Depuis quelques jours, le débat fait rage sur les réseaux sociaux. OVERKILL vs METALLICA, deux nouveaux albums sortis le même jour et qui se disputent le label de qualité suprême. Alors, qu’en est-il de cette opposition bon enfant qui reste polie et respectueuse dans le fond et la forme ? Scorched est-il supérieur à 72 Seasons comme l’affirment les fans d’OVERKILL dans des posts enflammés, véritables déclarations d’amour à un Thrash d’obédience 80’s ? La question est sans réponse, puisque nulle et non avenue. Il est stupide de comparer deux groupes qui n’ont d’autre en commun que leur époque et leur style de prédilection, comme il serait ridicule de comparer le dernier Marvel au dernier DC Comics.
Mais ce qui ressort de cette lutte fratricide pour de faux, c’est la fidélité des fans de la bande à D.D. Verni et Bobby "Blitz" Ellsworth, qui depuis 1980 suivent leurs héros sur la piste de la longévité, et qui se réjouissent aujourd’hui de constater que leurs idoles ont gardé la santé et l’envie. Et en découvrant les dix pistes de ce nouvel album, le premier depuis The Wings of War il y a quatre ans, on ne peut que s’incliner face à la foi sans failles de musiciens en une violence saine, et une puissance remarquable.
Scorched rase en effet tout sur son passage, ne laissant qu’un tas de ruines fumantes, de braises actives et de blessures auditives. En mode ultraviolent, le quintet, soutenu depuis deux décennies par les guitaristes Dave Linsk et Derek Tailer (plus le batteur Jason Bittner) se montre efficace et performant, et propose une alternative viable à la vague old-school qui justement, les copie, eux et leurs camarades de chambrée. Et alors que très souvent, les références se perdent sur le chemin d’une production standard et d’une composition un peu facile, OVERKILL joue la carte de la nuance agressive, et soigne aux petits oignons dix morceaux aussi efficaces que diversifiés.
En découvrant le title-track, très intelligemment posé en ouverture, on comprend à quel point cette comparaison avec METALLICA est ridicule. Même si les deux groupes partagent des points communs (rythmique massive, son énorme, désir de coller à une éthique Metal incorruptible), OVERKILL garde un avantage certain sur les METS, un avantage de concision (50 minutes contre 77), et un avantage de diversion (beaucoup plus de mélodies et de changements de tempo).
Alors jugeons ce Scorched en interne, sans parallèle extérieur. Il est dans la discographie des américains une entrée non négligeable, et surtout, l’assertion d’une forme éblouissante, qui aboutit à des brûlots de premier ordre, qui se permettent parfois un boogie d’enfer pour nous faire bouger les pieds (« Wicked Place », l’un des morceaux les plus endiablés du lot). Bobby est en 2023 le frontman qu’il a toujours été, et sa voix semble même encore plus ferme que dans les années 90, lorsque sa bande tentait de surnager dans des eaux troubles et alternatives.
Ce qui fait la différence entre le quintet et ses opposants du 14 avril, c’est cette diversité incroyable qui permet à ce nouvel album de se distinguer de la masse. Costaud mais souple, carré mais rapide, et sevré de mélodies comme on les aime, il tient la dragée haute à la production actuelle sans jouer d’autre carte de celle de la foi en une approche aujourd’hui classique. Et d’ailleurs, OVERKILL se rapproche de plus en plus d’une version jumelle mais reconnaissable d’EXODUS, les deux frères d’armes partageant des points de vue notables sur la production et la destruction. La cohésion est bien évidemment le point de focalisation, mais la diversité n’est pas pour autant occultée. Et c’est bien cette combinaison qui rend cet album quasiment imperfectible, et lui permet d’obtenir les faveurs d’un public qui n’attend plus grand-chose des icônes d’hier qui ont tendance à se reposer sur un culte qui se voudrait lauriers éternels.
Non, OVERKILL sait très bien que rien n’est jamais gagné, même après quatre décennies de carrière. Alors, il repart régulièrement au charbon pour élaborer un répertoire de saison, et garder dans son giron ses petites brebis tout sauf égarées. J’en fais partie, et j’ai même regagné mon enclos au rythme du catchy « Won’t Be Comin Back », le genre de chanson qui fait cruellement défaut à 72 Seasons.
J’avais promis que l’analogie entre les deux sorties n’était pas si importante, et surtout, sans pertinence. Pourtant, j’y reviens en me disant que si James et les siens avaient pris un peu plus de risques pour lâcher des morceaux aérés et mélodisés, leur dernier-né ne s’en serait que mieux porté. OVERKILL lui, n’a pas besoin de se vouloir plus métallique que les autres pour se faire remarquer. « Fever » est sans doute l’une des preuves les plus évidentes de sa condition singulière sur la carte du tendre du Thrash des eighties, entre un ACCEPT survitaminé et un TESTAMENT survolté et méchamment électrocuté.
Le plus remarquable dans l’affaire, est que Scorched se paie le luxe de rester varié de son entame à son terme. Les KILL ont concentré leurs riffs les plus diaboliques, nous engluant dans une fête en faux live à la maison, et alors que le trampoline tremble encore dans le jardin, les invités headbanguent jusqu’au petit matin. « Harder They Fall », l’une des meilleures saillies de leur répertoire enflamme tout ce qui tourne autour du noyau central, et nous projette dans des conditions de concert qu’on a hâte de tester les mois qui viennent.
Et si je ne peux résolument pas affirmer que Scorched fait partie du carré d’as des réfugiés New-York/New-Jersey, il est évident qu’il se situe largement au-dessus d’au moins la moitié des chapitres de l’histoire. Concis, solide, performant, convaincant, il fait tomber toutes les barrières, sauvage comme une hyène qui ricane au loin, et peut même s’appréhender comme un melting-pot gigantesque des quatre héros du Big4. Le radicalisme de SLAYER, le groove de MEGADETH, la fluidité d’ANTHRAX et la solidité de METALLICA, pour un travail énorme méritant amplement votre attention.
D’autant que même les derniers morceaux maintiennent la pression. Et puis sincèrement, le chant incroyable de Bobby et la basse brillante de D.D, ça suffit comme éléments pour donner envie. Envie de rester fidèle à un groupe qui lui-même est resté fidèle à ses fans. Et ça, ça n’a pas de prix.
Titres de l’album:
01. Scorched
02. Goin’ Home
03. The Surgeon
04. Twist of the Wick
05. Wicked Place
06. Won’t be Comin Back
07. Fever
08. Harder They Fall
09. Know Her Name
10. Bag o’ Bones
Marrant de dire que METALLICA et OVERKILL sont incomparables...
Alors que la comparaison est faite tout au long de cette critique hé hé hé.
Mais c'est vrai : Les deux groupes sont effectivement littéralement incomparables.
L'un est mort et l'autre n'a jamais mis un genou à terre bordel !!! !!! !!!
(re-hé hé hé !)
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