Seriez-vous prêt à vous soumettre à un test de personnalité ? Non que je vous soupçonne chers lecteurs d’avoir des troubles comportementaux, mais parfois, le jeu peut-être amusant et révéler des parts sombres de votre âme et de votre inconscient…
D’ordinaire, les psychiatres font défiler devant vous des feuilles de papier ornées de taches sombres de formes diverses, et vous demandent de les interpréter selon ce que vous croyez y voir. On appelle ça le test de Rorschach, et très souvent, ce dit test permet aux réalisateurs de films d’aménager des scènes cocasses durant lesquelles le héros ou le gros vilain se lâchent en racontant n’importe quoi, genre, « On dirait Mike en train de manger un sandwich aux ongles de pied »
C’est pourtant ce test qui sert de base depuis 1921 pour aboutir à des diagnostics de troubles de la personnalité et de traiter des pathologies mentales, alors même que le concept n’était à la base qu’un simple jeu d’enfants…
Mais j’ai un autre test de Rorschach à vous proposer. Finie les souillures encrées en forme de papillon, de mouche, de nuages ou de gros seins, et bonjour l’expérience musicale qui finalement, renvoie le même reflet. Son nom ? Rorschach, cinquième LP des Norvégiens de VESEN.
VESEN propose donc en ce mois de décembre 2016 sa propre analyse via un album concept qui au départ devait s’étirer sur quatre albums successifs. Le groupe estimant qu’un seul suffirait, on retrouve donc ce thème étalé sur les dix compos de ce nouvel album, qui intervient quatre ans après This Time It’s Personnal, et qui finalement, lui ressemble beaucoup.
Tout comme This Time était une extension logique de Goal Carcass Rising, puisque l’évolution du trip/quatuor Norvégien est progressive et toujours tournée vers le passé.
Ce passé n’est pas thématique, mais musical. La musique de VESEN va toujours puiser son inspiration dans le Thrash à tendance sombre des années 80, et fouille dans les archives de VENOM, HELLHAMMER, CELTIC FROST, et même MOTORHEAD pourquoi pas, pour y trouver son essence nostalgique.
Alors, les dix vignettes qu’ils étalent à vos oreilles sont toujours aussi empruntes de ces influences manifestes, et il n’est pas rare qu’en les écoutant, vous regardiez votre psy musical en affirmant avoir déjà entendu ça quelque part. Mais…
Mais ça fonctionne toujours aussi bien, d’autant plus que Ronny Ostli (guitare/chant), Thomas Ljosåk (guitare/chant), Dag Olav Husås (batterie) et Stein Sund (basse, depuis 2016) ont clairement travaillé leur œuvre pour la rendre encore plus efficace que par le passé. Produit par Dag Olav Husås, et mixé par le même batteur en compagnie du nouveau bassiste aux Black Dimension studios, et décoré d’un artwork signé Monica Frivoll Sund, Rorschach est un album coup de poing, qui comme d’habitude se complait dans la pratique d’un Thrash vraiment primaire, dont la violence est encore plus accentuée par de grosses touches de Black placées à des endroits stratégiques.
De là à affirmer qu’il s’agit là de leur effort le plus convaincant, il y a un pas…que je franchirai peut-être.
Le but avoué de ce cinquième LP est en quelque sorte de résumer dix-sept ans de carrière en quarante minutes, tout en proposant au fan un regard lointain vers l’avant. Les Norvégiens ont toujours été très pragmatiques, et ont toujours privilégié l’efficacité à l’originalité, ce qui est encore le cas aujourd’hui, sauf que cette fameuse efficacité se trouve encore plus probante que d’habitude.
On retrouve évidemment ces guitares tranchantes et sombres, cette rythmique puissante et ce chant rauque et délicieusement voilé, mais les structures des morceaux ont plus ou moins évolué pour atteindre un degré de « finesse » parfois assez marquant.
Pas de révolution non plus, mais quatre années de silence discographique mises à profit pour renouveler l’approche, et apporter un peu de fraîcheur à l’élan.
Rorschach en l’état, pourrait donc représenter la quintessence d’un style bâtard que de plus en plus de groupes pratiquent, mais certainement pas avec le même flair que VESEN.
Pour les néophytes n’ayant jamais consulté, la musique du quatuor se pose en jonction parfaite entre le Thrash primal et bestial des HELLHAMMER, et le Black balbutiant et minimaliste de BATHORY, soit un subtil mélange de violence primitive et d’agressivité débridée, le tout enrobé dans un son énorme que les deux références précitées n’ont jamais pu approcher de près ou de loin.
Et Rorschach franchit une étape de plus dans cet hommage équilibré, sans changer d’un iota la perception des choses du groupe.
Une fois encore, on retrouve cette alternance de pistes courtes et de morceaux plus « progressifs », qui mettent en exergue des guitares aux motifs simples, des rythmiques qui font tourner la machine, et un chant grave qui rappelle étrangement lui aussi un amalgame des tonalités de Tom Warrior et de Quorthon.
Le tout est exécuté avec la franchise Punk qu’on leur connaît, mais il faut admettre que plus le temps passe, plus VESEN maîtrise son sujet au point de ne plus admettre aucune concurrence.
Ainsi, un titre comme « Vulgar, Old and Sick Blasphemy » et sa lourde avancée souvent brisée d’accélérations foudroyantes aurait très bien pu figurer sur le séminal Apocalyptic Raids, tandis que « Blood, Bones and Pride » se serait fort bien accommodé de la période de transition de BATHORY, coincé entre Under The Sign Of The Black Mark et Blood Fire Death.
Le groupe ose même l’attaque éclair à base de beat Thrashcore et de riffs tournoyants (« All In Vain », soixante-sept secondes), avant de se lancer dans une acmé épique de plus de sept minutes (« Away The Tormentor »), qui ménage une belle intro inquiétante avant de tomber dans une emphase Heavy lourde et hypnotique.
Rorschach propose aussi des choses plus directes, comme l’intro « Damnation Path », qui lie le passé au présent et distille même une mélodie bien patente, tandis que « Screaming Sane » cavale comme du MOTORHEAD sous influence Thrash, tout comme « Crown Of Scars » qui sonne comme un vilain crossover entre « Massacra » et « War ».
En gros, il est évident que les Norvégiens après tant de temps passé sur les routes sont parvenus à trouver leur vitesse de croisière et à proposer l’album le plus créatif et équilibré de leur carrière. Certes, leur philosophie n’a pas changé d’un pouce, mais leur approche d’un Thrash primitif dopé aux stéroïdes Black est d’une efficacité redoutable.
Ce disque s’adresse à tous les nostalgiques d’une musique brute et sauvage, et il est évident que si la marge de progression est faible, la qualité est toujours au rendez-vous.
Mais écoutez cet album, et réfléchissez à ce que vous y voyez. L’interprétation est libre, mais révélatrice d’une partie de votre personnalité.
Titres de l'album:
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