Les webzines allemands ne tarissent pas d’éloges sur ce premier LP, et les quelques critiques lues à son propos émanant d’outre-Rhin ne sont rien moins que dithyrambiques. Certains mauvais esprits y verront du chauvinisme, comme à la grande époque de nos trois magazines nationaux qui ne pouvaient s’empêcher d’encenser chacun leur groupe en France, et après avoir écouté l’œuvre de ces originaires de Sarrebruck, je me dois de rétablir une certaine objectivité et de modérer légèrement le propos de mes confrères. Les SCORGED sont en effet très sympathiques, très capables aussi, en termes de composition et d’interprétation, mais ils n’ont rien d’une révélation sur le chemin de la masse, et se contentent de recycler avec flair des méthodes déjà en vogue dans les années 90. Certes, il y a encore un gros fossé à franchir pour les taxer de nostalgiques, mais leur Death à tendance mélodique et groovy nous renvoie quand même au meilleur de la mode d’il y a deux décennies, avec des influences qui crèvent les tympans. Alors, sans vouloir jouer les rabat-joie, j’ai plus ou moins apprécié cette entame franche et brute, j’en soulignerai le professionnalisme, mais je ne peux nier que sa linéarité de surface m’a quelque peu irrité sur la longueur. Formé en 2016 en terre de Sarre, SCORGED fait partie de cette nouvelle génération de groupes qui aiment se définir comme extrêmes, ne l’étant pourtant pas plus que la concurrence. Et pour placer les débats sur le bon terrain, il convient de rappeler l’importance de certains artistes que nos amis allemands ont du bien écouter durant leur apprentissage.
Quintet composé d’Anton Harth (basse), Christian Mittermüller (batterie), Denis Horbach (chant), Gabriel Rothley (guitare) et Jonas Schäfer (guitare), SCORGED propose donc une sorte de Metal hybride, croisant les chemins entre un Thrash vraiment féroce et contemporain, un Groove Metal à la fluidité indéniable, et un Death mélodique qui n’est pas sans rappeler deux ou trois têtes d’affiches. Pour faire simple et anticiper le cocktail avant d’y avoir goûté, la musique proposée sur cet éponyme mélange les fragrances du CARCASS le plus abordable, de l’AT THE GATES de tradition, et du PANTERA historique, le tout bien amalgamé pour ne pas laisser de la pâte sur les bords du récipient. Très à l’aise dans leur attaque permanente, les allemands montrent donc un visage convaincant, et font preuve d’une violence intelligemment distillée, du moins dans la première partie de l’album. Leur musique est épaisse, très peaufinée jusqu’au moindre détail, les guitaristes nous offrent un festival de riffs performants, et la prestation vocale de Denis Horbach rappelle les meilleurs leaders suédois du Melodeath. D’ailleurs, le groupe ne prend pas de gants ni la peine de nous avertir, et s’annonce via le tonitruant « Vengeance », qui après une courte intro harmonique nous écrase les tympans via une poussée de vitesse digne du séminal Slaughter of the Soul. Et malgré cette citation presque dans le texte, la recette fonctionne, en mettant évidemment ses exigences d’originalité de côté. SCORGED fait partie de ces ensembles qui n’inventeront jamais rien, mais qui recyclent avec panache, et qui sont capables de faire headbanguer n’importe quel amateur de Death abordable, mais méchamment viril.
Doté d’une production parfaite pour le genre, claire et ample, Scorged permet d’apprécier un groupe qui se rode depuis quatre ans, et qui a fini par trouver sa formule parfaite. Un tempo qui change à la moindre occasion, swedish style, une paire de guitaristes vraiment loquaces, un chanteur vaillant, et vogue la galère, nous évitant les redites trop flagrantes. Jamais avares d’un break plus nuancé pour relancer la machine, les allemands incarnent la machine de guerre Néo-Death parfaite, avec son ancrage dans l’histoire et sa façon de la réciter. Gros son de basse, mid tempo aplatissant et énergie de tous les diables, l’effet choc est de premier choix, et la boucherie immaculée. Les soli, toujours pertinents et fluides apportent une plus-value, tandis que le compromis entre Death et Thrash est assez appréciable. Il faut bien sûr accepter la règle du jeu et les similitudes entre les titres, « Black Crowned Enemy » continuant sur la même lancée, en évitant juste de monter dans les tours. On se replonge alors dans cette période de transition des nineties, lorsque le Metal abordait sa mutation entre les années 80 et le nouveau siècle, et si le tout est formellement classique jusqu’au bout du moindre riff, il n’en reste pas moins efficace. D’ailleurs, le quintet se montre largement capable de signer des classiques instantanés, avec arrangements futés et emprunts au catalogue de PANTERA (« Hell Glows Hot »), sans oublier les clins d’œil à la Suède. Le meilleur des deux mondes donc, pour une interprétation sans failles, et quelques finesses de basse bien senties.
Rien de grave donc à reprocher à SCORGED, qui nous propose même quelques instants de douceur avant de nous ruer dans les branc’hard, lâchant quelques blasts coquins pour augmenter le rendement (« Oppressor »). Rien à reprocher, mais il manque le petit détail qui fera tout décoller, et parvenu aux deux tiers du métrage, les analogies commencent à se faire remarquer, et même si les guitaristes font ce qu’ils peuvent pour turbiner comme des fraises possédées (« Maligant Psychosis », plus volontiers Death classique et rempli de licks malins), on prend acte de ce monolithisme un peu gênant. Certes, les amateurs y trouveront leur bonheur, et je ne saurais qu’encourager les allemands à poursuivre dans cette voie, en proposant quand même parfois quelques digressions plus nuancées. Mais en évitant le piège du recyclage old-school et en affirmant fermement leur personnalité, les musiciens se positionnent sur la scène avec beaucoup de panache, et pourront sans doute connaitre une belle carrière en Europe. Mention assez-bien pour le moment, mais je ne désespère pas de leur attribuer les félicitations du jury dans quelques années.
Titres de l'album :
01. Vengeance
02. Black Crowned Enemy
03. Wasted
04. Hell Glows Hot
05. Surveillance
06. Oppressor
07. Maligant Psychosis
08. Deep Contempt
09. Integrity
10. Materialism
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