Le Crossover, c’est un peu tout ou rien. Tout quand il est bon, rien quand il est déjà marron. Il faut dire que l’histoire a posé des jalons, et que lorsqu’on connaît sa bible Thrash n’mosh’core, on sait que les grands anciens ont déjà tout dit rapidement et bruyamment. Les EXCEL, D.R.I, S.O.D, WEHRMACHT, D.B.C, M.O.D, j’en passe et des plus méconnus ont déjà planté leur drapeau sur les cimes de la violence sympathique, alors se réclamer d’une énième cordée demande pas mal d’inconscience ou de confiance aveugle en son potentiel d’ascension. Récemment, les MUNICIPAL WASTE et autres ENFORCED, POWER TRIP et consorts ont prouvé que le genre avait encore des choses intéressantes à dire, mais l’arrivée sur le fil d’un combo canadien va encore foutre le bordel dans la logique bien rangée sur les étagères du temps. De Winnipeg, Manitoba nous provient une horde qui n’en est pas à son coup d’essai, mais bien à son second longue durée, parrainé par les barges d’Horror Pain Gore Death Productions. Six ans après leur premier long, ces hirsutes en pleine crise de folie nous offrent donc une suite tout à fait logique, mais surtout méchamment démente. Et si Into the Sinner Circle avait tiré la sonnette d’alarme à l’intérieur des wagons du Thrash le plus Crossover, Ruled By The Cruel fait lui carrément dérailler le train.
Dans le genre « on joue à fond la caisse, on balance un maximum de riffs et on braille par-dessus », SOLANUM est un modèle du genre, mais un modèle intelligent, diablement pertinent, et constamment persuasif. En neuf morceaux et trente minutes, soit le timing idéal pour ce genre de réalisation, le trio canadien (Anders Land - batterie, Leeroy Shodine - guitare et Cam McFee - chant) se pose là et fait tout exploser aux alentours, frisant le chaos sans jamais tremper les deux pieds dedans. Et si le riff d’intro de « Cold Career » ne vous fait pas penser à du M.O.D pleine bourre, alors votre sens du discernement a bien besoin d’un ajustement. La voix très Billy Milano de Cam McFee confère à ce second album une sorte d’aura sacrée, nous renvoyant au meilleur du Crossover de la fin des années 80. Et en quatre minutes, les trois compères prouvent qu’ils sont capables d’écraser la concurrence non seulement en termes de puissance, mais aussi d’agencement. Avec une double grosse caisse permanente, une guitare qui joue les mouches du coche entre les riffs typiques, et une batterie qui s‘emballe Thrashcore à la première occasion, le bilan est lourd, et les mouches tombent comme des thrasheurs.
« In Contempt », conscient des enjeux, appuie encore plus sur la pédale, et livre une boucherie Thrash comme on n’en entend plus depuis les meilleurs M.O.D. Plus fluides et moins graves que les POWER TRIP, plus sérieux et stables que les MUNICIPAL WASTE, les joyeux drilles de SOLANUM, cognent, grognent, mais fluidifient le Crossover pour le rendre plus technique que la moyenne. Pas avares de plans qui se succèdent à grande vitesse, les canadiens enfilent et défilent avec des soli primitifs, mais des plans rythmiques hallucinants de précision dans la démence. Clairement penché du côté Hardcore où le Thrash va glisser, Ruled By The Cruel est d’une conséquence rare, d’autant qu’il bénéficie d’une production casher et de lignes de basse grondantes et roulantes à la Bello/Lilker. Sur leur terrain lorsque les BPM s’affolent, les musiciens savent aussi manier le mid pour mettre en relief leurs accélérations fulgurantes, et la démonstration de Land à la batterie nous ramène au meilleur de Charlie Benante après une cure de Juvamine comme en témoigne le complètement taré « Friendly Civil Servant ».
En trente minutes, le groupe n’a pas perdu de temps à se concentrer sur des idées trop faciles, et n’a conservé que ses plans les plus percutants. De fait, l’album passe très vite, et pas seulement parce que la caisse claire morfle des multiples fills infligés par un Anders Land en totale roue libre. Sa prestation possédée sur le cramé « Standard Malpractice » parle d’elle-même, et réconcilie les acrobaties du Jazz et les descentes du Thrash, pour un ballet étourdissant d’ultraviolence.
Alternance de morceaux furieux et brefs et de stances plus stables et conséquentes, ce second LP se montre incroyable de maturité dans l’adolescence attardée, et parlera le langage des quinquas ayant connu les prémices de Venice et de New-York en temps et en heure. Entre up tempo diabolique à donner le tournis à EXODUS (« Under the Boot »), une tuerie à la NOMEANSNO après un traitement de cheval cocaïné (« Manipulated »), une cavalcade qui mérite clairement la camisole (« Reckless Obsession », de telle syncopes à une telle vitesse, c’est juste inconcevable et de la pure provocation), Ruled By The Cruel est un festival de riffs et de figures de style, et clairement, l’un des meilleurs albums de Crossover depuis l’émergence du style et son adoubement via le légendaire Speak English or Die.
« Homemade Hell » achève de casser les dernières dents qui vous restent, et « They Live » les ramasse pour s’en faire un collier fantaisie. Je l’avoue, une telle calotte fait très mal à la tête mais énormément de bien au moral, et les SOLANUM peuvent se vanter d’avoir égalé les plus grandes réalisations du genre. Et je pèse mes mots, évidemment, même si l’enthousiasme me rend souvent charmant.
Titres de l’album:
01. Cold Career
02. In Contempt
03. Friendly Civil Servant
04. Standard Malpractice
05. Under the Boot
06. Manipulated
07. Reckless Obsession
08. Homemade Hell
09. They Live
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