Si la poésie toute en nuance des premiers groupes de Thrash germains (SODOM), et la prose des grandes plumes sud-américaines de la même décennie (SARCOFAGO, SEPULTURA, ATTOMICA) vous transporte au point de vous donner envie de déclarer votre flamme à grand renfort d’alexandrins, alors ce troisième albums des esthètes de CEMETERY LUST est fait pour flatter votre sensibilité. D’une, parce qu’un truc qui s’appelle Rotting In Piss, c’est classe et ça impressionne ces dames. De deux, parce que leur parcours est jonché de glaviots tous plus glaireux les uns que les autres, trois parce qu’ils ont le look sobre des garçons coiffeurs qui ne jurent jamais à table, et quatre, parce que leur musique est d’une finesse et d’une précision à renvoyer les KING CRIMSON à leurs chères études. Mais en dehors de cette ironie somme toute assez bon enfant, il est toujours rassurant de constater que certains groupes n’ont cure des précautions d’expression et de solfège, et continuent de jouer le Metal comme des hommes de Cro-Magnon découvrant le sadisme. Bardés de clous, de cartouchières, et affublés de pseudos à rendre les INTENSE MUILATION verts de jalousie par derrière (Andrew Angeldust - Vomit Vocals & Corpse Molester, Raypist - Buzzsaw Bass & Iron Liver, Crystal Seth - 6 String Blasphemer & Grave Desecrator et Disgustor - Sadistic Hammering & Bodily Dismemberment, je laisse la V.O parce qu’elle est quand même plus goûtue), ces quatre pourfendeurs du politiquement correct continuent donc leur épopée sanglante entamée en 2009, et déjà sanctionnée de quatre démos, et de deux longue-durée, le très léger Screams of the Violated en 2012, et le plutôt primesautier Orgies of Abomination en 2014, auquel ce charmant et ludique Rotting In Piss vient donc s’ajouter de ses quatrains chantant et de ses élans bienséants.
Pas de doute, le changement, ça n’est pas pour maintenant, et les originaires de Portland - la ville de la finesse et de la nuance artistique - n’ont pas décidé de modifier d’un iota leur approche barbare ni de troquer leur barbecue contre un brunch le polo sur les épaules. Pas le genre de mecs qu’on croisera dans un marché bio, ni marchant sur une grève l’air profondément pénétré par la beauté de la nature, mais plutôt les loustics dont on évitera le regard libidineux dans une quincaillerie, histoire de renouveler leur stock de clous rouillés. Du Thrash, ils n’ont retenu que les aspects les plus Black, du Death, ils n’ont conservé que les restes les plus putrides, et c’est donc à une messe en faits copieux (oui, il y en a une…) qu’ils nous convient à l’occasion de la publication bruyante de ces neuf nouveaux morceaux vaillants, qui ressemblent à s’y méprendre à tout ce qu’ils ont composé précédemment. On y retrouve donc ce goût pour les tempi épileptiques, cette affection pour les riffs tronçonnés grossièrement, cet amour d’un chant qui régurgite ses côtes de porc sur la robe de maman, et cette inclinaison à torcher les arrangements avec le reste de papier-cul souillé. Nous replongeons donc dans les affres de l’extrême d’époque, celui que les brésiliens apprenaient à ne pas maîtriser sur leurs premiers albums, et dont les allemands furieux avaient défini les grandes lignes aux alentours de 83/84. Du brut de chez brutal, du bourrin de chez fatal, pour une orgie sonore qui ne tolère aucune limite, et qui cumule la fantaisie de texte à la brutalité de geste. Conçu comme une ode ininterrompue aux débuts des frangins Cavalera, ou comme une symphonie élaborée à la gloire du SODOM des premiers albums, tout en admettant que les italiens de BULLDOZER étaient finalement des philosophes qui s’ignoraient, ce Rotting In Piss accumule les poncifs pour nous les coller en travers de la gorge et nous faire respirer par un trou après une festive trachéotomie musicale.
Mais bien loin du gros n’importe quoi des combos qui confondent bestialité et abstraction bruitiste, les CEMETERY LUST sont très compétents dans leur domaine, et font preuve d’un indéniable panache dans le dégueulasse. Sans non plus chercher à polir leur Metal de mort, ils en arrondissent instrumentalement les angles pour que leur barouf reste compréhensible, sinon abordable par les plus modérés d’entre vous. Il est évident que cette partouze de guitares qui honnissent le Blues ne s’adresse qu’à la frange la plus instable des fans de Thrash, ceux que les précautions du Big4 et les allusions de la vague Néo suédoise rendent malade, à force de nettoyer les combles pour en dégager l’odeur de bouse. Ici, ça pue, mais c’est fait exprès, et des morceaux aussi radicaux que « Piss On Your Grave » prennent un malin plaisir à choquer, mais gentiment, sans se laver les dents, pour exhaler une haleine de fennec à la face de la perfection musicale. Production à l’avenant, rythmique de déments, chant en arrière-plan qui éructe ses horreurs en profitant de quelques effets de terreur, pour un démarcage des pires séries B ricaines gore et républicaines. Une pellicule pour les oreilles, en forme de crossover, invitant les zombies à se goinfrer de greluches en bikini, pendant qu’un maniaque aiguise sa machette pour étêter quelques athlètes se branlant dans un coin. Certes, le tout n’est pas franchement recommandable d’un point de vue éthique, mais c’est globalement jouissif, autant qu’une démo de SARCOFAGO peut l’être, et si l’on croit reconnaître de plan en plan la patte du SEPULTURA de Morbid Visions, pas d’inquiétude, c’est fait exprès, d’autant plus que les barges ont le mérite d’y apporter leur sens du dépeçage personnel.
Bestial Thrash par nécessité, Blackened Thrash par envie, bordélique par essence, et intenses de naissance, les CEMETERY LUST balancent la purée comme s’ils n’avaient pas joui depuis des mois, et accentuent les côtés les plus basiques du Thrash pour en rajouter niveau Black (« Fatal Infestation »), tout en assumant totalement leur passion déviante (« I Am Thrash », on n’en doutait pas), en profitant pour varier malicieusement les plaisirs, et jouer avec le rythme selon leur désir (« Hideous Nature », AUTOPSY fait pipi, la cuvette est-elle moisie ?). Un disque à manier avec des gants, qui contient quand même des pièces conséquentes (« Awaiting Execution », ambiance Hell Awaits pour un Black Thrash en transe), et qui s’écoute avec plaisir, en pissant contre un arbre sans pouvoir s’arrêter de rire.
Titres de l'album:
1.Midnight Invasion
2.Piss on Your Grave
3.Fatal Infestation
4.Funeral Home Massacre
5.Bowels of Blasphemy
6.I Am Trash
7.Hideous Nature
8.Witches Seduction
9.Awaiting Execution
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