Etrange parcours que celui des canadiens de BOGUE BRIGADE, qui selon leur page Facebook ont entamé leur carrière en 1996, mais qui ne nous proposent leur premier longue-durée qu’en 2018. Bah alors les gars, vous êtes tombé dans un vortex d’espace-temps ? Sans connaître votre parcours, j’aimerais bien savoir ce qui a pu justifier une telle absence de manifestation discographique, spécialement depuis que j’ai tendu les deux oreilles sur votre premier effort…Avec un tel Crossover de qualité, il m’étonne de ne pas avoir eu d’écho de vos activités avant, ce qui est fort dommage…Car selon la bible Encyclopedia Metallum, pas une seule démo, EP, split à se mettre sous la dent avant ce Ruinous Behavior, dont le comportement ravageur risque en effet de ruiner bien des scènes d’Edmonton. C’est de là-bas que nos quatre héros du jour proviennent, façon faux-frères RAMONES version Jak (Kris Jak - chant/guitare/basse, Matt Jak - chant/guitare, Carmen Jak- batterie/guitare et Jeremy Jak - guitare lead), et autant admettre qu’en dépit de quelques défauts inhérents à une entrée en matière armée de patience, ce LP est d’une forte teneur en énergie et en crédibilité Thrash teintée de Hardcore, dans la plus pure veine d’un Crossover pas vraiment contemporain, et légèrement Punk du côté où il va tomber. Citant SLAYER, les DAYGLO ABORTIONS, SUICIDAL TENDENCIES évidemment ou les SATANIC SURFERS, les BOGUE BRIGADE semblent émerger d’un sommeil prolongé du côté de Venice, sommeil soudainement troublé par l’envie de faire un peu de bruit, en s’inspirant tout autant du gang de Mike Muir que des MADBALL. Crossover sans l’être, mais tout en l’étant, Ruinous Behavior prône une bonne humeur de profondeur, une véhémence de frondeur, et une cadence toute vapeur, et nous entraîne dans une folle sarabande d’une petite trentaine de minutes, histoire de retrouver notre joie de vivre et nous donner envie de remonter sur notre vieux skate pourri.
Ce qui ne l’est pas par contre, c’est le son de ce premier album pourtant autoproduit. Si parfois les fréquences ont tendance à se confondre, spécialement dans les passages les plus furieux, la production est suffisamment bombée pour mettre en relief des riffs francs et une rythmique massive. Dotés d’idées somme toute assez classiques, les canadiens ne cherchent pas Scott Ian à skate hors-d’œuvre, mais bien à minuit, sous les lights d’un club un peu moite, genre CBGB’s de l’horreur, version Thrash, et maculé de sueur. Loin d’être une référence pour les BOGUE BRIGADE, les ANTHRAX seraient plutôt des confrères de début de carrière, genre chaperonnage indirect pour partage de passion concrète, et c’est autant du côté de la scène Hardcore que sur celle de sa sœur ennemie Thrash qu’il faut chercher les ingrédients du succès, ce que confirme l’entame « Enter the Wolf », en moins de trois minutes. Intro à la SLAYER pur jus, pour déroulé de double grosse caisse non retenue, et c’est parti la cadence, avant que la furie ne rentre en transe. L’amateur éclairé saura apprécier le gosier râpeux et furieux, tout comme la complémentarité de guitares qui n’oublient pas les mélodies au hasard, mais les incrustent dans un contexte purement Core, genre AGNOSTIC FRONT parti avant la fin pour cause de grande faim. Dès lors, le schéma est planté, et les tigres sont lâchés. Les structures ne seront que peu modifiées, l’intensité pas altérée, même si des efforts notables ont été accomplis pour proposer parfois des choses un peu plus variées.
Variées comme « Dishonorable Judge », qui de son titre semble indiquer qu’il faut savoir se faire justice soi-même, et laisser le Heavy s’inviter au banquet, histoire d’alourdir l’ensemble d’une pesanteur harmonique bienvenue. On pense parfois aux magiques EXPIRE, pour cette façon de jouer comme si sa vie en dépendait, mais ne vous y trompez pas, les BOGUE BRIGADE restent eux-mêmes, et c’est très bien. En transposant le vocable de la paire King/Hanneman dans un contexte plus léger et Punk, le quatuor canadien ose l’osmose, et bouscule les choses, pour se situer en pleine convergence Thrash/Hardcore, sans forcément se révéler aussi Crossover qu’ils n’en ont l’air. Ce qui aiguille sur cette piste est justement l’adjonction de rythmiques et de riffs Metal à des lignes vocales purement Hardcore, mais mieux vaut y voir une forme moderne du genre, qui n’a plus peur de montrer ses affinités Metal sans passer pour un traître à la cause. Musiciens pertinents et efficaces, les originaires d’Edmonton peuvent se permettre quelques soli bien torchés, mais aussi des breaks millimétrés, et une puissance de feu à tout dévaster (« The Tyrant », sorte de rouleau-compresseur ultime qui écrabouille tout sur son passage en mixant des chœurs de pitbull et un chant qui roule, sur tapis de riffs en boule), tout en conservant cette hargne qui les caractérise, et les rapproche parfois d’une version survitaminée des SICK OF IT ALL (« Ray »). Et entre des bourrasques épaisses comme une basse new-yorkaise (« Ghandi »), des déclarations de rue aussi virulentes et rapides qu’un skateur intrépide (« Destiny Calls » et son mélange entre THE OFFSPRING de début de carrière et la fratrie Miret), et des aveux purement Metal aux guitares saignantes et tranchantes (« Great Sk8 Escape »), Ruinous Behavior finit par s’imposer sur sa courte durée. Certains jugeront le tout un peu linéaire, manquant un peu d’air, mais les adeptes d’une ouverture d’esprit tangible sauront apprécier le cocktail revitalisant des canadiens, qui sans rester le cul entre deux roulettes, déclament Hardcore tout en gardant posture Metal, associant la nature brute du premier et le professionnalisme épais du second. Souhaitons-leur bonne chance pour leurs débuts discographiques, et espérons ne pas avoir à attendre encore vingt ans pour recroiser leur chemin.
Titres de l'album :
1.Enter the Wolf
2.Ghandi
3.Destiny Calls
4.Abandon Formality
5.Great Sk8 Escape
6.Dishonorable Judge
7.Unwashed Masses
8.The Tyrant
9.Ray
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