Difficile de se dire qu’en dix-sept ans d’existence, un groupe n’en est qu’à son deuxième longue-durée. Immédiatement, le terme de « feignasse » effleure les lèvres, et pourtant, les ACxDC n’en sont pas. En dix-sept ans, ils ont accumulé les EP’s, les splits, les tapes, les formats divers, propageant leur bordel partout où on voulait bien les écouter, ou plutôt, les subir, le terme est mieux choisi. ACxDC, en substance, est la quintessence du Powerviolence le plus intelligent du marché. Celui qui accepte d’être aussi efficace que taré, celui qui ose les riffs qu’on se remémore avec plaisir, et qui alterne avec des passages d’une intensité barrée comme le vil coyote. Ecouter un album de ces flingués, c’est tester sa capacité de résistance à la démence sonore, mais aussi s’offrir un exutoire magnifique à cette vie de merde qu’ils dénoncent d’ailleurs de tous leurs watts. Et six ans après leur premier LP éponyme, les californiens reviennent à califourchon sur le dos du chaos avec ce Satan is King, réponse cocasse au Jesus is King de Kanye West. Roublard les quatre pistoléros ? Oui, pour le moins, mais avec un tel barouf entre les pognes et des textes toujours aussi débiles, mais lucides, il y a de quoi flamber à la cour du Grind le plus échevelé. Et ils plastronnent les sagouins, puisque leur album a été produit par Taylor Young (NAILS, TWITCHING TONGUES), et masterisé par Brad Boatright, alors, vous pensez bien qu’ils ont le son. Un son énorme, intelligible, qui transforme la batterie en tir de barrage, la guitare en barbelés qui vous déchirent les chairs, la basse en fréquences infrasons à faire s’écrouler les murs de Fort Knox. Et dès « Singe », la donne est donnée, et vos oreilles sacrifiées. Pas de raison de faire de prisonniers, on est ici pour compter les victimes, et le Powerviolence des damnés est toujours aussi efficace. Mieux, imparable.
Difficile de parler d’un tel jet de bile avec des mots. Difficile de dire à quel point Satan is King est intense, mais finaud. Entre des accès de démence pure sous forme de blasts inépuisables et des lourdeurs bienvenues mais étouffantes, ce second long est de cette catégorie d’œuvres qui ne supportent ni la médiocrité ni les faux-fuyants. On est ici pour prouver que le genre sait faire preuve de musicalité dans la brutalité, et on y parvient sans peine. En tricotant des riffs purement Hardcore, en les jouant façon Metal pour adultes, les californiens parviennent encore à relever leur art consommé du foutraque pour handicapés du solfège. Tous les morceaux sont prétextes à des débordements de haine viscérale, parfois lapidaires (« Revenge », Mosh en diable et totalement hystérique), parfois temporisant la colère pour la rendre plus palpable et presque Black (« Turncoat »), mais l’un dans l’autre, les querelles de style n’ont pas droit de cité ici. En termes d’extrême, Satan is King est le haut du panier, une sorte de cauchemar pour adolescent à peine pubère qui découvre les affres de l’horreur avec un mélange de fascination/répulsion. On se prend à rêver d’une certaine perfection dans l’agression, tant la production de l’objet en question atteint des sommets de gravité et de précision. On peut donc apprécier d’être bousculé comme si notre salon était devenu le pit ardent d’une petite salle de Los Angeles, et on constate son incapacité à rester de marbre face à ces hymnes à la brutalité sympathique.
Au bout d’un moment, l’inspiration écrite se tarit, tant les superlatifs manquent. En écoutant une perle comme « Copsucker », qui présente les arguments les plus probants du Grind, du Hardcore, du Speedcore, du Thrashcore, du Fastcore, on se dit que les ACxDC sont les maîtres incontestés du genre, des kilomètres au-dessus de NAILS ou WEEKEND NACHOS. Entre des beuglantes de plantigrade et des hurlements de sorcière BM perdue dans une forêt norvégienne, des riffs gluants et empestant le talent, des accélérations fulgurantes d’une batterie en constant mouvement, le bal donne le tournis tant les idées sont concentrées en à peine plus de vingt minutes. D’ailleurs, ACxDC dispense plus d’idées probantes en quelques secondes que bien des groupes sur une discographie complète, et nous étonne de sa créativité folle. « Exercise in Futility » défile comme une tornade dans le désert, « Maggot Museum » frôle la schizophrénie la plus grave en final, et l’osmose dont font preuve ces bargeots est tout simplement bluffante de précision. On sent que les gus sont des amoureux du genre et qu’ils ne comptent pas le brader au nom d’une exagération quelconque. Et puis de toutes façons, à quoi bon m’échiner à faire de la pub pour un groupe dont tous les fans connaissent déjà le génie ? Alors, allons-y pour la conclusion qui tue : Satan is King est la meilleure promo du malin sur le marché, bien plus convaincante que n’importe quelle exaction satanique et BM de l’univers. Point, vos gueules, et enfilez-vous ça comme l’antidépresseur le plus efficace.
Titres de l’album :
01. Singe
02. Mouth Breather
03. Gorged
04. Satan is King
05. Turncoat
06. Matapacos
07. Copsucker
08. Propaganda of the Deed
09. Exercise in Futility
10. Urban Blight
11. Come Out Fighting
12. Revenge
13. Ashes to Ashes
14. Back in Black Bloc
15. Maggot Museum
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21/11/2024, 08:46
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