’une naïveté charmante. Les réflexes sont tous là, même ceux qui ralentissent la machine pour explorer les tréfonds d’un Blues Hard Rock n’Roll suintant et vicieux (« Can’t Sleep All Night », que Bon Scott aurait chanté d’un regard pénétré). Quant aux crises de folie du samedi soir, c’est « Supersonic Man » qui en règle l’ardoise d’un tempo épileptique et de guitares priapiques, pour bien nous faire comprendre que le mieux est l’ennemi du bien, et que le bien…c’est déjà très bien.
Rock or Die est donc un disque qu’on écoute, qu’on réécoute, et qu’on écoute encore pour oublier les petits tracas quotidiens. Une fois, deux fois, dix fois, l’enthousiasme ne fond pas, et le plaisir ne s’estompe pas. Dommage que les allemands laissent traîner un avertissement sur leur Bandcamp, pointant le fait que ce nouvel album pourrait bien être le dernier…
Ce qui serait une sortie de route regrettable pour l’un des combos les plus chauds de sa génération. Et si la rumeur se confirme, gardez Rock or Die près de vous, pour vous souvenir de cet instant T ou tout paraissait possible et enthousiasmé.
Le vrai bonheur est rare. Alors autant mettre son potard sur onze pour l’éternité.
Titres de l’album :
01. Big Rip
02. Rock Or Die
03. All Night Long
04. Hot Love
05. No Time To Lose
06. Hold On
07. Sold My Soul To The Devil
08. Can’t Sleep All Night
09. Supersonic Man
10. Razz Pack Boogie
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