Xokoyotzin aka Demetria Maldonado fait partie de cette caste d’artistes rares, qui se partagent un bout de l’imagination sombre la plus fertile de l’extrême, à l’image de Chelsea Wolfe, Myrkur ou Anna von Hausswolff. Des artistes qui ont bien compris que pour imposer leur point de vue, il fallait œuvrer dans l’ombre, dans le secret des alcôves, et ne parler que lorsqu’on a quelque chose à dire. Il y a quelque chose de mystique dans le projet ANTECANTAMENTUM, une beauté tragique, et une ambition classique, une musique unique en son genre, faisant appel au ressenti Black Metal le plus noble, mais qui finalement ne se définit pas autrement que par des mots étrangers au bestiaire du genre.
Depuis 2011, Xokoyotzin propose son travail sous diverses formes, du single au full-lenght en passant par le moyen-format, mais garde une cohésion irréfutable, et une constante envie de moduler, de tergiverser, et d’emprunter des directions différentes. Elle qui s’excuse de la rareté de sa présence sur la scène en tire justement une force, celle d’attirer un public avide de préciosité et de puissance. Et ce quatrième album ne fait nullement exception à la règle. Mieux : il la renforce encore plus.
Xokoyotzin a lutté pour que Saturnine December voie le jour de la nuit. Ce mois de décembre sombre lui a coûté sa maison, perdue dans les flammes, son matériel informatique, mais a heureusement épargné les compositions et les démos qu’elle a pu exploiter en clonant ses disques durs. Parlant d’un coup dur, beaucoup se seraient découragés, mais pas elle. Elle a continué son chemin en acceptant l’adversité, et en a tiré des leçons de grandeur. De fait, ce quatrième album pourrait bien être l’apogée d’une jeune carrière plus que prometteuse.
Comment en parle-t-elle ? En précisant que cet album trouve ses racines dans un passé plus ou moins lointain, certaines idées remontant à l’année 2006. Idées qui depuis ont été modifiées, adaptées, pour une vision artistique plus précise, que l’on retrouve exposée tout du long de ces six longs morceaux, dont la plupart dépassent les dix minutes. Ces morceaux faits de dissonances qui parlent de contradictions, de superbes harmonies, de nihilisme, de ferveur, de finalité et d’immortalité. Un mélange qui appartient à l’univers de cette musicienne unique, loin des turpitudes bassement matérialistes d’un Black à consommer rapidement avant péremption.
Il faut un certain courage pour affronter ce monstre, qui titille l’heure de jeu sans s’excuser, ni faire preuve d’humilité. La musicienne/compositrice a donné tout ce qu’elle avait pour que le projet puisse aboutir, et on sent son investissement à chaque break, chaque riff, chaque thème personnel. Les chansons sont truffées d’idées noires, les riffs tournoient comme des vautours autour du cadavre du conformisme, et cette étiquette de Black Symphonique semble lutter contre une réalité beaucoup moins poétique, pour garder sa pertinence. Et quelque part, Saturnine December peut se définit comme symphonique. Mais un symphonique personnel, à part, qui refuse les facilités de claviers et la grandiloquence en plastique d’arrangements faciles et sonnant faux.
Je ne m’amuserai surtout pas à détailler le tracklisting de cet album. D’une, parce que la tâche est roborative, et de deux, parce qu’elle est inutile et même dangereuse dans ce cas précis. Saturnine December s’écoute dans son intégralité pour en apprécier la plénitude macabre, et si le tout fait preuve de cohérence en comparaison des travaux antérieurs de Demetria, la nouveauté se cristallise dans des mélodies amères et des cassures abruptes.
Devant jouer ses parties sur une guitare qui n’était pas la sienne, Demetria s’est fait violence pour oublier la catastrophe de son matériel perdu à jamais. En découle une certaine forme de rage, mais aussi de nostalgie, et l’acceptation d’un destin pas toujours favorable. On retrouve cette dualité très présente sur le magnifique « Wraith », très épuré et fonctionnant comme une hypnose Ambient, mais aussi sur l’interminable symphonie « Valley of Deathly Reveries », proche d’un Post Black noir et nihiliste, toutefois modulé par quelques notes claires bien placées, et des arrangements judicieux.
Le monde d’ANTECANTAMENTUM est toujours aussi difficile à décrire. Black Metal par sa haine, mais plus simplement poétique à l’extrême, pour ne pas devoir embrasser les codes trop rigides d’une musique qui exige ses figures imposées, alors qu’elle est justement le genre le plus libre du spectre Metal. Et si certain trouveront l’écoute un peu trop complexe et dense, les autres loueront les énormes efforts consentis pour faire de cette tranche de vie une poésie sur les aléas de l’existence.
« Luna Cadens », l’un des chapitres les plus rudes du lot, juxtapose la douceur d’une mélodie introductive subtile à une charge en blasts d’une virulence rare. Les deux visages de la musicienne cohabitent donc toujours aussi facilement, et produisent un contraste saisissant. Violence/douceur, puissance/nuance, vilénie/sublime, telles sont les juxtapositions qui fascinent et font de Saturnine December le petit miracle qu’il est assurément.
« Saturnine December » à l’inverse, passe par toutes les humeurs, et témoigne d’une richesse d’imagination incroyable. Accords en son clair, apaisement, colère en arrière-plan qui menace d’exploser à tout moment, et pertinence de chaque note qui est ressentie à l’extrême. Mais évidemment, la maîtresse de cérémonie se devait de nous bousculer une dernière fois avant de tirer le rideau, et le final de ce final est si traumatique qu’il en efface toutes les concessions positives précédemment exposées.
ANTECANTAMENTUM, projet unique et magique est donc revenu du monde des morts via son œuvre la plus emphatique. L’adversité stimule la force et l’envie, et ce disque en est la preuve la plus formelle.
Titres de l’album :
01. In the Green Petrichor
02. Will You Save Yourself ?
03. Valley of Deathly Reveries
04. Wraith
05. Luna Cadens
06. Saturnine December
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