Frontiers, c’est un peu le samedi soir chez les Carpentier de mon enfance. Un parterre de stars à tomber à terre, une surprise constante, et le délice de voir des artistes se partager la scène avec un plaisir non feint. Des costumes chamarrés, des duos travaillés, et cette joie de voir des noms célèbres oublier le solo pour se concentrer sur le collectif. Pourquoi cette comparaison ? Je pourrais citer bien des projets de l’écurie italienne pour souligner ce propos, mais je ne me servirai que de la dernière sortie en date proposée par ce cher Serafino pour valider mon parallèle. Car avec le second album du projet JOEL HOEKSTRA'S 13, Frontiers a mis les petits plats dans les grands, et nous dévoile un casting de rêve, mené de guitare d’acier par l’ancien NIGHTRANGER (et aussi membre du musical Rock of Ages) et actuel WHITESNAKE Joel Hoekstra. Déjà actif en solitaire, au sein de WHITESNAKE, de TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA, en tant que sidekick de Cher, Joel, l’infatigable, revient donc par la grande porte avec Running Games, et méchamment bien entouré pour l’occasion.
Au casting de ce second long du projet, du beau monde, et même un générique A-list hollywoodien. Jugez du peu, le guitariste est entouré dans cette entreprise par la crème de la crème, à tel point que JOEL HOEKSTRA'S 13 pourrait incarner un supergroupe de rêve, la spécialité de ce cher Serafino. Outre Joel, nous retrouvons Russell Allen (SYMPHONY X, ADRENALINE MOB) au chant, Vinny Appice (ex-BLACK SABBATH, DIO) à la batterie, Tony Franklin (ex-THE FIRM, BLUE MURDER) à la basse, Derek Sherinian (SONS OF APOLLO, ex-DREAM THEATER, BLACK COUNTRY COMMUNION) aux claviers et Jeff Scott Soto (W.E.T., SONS OF APOLLO, TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA) aux chœurs. Tout ça laisse songeur n’est-ce pas ? Sur le papier oui, encore faut-il que cette réunion de premier choix aboutisse à un équilibre artistique viable. Le premier album de Joel sous cette appellation était une réussite, ne le nions pas, mais ne nions pas non plus que cette suite le surpasse de très loin, proposant un melting-pot incroyable de Hard Rock de premier choix, et d’AOR de très grande classe.
« Finish Line » donne le la avec son riff à la « Bad Boys » de WHITESNAKE, méchamment syncopé, qui permet à Russell Allen de singer les tics les plus symptomatiques de David Coverdale. Toutefois, n‘attendez pas des compositions élaborées par Joel qu’elles restent en terrain connu, l’homme se montrant allusif à toute sa culture Rock et Metal tout au long de ce deuxième effort. On trouve donc des références 70’s très prononcées (le SNAKE, PURPLE, et même un peu du ZEP), mais aussi de gros clins d’œil à la génération 80, avec de constantes œillades au Metal le plus pur prôné par DIO. Sans dévier de la trajectoire dessinée par Dying To Live il y a six ans, Running Games réactualise le propos, et en propose une nouvelle version, plus amplifiée, plus enthousiasmée, et surtout, plus léchée, eu égard au pedigree des participants impliqués. Chacun à son poste est irréprochable, et c’est toujours un plaisir de retrouver la frappe ferme et définitive de la légende des peaux Appice. Les vieux briscards démontrent qu’ils ont autant d’énergie que la nouvelle génération, et que des décennies d’expérience n’ont pas entamé leur enthousiasme, et c’est ainsi que le répertoire fait la part belle à un Hard-Rock de grande classe, soigné aux entournures, mais ayant gardé ce côté sauvage que l’on aime tant. En tant que leader officiel du projet, Joel Hoekstra n’en fait pas trop, et ne nous inonde pas de soli comme Malmsteen avait pu le faire lorsqu’il avait collaboré avec Joe Lynn Turner. Ici, les interventions personnelles sont toujours justifiées, et on sent le goût du partage dans cet équilibre trouvé entre la guitare et les claviers de Derek Sherinian.
Alors, ça déroule, ça garde le punch et la fraîcheur, et un tube aussi immédiat que « I'm Gonna Lose It » donne le sourire, avec son déluge de guitare final qui nous enflamme le cœur. Se concentrant sur un répertoire musclé, le groupe uni ne tombe pas dans le piège du sentimentalisme, et si le formalisme pointe assez régulièrement le bout de son nez, le talent des musiciens permet d’éviter les redites gênantes et autre pilotage automatique un peu trop flagrant. Le mélange des fragrances est inimitable, et entre DIO, NIGHTRANGER, et WHITESNAKE, le sextet se régale de l’inspiration de son leader au travers de hits imparables de la trempe de « Hard To Say Goodbye ». La basse de Tony Franklin profite de tous les interstices pour apporter de la rondeur aux morceaux les plus mélodiques (« Hard To Say Goodbye » encore, archétype de Hard mélodique à la HAREM SCAREM), tandis que la batterie de Vinnie ne se gêne pas pour se la jouer boogie lorsque l’ambiance se détend et que les pieds se mettent à gigoter (« Heart Attack », le côté le plus ZEP de WHITESNAKE).
Et malgré son timing assez étiré, Running Games se montre varié, ouvert, et surtout, d’une solidité à toute épreuve. Le chant toujours aussi prenant de Russell Allen propulse des riffs et des rythmiques traditionnels, et donne de l’ampleur aux options les plus classiques. Ainsi, « Fantasy » n’aurait pas dépareillé sur un DEAD DAISIES, tandis que « Lonely Days » aurait fait le bonheur du WHITESNAKE le plus tardif.
Pas de ballade inutile, pas d’atermoiement ni de crise de complaisance d’ego boursouflé, juste une musique simple et efficace mais peaufinée dans les moindres détails. En arrière-plan, les chœurs précieux de Jeff Scott Soto épaississent les harmonies, tandis que la guitare de Joel et le clavier de Derek trouvent toujours un terrain d’entente. On apprécie aussi ces quelques démarcations qui nous éloignent d’un schéma trop bien dessiné (« Reach The Sky » et son côté WINGER nineties pas du tout désagréable), mais le formalisme même du projet se valide par l’expérience cumulée de ces instrumentistes incroyables qui jouent comme de jeunes recrues.
Dès lors, le chroniqueur abandonne vite toute recherche de défauts, prenant acte de la quasi perfection de l’ensemble, qui dans ses derniers instants fait preuve d’un dernier sursaut d’énergie pour nous ramener dans les années 80 (« Take What's Mine »). Seule concession à l’émotion, la ballade finale « Running Games », belle et pas du tout mièvre, qui démontre que le projet a su intégrer des éléments percussifs plus tribaux proches du TOTO de Lukather. Sans s’ancrer dans la tradition Frontiers des supergroupes montés pour l’occasion, JOEL HOEKSTRA'S 13 présente quand même une équipe impressionnante, au service d’une musique qui parlera à tous les fans d’un Hard Rock classieux, mais subtilement rebelle.
Titres de l’album:
01. Finish Line
02. I'm Gonna Lose It
03. Hard To Say Goodbye
04. How Do You
05. Heart Attack
06. Fantasy
07. Lonely Days
08. Reach The Sky
09. Cried Enough For You
10. Take What's Mine
11. Running Games
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