Etant français, j’en étais resté à l’Almanach Vermot, relié pleine peau de porc, édition 1916. N’étant pas forcément au courant de tout ce qui se fait sur la scène Metal, je n’avais pas conscience que des vilains allemands s’étaient emparé de notre fierté nationale pour s’en faire un sobriquet plus personnel et germain, et c’est ainsi que j’ai découvert sur le tard l’ALMANAC de Victor Smolski, ou plus exactement le VICTOR SMOLSKI’S ALMANAC. Si vous n’êtes pas plus porté que moi sur la biographie exhaustive des musiciens européens, ce nom ne vous dira sans doute pas grand-chose. Pourtant, Victor Smolski est un acteur majeur de la scène d’outre-Rhin, puisqu’il fut membre de RAGE de 2001 à 2012, soit de l’album Welcome to the Other Side à 21. Mais l’homme et le musicien sont plutôt du genre hyperactif, puisqu’on retrouve le nom de Smolski au casting de groupes comme MIND ODYSSEY, VOODOO GODS et évidemment VICTOR SMOLSKI himself, puisqu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même. Victor, via RAGE a donc beaucoup travaillé avec le LINGUA MORTIS ORCHESTRA, celui-là même qui aida RAGE dans les années 90 à s’extirper de sa routine Metal trop prononcée, et ALMANAC est donc plus ou moins la poursuite de ses travaux avec cet ensemble atypique, dont on retrouve une actrice ici. Et c’est donc avec Tsar que le concept s’est fait connaître en 2016, avant de confirmer d’un rageur Kingslayer un an plus tard. La formule était assez simple, combiner les obsessions du guitariste pour le Heavy, le Power, le Néo-classique et le classique tout court, et ainsi fusionner des genres complémentaires pour en créer un presque nouveau. Et si les amateurs de Hard à l’Allemande savent à quel point il peut être savoureux mais assez peu digeste, les esthètes de la démonstration estampillée Ruhr savent aussi que leurs musiciens préférés savent mettre de côté les ficelles à rôti les plus épaisses pour produire une musique plus fine qu’à l’ordinaire.
Jusqu’à présent, j’appréciais le concept sans vraiment me relever la nuit pour en analyser les tenants et aboutissants. Si les deux premiers LPs d’ALMANAC étaient d’une qualité indéniable et faisaient montre d’une malice incontestable, Rush of Death se devait d’entériner les bonnes prophéties pour mettre tout le monde d’accord. Après tout, nous parlons-là d’un troisième album, de celui qui confirme ou infirme les réputations, et il y a fort à parier que certains fans seront déçus de l’orientation empruntée, tandis que d’autres loueront l’ouverture d’esprit médiane de Victor. Car le guitariste/claviériste est capable, il le sait, et ses suiveurs aussi, mais il a l’intelligence de mettre sa technique au service de la créativité. C’est ainsi qu’il ne nous les brise pas avec des démonstrations boursouflées toutes les trente secondes, préférant mettre en avant la qualité des chanteurs qui l’entourent et des chansons qu’il compose. Avec un line-up légèrement remanié et l’arrivée de Frank Beck (GAMMA RAY, MASTERS OF DISGUISE) et Patrick Sühl (ex-Cp24, ex-GUN BARREL, ex-PANTALEON) au chant, venus soutenir la puissante et lyrique Jeannette Marchewka du LINGUA MORTIS ORCHESTRA, ALMANAC a donc fait peau légèrement neuve, puisqu’on ne retrouve plus du line-up officiel que Victor et Jeannette, et de l’album précédent Tim Rashid à la basse. C’est peut-être pour ceci ou toute autre raison que Rush of Death sonne plus mainstream et compromis que ses deux aînés, et qu’il risque de diviser la fanbase. Les chansons sont ici plus raisonnables, moins empruntes de ce classicisme baroque que Victor affectionne tant, et plus symptomatiques d’un Power Metal de très haute volée, selon les standards européens en vigueur depuis quelques années.
Ceci n’est pas une critique, mais une simple constatation. N’étant pas un fan du genre démonstratif et emphatique, j’ai pris beaucoup de plaisir à écouter cet album qui selon moi parvient à unir l’énergie allemande d’un RAGE, la fluidité technique d’un DREAM THEATER, et le sens de la mélodie suédois. Pas de surcharge en graisse à craindre non, ni de rideaux de velours aux reflets un peu cheap, mais une solide dose de Heavy Metal plus légère qu’elle n’y paraît à l’écoute, et surtout, des tubes, des hits, notre hôte prouvant qu’il n’a rien perdu de son flair légendaire pour nous faire lever le poing et chanter en chœur. Ce qui surprend au prime abord, c’est le côté homogène de l’album, et l’osmose entre les musiciens. Il faut dire que la configuration actuelle a tourné pendant plus d’un an ensemble, ce qui a de quoi renforcer pas mal de liens, et on le sent à l’écoute des compositions qui mettent en avant les qualités individuelles et collectives. Le niveau d’enthousiasme est parfois bluffant, tout comme les prouesses personnelles, et en terminant la course sur le trépidant « Like A Machine », Victor nous laisse sur une note euphorique, ce morceau représentant la quintessence du Power Metal à l’Allemande, celui que SCANNER défendait en son temps, mais avec des trouvailles instrumentales et une aisance naturelle typiquement contemporaines. On a d’ailleurs le sentiment que Victor lâche tout sur ce morceau, nous faisant montre de ses incroyables capacités de guitariste, alors que les chœurs en épilogue nous permettent une sortie toute en douceur. Mais avant de penser à sortir, il faut d’abord rentrer, et c’est via le rageur (évidemment) « Predator » que Rush of Death nous contamine de sa vélocité typiquement allemande et de ses riffs musclés. On sent que la production a été peaufinée (trop diront certains), et le groupe renouvelé n’attend pas très longtemps avant de nous convaincre de son potentiel. « Rush Of Death » lâche donc toute mesure et dépasse le timing, mais sans manquer d’idées, entre une intro menaçante qui met dans l’ambiance et cet up-tempo à la RAVEN qui trépide d’un lick classique, mais toujours efficace.
En altérant les modalités, Victor propose à ses fans de quoi se faire les tympans, passant avec aisance du Heavy mélodique au Heavy progressif et technique, sans tomber dans l’esbroufe et en s’appuyant toujours sur cette dualité vocale toujours aussi prenante. Et si les dix morceaux n’en sont que huit à cause de deux inserts judicieusement placés, ce troisième album n’en est pas moins complet, diversifié, entre Hard à la nordique (« Soiled Existence ») et démonstration de force à l’américaine (« Satisfied » et sa redondance presque Néo qui fait trembler les tuyaux). Pas grand-chose donc à reprocher à notre guitariste préféré, qui a accepté des concessions, et abandonné des prétentions symphoniques pour se concentrer sur la pertinence et les aspects les plus percutants de sa musique. Mais avec un nombre conséquent de riffs, deux chanteurs qui se complètent à merveille et une exubérance globale, Rush of Death est un album qui convainc, et vers lequel on revient.
Titres de l’album :
01. Predator
02. Rush Of Death
03. Let The Show Begin
04. Soiled Existence
05. Bought And Sold
06. The Human Essence
07. Satisfied
08. Blink Of An Eye
09. Can’t Hold Me Back
10. Like A Machine
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