« Guten Tag sind Sie gekommen, um mein Porzellan zu reparieren? »
« Nein wir ist das, um die Wände abzubrechen ! »
(Faux dialogue même pas entendu dans une petite rue de Berlin, un samedi après-midi, qui une fois traduit approximativement par l’ami reverso donne un truc du genre :
« Bonjour, vous êtes venu pour réparer ma porcelaine ? »
« Non, nous c’est pour défoncer vos murs plutôt »)
Introduction faite, et blague à part, il faut reconnaître que ce nouveau combo nous venant de Berlin est plutôt du genre costaud.
Après une première démo parue en août 2016, ils ont patiemment attendu pour lui offrir une suite digne de ce nom, en rodant leur répertoire méchant et menaçant sur les scènes locales et Européennes, histoire de proposer un produit vraiment peaufiné…pour détruire.
En masse.
Sauf que.
L’histoire est plus compliquée que ça…
Vu de l’extérieur, les GROTT ressemblent à n’importe quel autre groupe de Crust à tendance D-beat scandinave. Sauf que leurs influences sont bien plus vastes que ça, et que leur premier longue durée est aussi varié dans la brutalité qu’il n’est concis dans l’agressivité.
D’un titre à l’autre, les originaires de Berlin peuvent vous faire penser à NAPALM DEATH, puis URSUT, puis MADBALL, sans perdre de leur créativité, et surtout, sans céder en cohésion. Il faut dire que le son gigantesque de Schattenjahre (« Années d’ombre », encore une traduction reverso…) est tout bonnement bluffant de professionnalisme, et autorise toutes les poussées de violence urbaines distillées avec haine par un groupe sur de son fait.
Et justement, tout ça transforme ce premier effort en masterpiece de l’extrême d’outre Rhin, bien plus inspiré et transpiré que bon nombre d’œuvres d’artistes underground plus confirmés.
Mais faites l’essai, et tentez le jeu de quelques pistes d’affilée, vous comprendrez…
Après une intro courte qui met dans l’ambiance, les GROTT lâchent une première bombe aux tonalités Thrash/Thrashcore («Kalt_Heiß »), avec riffs saccadés et ambiance cordiale, avant de se vautrer dans un D-beat sombre et tortueux, tout ce qu’il y a de plus classieux. Pont lourd et tonné, puis break explosé, avec vocaux graves écorchés et rythmique brisée, avant de terminer leur travail de démolition initial par quelques blasts. Ces mêmes blasts nous mènent directement à « Lichtstrahl » qui rappelle grandement le Smear Campaign de NAPALM DEATH, agrémenté de quelques syncopes Thrash, encore une fois, débouchant sur des dissonances typiquement Grind/Indus. Folie instrumentale, schizophrénie vocale, le tableau est complet, et en deux morceaux, les Allemands nous ont déjà rassasiés.
Sauf que le repas est loin d’être terminé…
Chacun de leurs morceaux contient suffisamment de plans pour remplir une démo entière de n’importe quel groupe peu regardant sur l’inventivité, et pourtant, les GROTT ne perdent jamais leur objectif de destruction massive de vue, et restent liés, unis dans un même élan de brutalité, qui les mène parfois dans des directions assez inattendues…
Car au moment où vous pensez justement avoir plus ou moins pigé le truc, les barbares s’épanchent dans un déversement de Death/Grind épouvantable de vilénie, tranchant les ténèbres ambiantes de lames D-beat aiguisées de haine (« Nicht Regierbar », avec encore ces guitares très Metal).
« Fuck Pegida » ne fait rien pour tasser les choses, et suinte de dissonances, avant de nous entraîner sur la piste d’un Hardcore à tendance Crust, unissant les écoles Allemandes et Suédoises dans un même allant de chœurs vindicatif et de breaks qui font grimper les actifs.
Hyperactifs ? C’est une qualification qui leur sied à merveille, puisque ces infatigables compositeurs ne peuvent s’empêcher de remplir leurs titres à ras bord, accumulant autant de plans en une poignée de minutes qu’un groupe lambda dans sa discographie entière. Mélodies malmenées, rythmiques démultipliées, la valse donne des haut-le-cœur, mais on tient la cadence, dopés par l’énergie du diable déployée.
Et si « Support Rojav» reste dans un créneau de Dark Crust teinté de Grind, toujours aussi époustouflant de véhémence, «Kreislauf » nous enferme un peu plus dans la démence, en utilisant près de cinq minutes pour étayer son propos, qui démarre d’ailleurs sur un thème purement Black qui parvient encore à nous surprendre…C’est d’ailleurs un peu l’acmé du style des GROTT qui s’incarne dans ce titre à tiroirs, qui passe d’un extrême à l’autre, suggérant des accointances Post Black, des affinités Crust, des tolérances Grind, évacuées dans un maelstrom de brutalité outrancière complètement revendiquée.
« Motor » nous rejoue la pièce Crust Hardcore avec conviction et quelques passages en mid tout en séduction brute, alors que « Kein Zurück » renoue avec le métissage/ratissage, et privilégie la lourdeur et l’oppression.
Le groupe termine son album sur deux derniers pamphlets aussi assourdissants que lapidaires, dont un terrassant « Dein Leben ist schön..und wird schön brennen » (« Ta vie est belle, et brûlera bien », charmant…) qui broie le Crust dans un brouet Grind, sans oublier d’y incruster quelques motifs bien Core, pour achever son œuvre sur une ultime cover des STATE OF FEAR, « Bloodthirsty System », qu’on trouvait sur leur EP Wallow In Squalor. Reprise évidemment réussie, comme tout le reste.
GROTT signe donc avec Schattenjahre le meilleur LP de D-beat à tendance Crust, à tendance Grind et à tendance Hardcore de ce premier trimestre, ce qui en fait le groupe Allemand le plus versatile et méchant depuis la nuit des temps.
Un conseil, achetez la tape, dispo sur leur Bandcamp pour une poignée d’euros, puisqu’elle est flanquée d’un artwork superbe signé Hagiophobic (allez aussi jeter un coup d’œil sur son site tant que vous y êtes), et que finalement, une fois glissée dans votre autoradio, elle vous fera passer un sacré bon moment.
Et dire qu’il y en a encore qui pensent qu’on a tout dit dans le Hardcore. Que nenni. Alors certes, les GROTT ne recolleront pas les biscuits en porcelaine de grand-maman, mais gageons qu’ils auraient largement eu la force de faire tomber les murs de leur cité il y a quelques années.
Titres de l'album:
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