ACID WITCH est un groupe qu’on prend toujours plaisir à retrouver, spécialement après une longue période de silence. Depuis Witchtanic Hellucinations, le quatuor de Detroit ne nous a jamais déçus avec son mélange de Heavy Metal, de Psychedelic Doom et de Death larvé, jetant ses riffs sur le pavé pour voir les badauds hébétés. Et même s’il nous a fallu moins de temps pour apprécier ce Rot Among Us qu’Evil Sound Screamers, cinq années sont tout de même un espace difficile à combler, alors autant jouer la qualité. Mais comment se méfier d’un groupe capable de nous pondre des hymnes horrifiques comme un curé des sermons du dimanche ?
Toujours hébergés par Hells Headbangers Records, ACID WITCH se propose donc de pourrir avec lui, avec un clin d’œil aux MISFITS de Walk Among Us, et une fois encore, l’opération séduction fonctionne à plein régime. Sonnant toujours comme un pauvre CARCASS perdu dans les limbes de la NOLA, ACID WITCH prône toujours des valeurs de vice rassurantes, et remplit sa musette d’hymnes occultes, de délires d’halloween, pour un trick or treat de l’enfer, bien au chaud entre deux parties de guitare monolithiques.
Dix nouveaux titres, pour un résultat similaire. Enrobé dans une production parfaite entre le Heavy Doom de la fin des seventies et le Thrash des années 87/88, Rot Among Us traîne sa misère avec un sourire narquois, et continue le travail de sape entrepris sur les trois albums précédents. On jouit donc d’une écoute tout confort, avec arrangements passéistes, volonté rétrograde revendiquée et passion pour BLACK SABBATH sur la tasse de thé, et ces quarante minutes passent très vite, comme dans un cauchemar éveillé qu’on ne veut pas voir s’évanouir.
Les sorcières ont donc battu le rappel des leurs, et le sabbat peut commencer. Et en tombant au gré du hasard sur le pavé « 5508 Martin St », on visualise assez bien les membres du groupe encapuchonnés, lâchés dans la rue et prêts à commettre leurs atrocités. Cette lenteur délicieuse, cette voix échappée d’une crypte suédoise entrent en faux avec la légende brute de Detroit en proposant un monde fantasmagorique à cent lieues des préoccupations réalistes de l’ancienne cité de l’automobile.
Toujours prompt à dégainer une référence, toujours aussi à l’aise dans la fiction goguenarde, ACID WITCH nous brosse quelques petites vignettes de terreur, avec un chanteur qui habite vraiment son personnage et un guitariste qui sait exactement quel motif jouer (« Evil Dad (Dad By Dawn) », DEATH et DEICIDE en version plus rigolote). Rois des bidouillages sonores à la Hammer, les américains sortent parfois le grand jeu, et convoquent le sinistre docteur Phibes pour un solo d’orgue et d’humeurs assassines (« Tommyrotters », et un petit coucou à Stephen King en passant), tout en pleurant la disparition d’une jeune fille sur fond de Doom occulte et convaincant (« Chelsea Didn't Come Home Last Night »).
A vrai dire, il n’y a pas grand-chose à dire justement sur cette quatrième réalisation longue-durée. Le style est le même, l’approche convaincante, et le résultat impeccable. Depuis son émergence, ACID WITCH a toujours tenu ses fans en haleine, proposant de véritables courts métrages musicaux, et Rot Among Us est un nouveau film à sketches pour les oreilles, gentiment sombre, sympathiquement glauque, et raisonnablement Doom. Ce Heavy passionné qui sait aussi se montrer terriblement accrocheur lorsqu’il le faut (« Rot Among Us » méga tube qu’on ne retrouvera jamais sur les compiles de l’été), et même parois énervé et violent est donc une sacrée échappatoire à la réalité actuelle, étouffante et anxiogène.
Collection de riffs à faire se pâmer Tony Iommi lui-même, linéarité de surface pour une réelle exploration des bas-fonds, redondance, insistance, pour un chemin menant vers un épilogue irrésistible, sorte d’opéra dément pour psychopathes de bande-dessinée (« Gundella the Green Witch »).
Du tout bon donc, un nouveau voyage dans un univers de fête foraine déviante, et un album qui se savoure de la première à la dernière note, et qui sait distiller ce qu’il faut de claviers pour sonner authentique, nous sauvant ainsi d’un marasme old-school de plus en plus difficile à supporter.
Titres de l’album :
01. Gather Each Witch
02. Rot Among Us
03. The Sleeper
04. Psychedeathic Swampnosis
05. Devil's Night Doom
06. 5508 Martin St
07. Evil Dad (Dad By Dawn)
08. Tommyrotters
09. Chelsea Didn't Come Home Last Night
10. Gundella the Green Witch
Il faut que j'écoute cet album, groupe hautement sous-estimé selon moi.
Pas par moi en tous cas !
A l'instar du dernier DISMA, c'est typiquement le genre de groupe dont je vais acheter le dernier album sans même l'avoir écouté.
Valeur sûre putain !
Cool, je les avais un peu perdu de vue après Stoned, la faute peut-être à une certaine forme de dispersion discographique (combuien d'EPs / splits?). Mais là, je me retrouve totalement dans cette usine à riffs et cette "linéarité de surface pour une réelle exploration des bas-fonds". Comme souvent Humungus a tout résumé: une valeur sûre.
Je découvre. Musicalement la qualité est clairement au rendez-vous, reste le côté "théâtral grand guignol" qui pourrait me lasser sur la longue. Mais découverte intéressante, d'un groupe qui sort du lot.
Réévaluation obligatoire maintenant que j'écoute cet album en boucle depuis mon commentaire précédent. Excellent album de doom/death/stoner, et même le chant de "sorcière" passe tout seul.
Merci pour la découverte !!
C'est le genre de groupes pour lequel il faut s'immerger totalement dans leur univers, un peu comme ABYSMAL GRIEF, tu peux pas te dire, tiens je vais écouter ça entre la poire et le fromage, et c'est en ce sens que c'est un groupe unique ! Après soit tu adhères, soit tu détestes, c'est certain.
Ça sent l'achat également pour ma part.
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21/11/2024, 08:46
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19/11/2024, 21:57
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15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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11/11/2024, 16:15