C’est via une pochette superbe et un premier morceau tonitruant que les espagnols de GRAVE NOISE reviennent déterrer les morts. Trois ans après leur entame From the Cradle to the Grave, les originaires de Hontoria del Pinar/Burgos/Soria assoient donc leurs positions, et affirment leur allégeance à un Thrash d’obédience moderne, décomplexé, mais surtout, épais comme un obèse en putréfaction. Pas vraiment innovant, mais d’inspiration multiple, ce Thrash efficace aux nombreuses mélodies est souvent contrebalancé d’une violence vocale fort à-propos, et développe de beaux arguments de fonte pour remettre nos abdos Bay-Area en forme.
On pense à un équilibre entre les haltères du SEPULTURA post-Max et le banc de muscu de GRIP INC, avec cette petite touche scandinave fort peu développée en terre ibère. Mais avec de nombreux breaks plus mélodiques que la moyenne, Roots of Damnation entre en totale contradiction avec sa pochette nihiliste et morbide, ce que l’excellent « Fuckcism » démontre de ses arpèges et de son solo fluide et harmonique.
L’affaire est donc plus complexe qu’un simple hommage old-school de plus. Loin de la redite pure et dure, Roots of Damnation creuse plus profondément, et sa pelle heurte le cercueil de styles moins évidents, propose des techniques d’excavation différentes, et ressort de sa profanation avec des bijoux précieux, plus en tout cas que le simple rapt d’artefacts déjà collectionnés par tous de la concurrence.
On apprécie cette production claire qui laisse une grosse basse ronflante meubler les silences, cette vitesse raisonnable qui permet de plaquer des riffs mémorisables, ce chant grave et rauque qui invective intelligemment, et ces ambitions de constructions qui confèrent à l’affaire un côté évolutif très intéressant. Il est certes toujours possible de raccrocher le wagon espagnol à une grosse locomotive US, mais l’indépendance de ce second long se manifeste ouvertement et régulièrement, via des inserts plus fluides et des soli performants.
Ainsi, « Broken Land » propose une structure classique, mais n’hésite pas à la décorer de plans plus ciselés, à la manière d’un TESTAMENT des grands jours. Edu Sanz (guitare), Iker Sanz (guitare/chant), Fer Mediavilla (batterie) et Tonin (basse) se montrent donc sous un jour beaucoup plus flatteur que le reflet de leurs petits camarades de jeu obsédés par la tradition, s’appuient sur des capacités individuelles notables, et développent un collectif soudé, qui permet certaines audaces agréables.
Passant de la délicatesse de ton à la brutalité de fond, Roots of Damnation remonte donc aux racines de la damnation, et explore toutes les facettes d’un Metal brutal, qui ne se veut pas uniquement Thrash, mais aussi Heavy, Groovy, et parfois légèrement Death lorsque l’humeur est plus chafouin. Entre facilités rythmiques et inventivité de guitare, ces dix morceaux sont suffisamment variés et différents pour assurer une écoute facile, digeste, avec quelques points forts distanciés par deux pôles opposés.
« Terror » incarne donc le versant le plus évident, avec son mid tempo Mosh en diable et ses riffs classiques, tout comme « In God We Trash » joue les références geek pour séduire un public fidèle et dévoué depuis des années. Et si « Disorder » tient plus de la fratrie Cavalera que de JOY DIVISION, « No One Higher » nuance le propos en ralentissant drastiquement le tempo, pour s’immerger dans des mélodies de biais et une atmosphère plus confinée.
Il y a donc de tout pour tout le monde, mais cet album s’adresse surtout à ceux fatigués par les facilités d’usage et la repompe californienne et allemande. En ancrant leur inspiration dans leur époque et pas uniquement dans le passé, les espagnols de GRAVE NOISE proposent un deuxième album intelligent, aux ambitions modestes mais bien réelles. Suffisamment agressif pour plaire aux hordes féroces, mais assez construit et lucide pour séduire les réticents de la nostalgie facile, Roots of Damnation est un bel exercice de style, mis en forme par des musiciens doués, à la technique affûtée.
Un excellent disque, qui donne envie de croire que la scène Thrash contemporaine peut encore proposer des choses plus personnelles sans renier ses racines.
Titres de l’album:
01. Rotten System
02. Fuckcism
03. Broken Land
04. The Ghost Plague
05. Terror
06. In God We Trash
07. Disorder
08. Mass Hysteria
09. No One Higher
10. Perpetual Anxiety
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