S’il est une chose qu’on ne peut dire au sujet des CRASHDIET, c’est que leur vie n’a été qu’un long fleuve tranquille, et leur carrière, une route pavée d’or et de diamants sans nid de poule. D’ailleurs, un simple coup d’œil à leur bio suffit à piger que dès le départ, leur histoire était placée sous le signe d’une étoile bizarre, capricieuse, qui n’allait pas forcément leur offrir la protection et la bienveillance dont ils avaient besoin. En exagérant un peu, ses membres affirment même que leur biographie rendrait celle de MÖTLEY bien fade à côté, mais comment leur donner tort au vu des changements de line-up, des décès, des accidents de parcours dont ils ont été les victimes. Entre une formation en 2000 pour un split en 2002 et un remaniement complet des troupes, la mort d’un leader incontestable quelques années plus tard, la difficulté de lui trouver un remplaçant, des années de disette et une production erratique, CRASHDIET a tout d’une assemblée de losers magnifiques qui s’accrochent à leur destin comme un morpion à des poils frisés. Ceux sur la tête de ces musiciens suédois sont plutôt raides, en pétard, comme leur caractère d’ailleurs, qui les pousse depuis le début à mélanger la séduction du Glam avec la puissance du Punk et du Heavy Metal, les transformant en sorte de clone hybride entre PRETTY BOY FLOYD et ROGUE MALE, le genre de gus qu’on n’aimerait pas croiser au zinc d’un bar louche de peur qu’ils ne vous mettent la main au cul pour vous taper cent balles. Pourtant, ce sens de la revanche, cette façon de croire votre vie redevable eue égard à tous les malheurs les a poussés à enregistrer des albums toujours plus convaincants et durs/rentre-dedans, ce qui a eu le mérite d’en faire le groupe Sleaze le plus en vue de Suède depuis bien longtemps. Et ce statut, toujours discutable dans le fond, ne l’est pas dans les faits. Les CRASHDIET sont bien les meilleurs des plus mauvais garçons de la scène.
Nous étions sans leurs nouvelles depuis six ans maintenant, et l’excellent The Savage Playground qui nous avait laissé sur une note une fois encore festive, mais qui n’avertissait pas vraiment des larges points de suspension qui ont suivi. D’ordinaire, le groupe nous trompait deux ou trois ans avec le silence et les fêtes, mais jamais plus. On commençait d’ailleurs à croire le quatuor perdu pour le compte, mais Rust vient heureusement briser la malédiction, et introniser une fois de plus un nouveau frontman, une habitude chez les scandinaves. Bienvenu donc à Gabriel Keyes, couineur de micro depuis 2017, dont c’est le premier témoignage discographique avec les trois autres loustics, et sa voix, parfaitement adaptée au genre permet à la bande instrumentale de facilement passer la rampe. Et c’est avec un grand plaisir que nous constatons que le groupe n’a pas du tout rouillé, et qu’il se présente sous ses atours les plus provocants pour annoncer son retour avec lipstick et hairfix, un peu comme si les anglais de WRATHCHILD leur avaient prêté une bombe de laque et un manuel de mauvais goût pour être certain de ne pas planter le rendez-vous. Dans les faits, ce nouvel album ne dévie pas vraiment de la trajectoire des quatre premiers, en reprend les grandes lignes, mais fait preuve d’une énergie de tous les diables qui en dit long sur l’appétit de nos amis. Produit en interne par le guitariste Martin Sweet, Rust ne vient en rien contredire les influences depuis longtemps avouées par le quatuor (Martin Sweet - guitare, Peter London - basse, Eric Young - batterie et Gabriel Keyes - chant), et l’ambiance ressemble parfois à s’y méprendre à une répétition de SKIDROW entre les deux eaux Skidrow et Slave to the Grind (« We Are The Legion », sorte de « Youth Gone Wild » un peu désabusé pour la génération millenium). Mais la touche scandinave est toujours bien présente, cette façon de détourner les codes pour les faire siens et transformer la nostalgie en énergie du présent, pour de petites bombes Sleaze qui vous explosent à la gueule de confettis (« Crazy »).
Traitant de la seule nouveauté de cet album, et de l’intégration de Gabriel en tant que frontman, autant dire que le glissement s’est opéré en douceur, et que le vocaliste donne le sentiment d’avoir passé sa vie avec les trois autres. Sa voix, légèrement gouailleuse et aigue quand il le faut fait merveille sur les nouvelles compositions du groupe, toujours aussi Glam‘n’Punk, à la manière d’un BACKYARD BABIES après lecture de la bio des TIGERTAILZ et autres CRAZY LIXX. On trouve de tout une fois encore dans l’auberge suédoise, de l’hymne teen par excellence en passant par la crise de colère Heavy, et cette façon de combiner des riffs vraiment durs avec une ambiance légère comme un cotillon nous rappelle que les CRASHDIET ont toujours été prophètes en leur pays, et surtout, les plus doués de leur génération. Impossible à l’heure actuelle de dire si ce cinquième LP fait partie des meilleurs, puisqu’ils le sont tous quelque part, mais avec une intro comme celle de « Rust », aussi syncopée et addictive que celle de « Dr Feelgood » du CRÜE, ce nouveau chapitre de la saga mouvementée marque les esprits, et nous entraîne dans une transe de fête, comme une party de tous les diables donnée en plein cœur de Stockholm. Les chœurs occupent toujours une place aussi prépondérante, qu’ils allègent des compositions vraiment dures et agressives (« Into The Wild », au boogie tenace), ou qu’ils transcendent des classiques Hard Rock instantanés et survitaminés (« Idiots », clippé par Jimmy Johansson, une fois de plus), mais ce qui frappe, c’est cette cohésion d’ensemble, ce qui finalement n’est pas étonnant considérant les années passées ensemble par Martin, Peter et Eric. De la cohésion certes, mais dans la diversité, car à contrario de bien des groupes du cru, le quatuor suédois n’hésite pas à varier les climats, pour les adoucir (« In The Maze »), ou au contraire prôner une exubérance qui leur va toujours aussi bien qu’un spandex enfilé le matin (« Crazy »).
Et alors que le dernier BLACKRAIN vient tout juste de heurter les bacs virtuels, le Sleaze peut donc se frotter les mains fardées de satisfaction, les deux groupes œuvrant plus ou moins dans la même direction. Mais l’avantage indéniable des suédois est d’oser des choses un peu hors-contexte, comme celle ballade au parfum électronique « Waiting For Your Love », réminiscence des eighties qui décidément ne se feront jamais discrètes, ou au contraire de sublimer le classicisme en signant des hits immédiats qui donnent envie de s’encrer les bras (« Stop Weirding Me Out »). Et encore une fois, le culte du Glam et du Sleaze connaîtra un regain de fidèles, puisque Rust fait honneur à la réputation des CRASHDIET, qui rompent ainsi avec six longues années de silence pour nous revenir chauffés à blanc et remontés à bloc, armés d’une bordée de chansons toutes plus solides les unes que les autres. Le régime sec n’est donc pas pour demain.
Titres de l’album :
01. Rust
02. Into The Wild
03. Idiots
04. In The Maze
05. We Are The Legion
06. Crazy
07. Parasite
08. Waiting For Your Love
09. Reptile
10. Stop Weirding Me Out
11. Filth & Flowers
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49