On se la joue cool, ça vous va ? Parce que le Metal pur et tous ses dérivés, parfois, c’est juste…trop. On a envie d’autre chose, et nous écoutons tous des musiques qui n’ont rien à voir avec la saturation forcée et les grimaces vocales ne l’étant pas moins. Dans cette optique, j’ai la décontraction qu’il vous faut, la fraîcheur non d’un vent nouveau, mais d’une brise hors du temps, se faisant l’écho des nineties dans une décade s’agenouillant sans cesse face aux eighties, et le changement, même mineur, fait toujours du bien. Ainsi, les DREADFUL HIPPIES, un groupe qui aurait pu être adoubé par le gros Cartman, pourfendeur de patchouli et d’adeptes de chemises à fleurs, sauf que ce groupe-là n’a rien d’une incartade de South Park dans la vie quotidienne, bien que celle des musiciens doit être fruitée parfois si j’en juge par leur musique. DREADFUL HIPPIES, c’est un concept qui date maintenant de 2015, soutenu par Ellie Promotion et Season of Mist, et qui aujourd’hui propose son premier LP en toute humilité. Mais attention, l’humilité des musiciens de talent qui savent qu’ils ne révolutionnent pas la musique, mais qu’ils contribuent à sa bonne éducation. Quatuor rodé et assemblé d’instrumentistes connaissant leur boulot et les différentes scènes (Niko - chant, Eric - guitare,
Steph - basse et Vivien - batterie), le groupe peut se targuer de CV assez brillants, et de participants qui connaissent la musique pour avoir beaucoup joué la leur de leur côté. Chacun des membres du combo peut s’enorgueillir d’une expérience perso riche et diverse, et la combinaison des quatre donne lieu à un explosion de créativité hétéroclite, à cheval entre Rock alternatif US des nineties et Post grunge/Modern Rock actuel, ce qui offre à Rover une aura particulière, entre deux eaux, mais pas le cul entre deux chaises.
Co-produit par Niko Green (chant) et Izakar (ex-DAGOBA), Rover a été enregistré entre Paris et Marseille, puis mixé et masterisé dans la même ville au FullMetal studio. Il bénéficie donc d’un son très professionnel, light aux entournures, mais qui convient parfaitement à l’optique d’ouverture prônée per les morceaux. Evoquant dans leur bio des influences allant de CLUTCH aux FOO FIGHTERS, en passant par TOOL ou INCUBUS, les DREADFUL HIPPIES ratissent large et citent Heavy, Rock, ce qui leur permet de rester entre des balises de Heavy Rock qui leur conviennent très bien. Mais qui dit ratisser large ne veut pas dire racoler, et les parisiens gardent leur intégrité, en s’accrochant à une osmose générale qui fait plaisir à entendre. Difficile de situer leur musique autrement qu’en employant les images déjà évoquées, et il ne faut pas attendre longtemps pour savoir ce que les mecs ont dans le ventre. La passion bien sûr, la rage, mais aussi la soif de métissage qui leur permet de coller des soli purement Metal sur une bande instrumentale souple, sans paraître hors contexte. Et après une courte intro, les choses sérieuses commencent, mais pas les choses définitives. Si « Minus » rentre dans le lard d’un Rock sans artifices ni subterfuges, la solution la plus simple n’est pas forcément à portée. Car dès « Something Nu », le ciel s’assombrit, les options se diversifient, et le quatuor joue sur les ambiances. Rythmique souple, chœurs en phase, guitare versatile, distorsion discrète mais bien présente, les mecs se rapprochent des RED HOT, mais aussi des DEFTONES, en version moins torturée, et surtout, de la scène Fusion des nineties, celle des 24-7 SPYZ.
Avec une emphase mise sur les racines, on pense aussi aux premiers efforts de nos 7 WEEKS chéris, qui au début de leur carrière ne pensaient qu’au Rock délicatement teinté de Stoner, bien que Rover échappe complètement à cette catégorie. Mais on sent un groupe bien en place, aux idées sinon culottées, du moins très valides, et ce break permettant à la basse ronde de Steph de s’imposer au premier plan est décidément très judicieux, spécialement posé sur ces lignes vocales qui évoquent le Mike Muir de The Art of Rebellion. Du beau monde donc au petit jeu des comparaisons, et une musique qui fonctionne sur plusieurs niveaux, titillant d’abord les nerfs pour mieux jouer avec eux à cache-cache juste après. Privilégiant en grande majorité l’efficacité sur les dérives, DREADFUL HIPPIES n’en refuse pas pour autant de laisser le chrono tourner lorsque les idées le justifient. Ainsi, « The Other 99 » s’appuie une fois encore sur une structure à la SUICIDAL TENDENCIES (la voix de Niko, lorsqu’elle est douce se situe pile entre Muir et Chino Moreno des DEFTONES), pour mieux réconcilier les 7 WEEKS et INCUBUS, et ainsi offrir le meilleur des deux mondes et décades. D’un niveau technique assez bluffant, les instrumentistes s’autorisent donc quelques pirouettes créatives, sans jamais sombrer dans la démonstration gratuite, et reconnaissons leur un flair imparable pour les cassures en demi-teinte qui donnent un coup de fouet aux morceaux. Les parties de batterie de Vivien sont à ce titre exemplaire, le percussionniste servant la musique avant de satisfaire son ego à grands coups de notes fantômes et d’appuis solides et abrupts, autorisant de fait Eric à multiplier les strates, jouant avec quelques notes en son clair soutenues par un bon gros riff en arrière-plan. On regrette juste que la production ne soit pas plus étoffée dans ces moments-là, mais l’équilibre offert est sans conteste plus judicieux.
Alors, ça déroule, tranquille, mais lucide. Tâche ardue que de repérer un titre plutôt qu’un autre, même si certains se détachent de leur énergie, comme le sautillant hymne « Dreadful Hippies », qui cavale d’un bon up tempo avant de freiner l’avancée sans la faire caler, ou le bonus track « Not Enough for You », qui sniffe bon les INFECTIOUS GROOVES calmes. Je vous laisse donc faire votre marché tranquille, mais je garde la fabuleuse intro de « Untitled » pour moi, avec sa basse chaloupée et son groove déhanché. DREADFUL HIPPIES signe donc avec son premier LP un manifeste d’ouverture, tâtant parfois du Reggae, discrètement, pour mieux imposer le Rock au centre des débats. Mais du Rock intelligent, qui se chante, qui se danse, qui reste dans la tête et qui rend les gestes plus prestes. Belle démonstration, et gageons que les parisiens doivent prendre leur véritable ampleur live. Avec un répertoire pareil, leurs concerts doivent méchamment filer la pêche !
Titres de l’album :
01. Who ?
02. Minus
03. Something Nu
04. Untitled
05. #1 Standoff
06. Enter the Blue
07. Blue Velvet
08. The Other 99
09. U’re m1ne (Rover)
10. Dreadful Hippies
11. Not Enough for You
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30