Vingt-sept ans d’existence…mais seulement deux albums. Pas vraiment prolixes les HEATHEN DEITY, mais quand même quelques démos, live, EP’s, et surtout, un introductif True English Black Metal de plus d’une heure et quart. Fallait-il tant de temps pour expliquer au monde la théorie de ce True English Black Metal ? Qui finalement est un Black Metal un peu comme les autres, suédois, norvégien, allemand ou chilien…Car qu’est-ce qui distingue ce groupe de ses homologues mondiaux ? Peut-être l’utilisation de cordes et de transitions atmosphériques, que l’on retrouve rarement chez les orchestres les plus violents, dont il fait assurément partie. Mais on ne tombe pas fréquemment sur un titre comme « Chapel Of Filth », bercé par une guitare classique nostalgique et agitée par un chant grégorien sentencieux et grave.
HEATHEN DEITY est finalement peut-être plus singulier qu’on l’aurait pensé de prime abord. Mais avec une salve de morceaux impitoyables et réminiscents du MARDUK le plus irrascible, la question de la légitimé était justifiée. Une fois ce deuxième album encaissé, le constat est sans appel : ces anglais en ont sous les bottes et comptent bien se faire une place au soleil noir.
1998/2024. Une progression exponentielle, et trois ans d’écart entre deux longue-durée. Plus concis que son grand-frère, Satan’s Kingdom s’échine à dépeindre des enfers bouillants, au travers desquels les créatures les moins fréquentables s’activent dans la chaleur des flammes éternelles. Le royaume de Satan étant très vaste, il était impossible d’en dresser une carte fidèle, et pourtant, les originaires de Derbyshire ont tenté le coup. Et presque réussi. Sur une trame classique de BM dominé par une cadence d’abattage de bûcheron canadien, se greffent des éléments moins évidents, des passages plus simplement Heavy, mais aussi quelques arrangements précieux et précis.
Un joli bréviaire donc, pour une confirmation que les fans attendaient de cornes fermes. Dagon (chant), Azrael (guitare), Nihil (basse), Forst (guitare), Stigma (batterie) et Vaelgrimm (guitare) renforcent tous les secteurs de jeu pour proposer une œuvre impitoyable, fielleuse, agressive et véhémente, mais non dénuée de finesse. Hors cette introduction pleine de délicatesse (« Hark! The Ravens Cry »), et le morceau cité en amont, le reste de l’album est d’une cruauté sans égale, mais aussi d’une poésie rafraichissante. Alors que la plupart du temps les éléments Folk sont noyés dans la composition en servant de gimmick, ils sont ici employés à plein régime, et sur des durées conséquentes.
« For Thine Is The Kingdom » reprend donc la recette des cordes médiévales, et s’autorise une transition souple, et pleine de mélancolie. Cette alternance en contrastes très prononcés est décidément la trademark d’un album pas comme les autres, construit comme une chanson de geste, ou comme une légende anglaise brumeuse qu’on se passe de génération en génération.
Evolutif, progressif, Satan’s Kingdom est donc plus grand que la somme de ses parties. Si la base est traditionnelle, avec un son de batterie formel au possible et une distorsion amère et très norvégienne, la forme fait preuve d’une ingéniosité délicieuse, entre boucles mélodiques et embardées rythmiques. Loin du compressé impossible à digérer de la nouvelle époque, mais aussi très éloigné des turpitudes old-school plus répétitives qu’obsédantes, ce second long est une révélation, et l’assertion d’une appartenance géographique qui tient véritablement à cœur.
Satan’s Kingdom est une preuve de la domination d’un True English Black Metal, alors je veux bien miser quelques livres sur son avenir. « Satanae Albion », très ambitieux, explique le pourquoi du comment de cette fierté nationale, qui n’a rien d’un élitisme ou d’un patriotisme déplacé. En plus de huit minutes, cette pénultième intervention place HEATHEN DEITY en mode attaque sur l’échiquier, osant les percussions martiales, les riffs plaqués, les chœurs désincarnés, et les harmonies hantées. Modèle de construction en gigogne, « Satanae Albion » est la concrétisation d’un énorme travail de fond, qui justement se fond dans « Burning Angel Wings », dernière pierre angulaire qui privilégie la cruauté.
Beaucoup d’informations, des données à traiter par centaines, et une envie. Celle de se dépasser et de conférer à sa musique une patine propre, visiblement très attachée à sa patrie d’origine. La perfide Albion l’est toujours autant, mais entre son musée des horreurs et ses villages pittoresques, elle reste une destination privilégiée, mais aussi un sacré réservoir de talents.
En mixant les influences mondiales pour en tirer une copie nationale, HEATHEN DEITY défie les têtes d’affiches, et incarne une alternative très viable au conformisme ambiant, sans pourtant jouer la carte de l’avant-garde ou de l’expérimental. Mais avec ce dosage douceur/terreur, Satan’s Kingdom nous prouve que le monde de Satan est bien plus riche qu’on ne le pensait, et pas toujours porté sur la souffrance et la laideur. La beauté de cet enfilage de perles noires s’arbore sur un cou fier et blanc comme neige, sans corpsepaint, mais avec cette pâleur symptomatique du ciel anglais.
Titres de l’album:
01. Hark! The Ravens Cry
02. Embrace The Essence Of Satan
03. The Swine Lead The Swine
04. Satan’s Kingdom
05. Fucking Worthless
06. Chapel Of Filth
07. The Son Of Obscurity
08. For Thine Is The Kingdom
09. Satanae Albion
10. Burning Angel Wings
Nous sommes honorés de vous compter parmi nos lecteurs, M. le Président... Votre avatar me disait quelque chose, aussi.
05/02/2025, 13:01
Ah ah ah !!!Celles dans ce style que j'avais lors de mon séjour au Touquet l'été dernier, je les ai supprimer... ... ... (sic)
05/02/2025, 09:49
Bah moi je préférais ce qu'ils faisaient avant Godzilla, ça s'appelait Lezardo ...
05/02/2025, 07:20
Au risque de passer pour un vieux snobinard, je ne suis toujours pas fan de ce qu'ils font depuis qu'ils s'appellent GOJIRA (c'était mieux quand c'était GODZILLA). Mais force est de reconnaître que c'est bien fait et original, qu'ils ont du b(...)
04/02/2025, 19:12
Tout comme le denier album en date, celui-ci nécessite de s'y plonger plusieurs fois afin de l'apprécier totalement.Pas leur meilleure galette donc, mais bon... Comme dit précédemment, groupe (et frontman !) culte s'il en est.Achat plus qu&(...)
03/02/2025, 07:17
J'y étais et je confirme. ROTTEN SOUND : déçu, le son était pourri. BRUJERIA : sympa mais pas ma tasse de thé. CARCASS : comme d'hab', c'était grand, voire majestueux. La grande classe et un public réceptif. J'ai pass&eacut(...)
02/02/2025, 16:00
Le disque est passé sous mes radars, mais Arka'n Asrafokor a sorti en 2024 son deuxième album "Dzikkuh". Mélange de (pour faire court) thrash à la Sepultura et de musique traditionnelle africaine, une belle réussite.
02/02/2025, 08:02
La Scandinavie ne semble effectivement pas être le meilleur endroit pour quiconque souhaite critiquer l'islam :https://www.marianne.net/monde/europe/assassin(...)
02/02/2025, 01:54
C'est l'état Norvégien. Il a épuisé en vain les recours judiciaires contre la décision d'expulsion. Je ne suis pas spécialiste du sujet et je ne veux pas dévier vers un débat, mais la Norvège n'est pas aussi ouvert(...)
01/02/2025, 22:22
Il suffit généralement de se déclarer homosexuel ou que sais-je pour rester dans ce type de cas. Je pense qu'on manque une pièce du dossier. Je trouve vraiment cette affaire bizarre, généralement les pays occidentaux adores les dissidents (et encore (...)
01/02/2025, 14:49
J'ai une question ( peut-être) bête, mais qui lui a donné l'ordre? L'Etat norvégien ou l'Etat iranien?
01/02/2025, 13:35
Intrigué, j'ai trouvé un peu plus d'infos sur l'affaire par Metal-Archives. Dans des pays comme la Norvège, la clef pour pouvoir rester est de trouver un travail, et il est dit que son statut de réfugié politique l'en empêche, ce qui me(...)
01/02/2025, 12:01
Bordel !J'étais même pas au jus !!!Bah alors ?! Quèk vous foutez en matière de news les gars ?!
01/02/2025, 06:57