Je n’ai guère eu l’occasion de m’intéresser à la scène macédonienne durant ces dernières années, mais chance m’est donnée de me rattraper via le premier album des locaux de SAIDON. Originaire de Skopje et sans plus de renseignements sur sa date de formation, ce nouveau-venu propose un Death Metal entre nostalgie assumée et modernisme nuancé, et offre une traduction des discours anciens de DEATH, PANTERA, DECAPITATED ou VADER, qui selon ces jeunes gens sont les pionniers du Death Metal. Et bien que je ne puisse saisir le rapport qui peut exister entre PANTERA et le Death Metal, j’accorde le bénéfice du doute puisque cette entreprise n’est pas dénuée d’un groove que les frères Abbott aimaient plus que tout.
VADER et DECAPITATED semblent donc les deux modèles les plus fiables au moment de juger de la pertinence de ce premier album éponyme. On remarque immédiatement le soin apporté à la production, claire et ample, mais aussi à l’instrumentation, précise et meurtrière. Fondé par le guitariste Goran, SAIDON se veut donc classique, avec ce petit plus de puissance qui lui permet de se sentir bien dans son époque.
Nous évitons toutefois le piège de la batterie triggée à outrance, et du riff prétexte à une débauche de décibels. Les options privilégiées par les macédoniens restent fermes, entre Thrash, Death et Groove, pour un Crossover savoureux, et surtout, diablement entraînant et mémorisable, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce créneau difficile.
Outre Goran Siljanoski à la guitare, nous accueillons l’autre guitare de Martin Mileski, la basse de Nikola Siljanoski, la batterie puissante de Kliment Boev, et le chant bien raclé de Martin Cvetkovski, vocaliste primé et recherché (DEMENCY, GEARS, GROANED COLD, ex-BEYOND THE HORIZON, ex-CARNAGE DOMINION, ex-AMBROZ, ex-ARLEGION, ex-SEED). Le quintet est donc solide, et repose sur la créativité de son leader pour survoler toutes les époques, et se montrer allusif tant à la brutalité qu’à la précision technique, quelque part entre le DEATH de Human et le SUFFOCATION le plus mélodique.
En gros, du bourrin, mais du bourrin malin. Si les charges sont viriles et musclées, l’apport harmonique allège un peu le tout, qui parfois se prend pour un char d’assaut Punk, comme en témoigne le massacre en règle de « Fuck It », l’un des titres les plus efficaces et salaces. De tout donc, pour le meilleur des mondes, et un album qui échappe à cette trajectoire linéaire que suivent malheureusement nombre de groupes internationaux. Pas de lassitude Death à craindre donc, puisque Goran sait composer de véritables morceaux, qu’on pourrait parfois prendre pour de timides imitations de MESHUGGAH (« Rule No.1 »).
Nous sommes donc loin du Death old-school qui empeste la Floride ou qui suinte la Suède. Non, la musique des macédoniens doit autant à SLAYER qu’à DECAPITATED (« Wall »), et paie même sa dime à la légende MORBID ANGEL tout en saluant la vague Néo-Death nordique de la fin des années 90.
Le melting-pot est donc savoureux, et les fragrances diverses. En bon Sephora brutal, SAIDON passe du sanglant qui tâche au vomi/jasmin qui fâche, et nous présente une collection digne de ce nom, efficace, rustique mais précise, et surtout, authentique. Loin du formatage habituel, Saidon ose les déviances, les regroupements mastoc, et les écrasements soudains pour bien couper la respiration.
Construit sur un tapis de riffs à faire baver les cadors, ce premier album fait donc montre d’une maîtrise incroyable. On pourrait le penser fruit des réflexions d’un groupe bien établi, et pourtant il n’est que la première étape sur un parcours que l‘on espère long et sinueux. Car lorsque le rythme monte dans les tours et que les guitares nous en jouent un bon (« Intervention », bang, ouch, mouche à miel), l’enthousiasme est décuplé, et déclenche un headbanging de passionné.
Belle démonstration de force toute en finesse de brutes, Saidon est une très bonne surprise qu’on se refilera sous le manteau. Et une bonne surprise aussi sur la durée, puisque même les derniers morceaux sonnent justes et envoutés. C’est ainsi que « Triumph » accepte la médaille en nous collant une rouste bien méritée, avec une fois encore des BPM à rendre INCUBUS fou de jalousie, et DEMOLITION HAMMER hébété comme un abruti.
Bref.
La Macédoine peut être fière de ses rejetons qui nous flanquent un bon fion. Et croyez-moi, celle-ci n’est pas de légumes. Non, de la bidoche travaillée au corps et attendrie pour le palais, mais avec ce petit arrière-goût de faisandé qui fait les meilleures gamelles.
Titres de l’album:
01. Rule No.1
02. Murder
03. Pain
04. Fuck It
05. Wall
06. Helpless
07. Intervention
08. Panic Attack
09. Triumph
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