Parfois, on regarde un film qui dure à peine quatre-vingt-dix minutes, et on a le sentiment d’avoir perdu le double de temps. Idem avec certains albums qui insistent pendant des plombes sans jamais relâcher notre ennui. A l’inverse, des EP très courts, donnent l’impression d’être encore plus courts, alors qu’on les aurait bien aimés beaucoup plus longs. C’est ce qui m’est arrivé en écoutant Runoff of Acid, Oil and Water des américains de CEL DAMAGE, qui proposent cinq morceaux pour à peine dix minutes de musique alors que le triple eut été plus judicieux. Nous en venant d’Apple Valley, Californie, ce trio joue sans complexes un Hardcore très chaotique, dans la veine d’un CONVERGE séduit par les premières et bruyantes exactions de BIG BLACK. Du fort en gueule, mais qui a les arguments de sa morgue, et un potentiel énorme, qui bien exploité, pourrait devenir l’une des valeurs sûres de demain. Pas grande info à se mettre sous les yeux en dehors de leurs pages Facebook et Bandcamp, mais une méchante impression de pas assez, ce qui est toujours bon signe dans le cas d’un EP. Arguant d’un leitmotiv basique et simple à comprendre (de la musique, faire des bêtises, les potes, le DIY et encore un peu de musique par-dessus), enterrant ses prétentions sous une bonne couche de second degré, les mecs de CEL DAMAGE ne dupent pourtant personne. Ils veulent peut être passer pour des dilettantes, mais ce sont des bosseurs, et des musiciens doués. En témoignent les cinq titres de ce format court, qui une fois assemblés, donnent une vision assez pessimiste de notre monde, vision accentuée par le petit laïus que les musiciens ont laissé sur leur Bandcamp. La situation pour l’art étant catastrophique dans le monde, ils vous demandent gentiment d’acheter leur musique ou au moins de partager leurs pages, ce qui est la moindre des choses. Et en agissant ainsi, vous vous ferez de nouveaux amis.
Cette musique est violente, très violente, comme le Hardcore le plus rude et le Post Hardcore le plus féroce. Les cris sont crus, les riffs dissonants, la rythmique heurtée, et le tout crée une puissance à décorner les UNSANE pourtant habitués aux vents les plus violents du métro new-yorkais. Et même avec une moyenne de deux minutes et quelque par intervention, les américains parviennent à se faire un trou dans le chaos ambiant, en développant les aspects les plus revêches de leur caractère musical. Tout commence d’ailleurs de façon très franche, avec des stridences, une batterie en roue libre qui multiplie les fills et les blasts, et un magma sonore qui étouffe comme des vapeurs de lave émanant d’un volcan. Ne le cachons pas, « Imitation of a Crow » n’imite pas du tout la corneille ou le corbeau, mais bien l’apocalypse que tout le monde attend depuis 2012, et lâche les watts sans se demander si la cacophonie ne va pas nous rendre sourds. En une minute et dix-neuf secondes, « Parallelogram » envoie la sauce, joue encore plus vilain que les NAILS et les PRIMITIVE MAN réunis pour un split, et on se demande même si les CEL DAMAGE ne veulent pas défier les FULL OF HELL sur leur propre terrain. Cassure en boite à musique sortant de nulle part, histoire de placer l’originalité sur le même plan que le bruit, avant que « The Sun, the Moon, the Stars and Mars » ne plombe encore plus l’ambiance en mode Post-Sludge vénéneux et super poisseux. A ce stade de l’opération, on pige que les mecs n’ont pas vraiment envie de jouer la séduction, ce qui devient plus qu’évident pendant l’interlude Ambient et Noisy « Should've Been a Cowboy, but I Didn't Like Riding Horses ».
Et en plus, comble de l’ironie, les zigues nous quittent en nous affirmant qu’ils sont contents qu’on ne soit pas morts. Sauf qu’après une charge pareille, on est étalé pour le compte, avec le thorax au niveau des oreilles. Je ne vous accorde qu’une seule circonstance atténuante pour la brièveté de cette chose messieurs. Que vous ayez souhaité tâter le terrain avant d’y aller carrément. Mais magnez-vous à sortir un album, je l’exige. Et vite, TRES vite.
Titres de l’album:
01. Imitation of a Crow
02. Parallelogram
03. The Sun, the Moon, the Stars and Mars
04. Should've Been a Cowboy, but I Didn't Like Riding Horses
05. I'm Happy You're Not Dead
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30