Pour beaucoup, chroniquer un album de BENEDICTION en est une, et je fais partie de ce public heureux de retrouver les hordes anglaises. Et ce, pour plusieurs raisons. La première est que j’ai connu le groupe comme d’autres fans lors de son âge d’or, groupe découvert par l’entremise du premier et historique LP Subconscious Terror, sur lequel on retrouvait un certain Mark Greenway au chant. Mais BENEDICTION ne peut en aucun cas être réduit au titre du « groupe dans lequel un futur NAPALM DEATH chantait », ce qui serait gravement insultant au regard d’une carrière que d’aucuns jugent impeccable. Car bien après le départ de Barney, les anglais ont continué leur parcours, nous offrant des œuvres séminales, culminant pour beaucoup avec le classique Transcend the Rubicon, jugé comme l’acmé d’une discographie pourtant riche de sept LPs. Alors, en apprenant le retour du quintet en 2020, douze ans après son dernier effort en date est déjà un énorme cadeau. Certes, Killing Music n’approchait pas la perfection des meilleurs travaux de la bande à Darren Brookes et Peter Rew, et ce retour n’était en soi pas suffisant pour sortir les cotillons. Il fallait quelque chose de plus, un argument incontournable, une surprise majeure pour que les oreilles se tendent et que le cœur batte la chamade. Et en accompagnant la promotion musicale de ce septième album, les deux guitaristes ont pris grand soin de préciser qu’un membre historique de la formation faisait son comeback sur Scriptures. C’est ainsi que nous avons le plaisir de retrouver le hurleur en chef Dave Ingram, absent depuis 1998, et revenu au bercail l’année dernière, suite au désir de Dave Hunt de terminer ses études. Et c’est un simple coup de fil de Darren à Dave Ingram qui a enclenché le processus de réunion, qui trouve aujourd’hui son aboutissement sur cet album monstrueux, nous ramenant directement à la période historique de BENEDICTION.
De là, les esprits s’affolent, les claviers surchauffent, et les comparaisons élogieuses s’accumulent. Est-ce pour autant qu’il faut déjà penser à établir un parallèle entre Scriptures et Transcend the Rubicon ou The Grand Leveller ? Il est un peu tôt pour juger, mais après quelques écoutes, ce nouveau-né qui braille comme un moutard en manque de lait est agressif à souhait, traditionnel dans le fond, mais méchamment punky dans la forme, et celle affichée par le quintet (Darren Brookes et Peter Rew - guitares, Dave Ingram - chant, Dan Bate - basse et Giovanni Durst - batterie) est éclatante, les morceaux se vautrant dans la luxure brutal avec une absence totale de culpabilité, comme si l’histoire de 1998 continuait à s’écrire sans avoir connu la moindre interruption. Cueillis à froid par l’entame dantesque de « Iterations Of I », les fans retrouveront avec bonheur le combo qu’ils otn tant aimé dans les nineties, ce groupe unique capable de rester fidèle à son histoire tout en admettant une attitude un peu je-m’en-foutiste qui empêche de coller aux modes et à la philosophie classique du Death Metal européen de la fin des années 80. BENEDICTION a toujours été unique en son genre, et a toujours développé sa propre approche du Metal de la, mort, y ajoutant un brin de vie et de fantaisie punk, en bons anglais que les musiciens sont, et à la manière d’un Paul Speckmann, ils se sont toujours moqué des modes et des adaptations pour rester à flots. En écoutant ce premier morceau, et en faisant abstraction de la voix, on se replonge dans les affres de la découverte de Subconscious Terror, car les riffs n’ont pas changé. Ils sont toujours aussi simples et francs, et les mélodies assez prononcées pour ne pas rester cachées sous la couche de violence. Affichant une morgue certainement liée au retour de leur hurleur de légende, Darren Brookes et Peter Rew se sont complètement lâchés, aidés en cela par le travail de production de Scott Atkins au Grindstone studio. D’ailleurs, les deux membres d’origine ne tarissent pas d’éloge sur le résultat obtenu par Scott. Ils le jugent up in time mais pas trop, juste assez pour que le son du groupe ne verse pas dans la nostalgie exacerbée. Et on ne peut qu’être d’accord avec eux en écoutant le monstrueux et concassant « Scriptures In Scarlet », qui de sa rythmique Punk nous pulvérise les neurones d’un Death unique, à l’anglaise, catapulté par un batteur qui n’en fait jamais trop, mais place ses fills avec précision.
En deux ou trois titres, Scriptures éclate déjà son prédécesseur, jugé trop timoré et un brin facile à l’époque. La comparaison entre ces deux derniers chapitres tourne clairement au KO sévère, et ce huitième album fait le lien avec la période Dave Ingram, qui prit fin en 1998 avec l’arrivée de Dave Hunt. Non que le second ait chassé le premier, non qu’il faille minimiser son apport dans la légende du groupe, mais reconnaitre le timbre d’Ingram fait vraiment du bien à la mémoire, et rend à l’ouïe sont acuité des années 90, lorsque Ingram usait de son timbre grave et rauque pour sublimer un instrumental classique. Classique, la bande-son l’est toujours, avec ces riffs morbides qui n’exagèrent pas leur pesanteur, et ces constructions sans réelle surprise, mais déliées das uen fluidité formelle incroyable. « The Crooked Man » est à ce titre un vrai voyage dans le temps, et rappelle que BENEDICTION et BOLT THROWER sont devenu avec le temps les deux véritables VRP de la mort en Angleterre. Evidemment, les petits jeunes qui ne s’intéressent pas vraiment au passé auront peut-être du mal à comprendre l’enthousiasme des anciens pour un combo qu’ils jugeront efficace, mais un peu trop rétrograde. Excusez-nous mes chers enfants, mais notre joie n’a rien de complaisante, et je vous mets au défi d’écouter une bombe comme « Stormcrow » sans headbanguer à vous arracher la tête de la colonne. Non, il est certain que les anglais ne proposent rien de neuf, mais leur relecture de leurs propres classiques est jouissive, imperfectible, et mérite même de figurer à côté de leurs grandes œuvres.
Quel bonheur de retomber sur des fulgurances comme « Rabid Carnality » ou « Embrace The Kill », sauvages à souhait, ou de se laisser entraîner dans un voyage plus évolutif via « Progenitors Of A New Paradigm ». Tut est certes prévisible, mais l’inspiration, le son, l’attitude défient les années, et en disséquant ce nouveau chapitre, on découvre le visage rajeuni d’une légende, heureuse d’être encore là et valide trente ans après ses débuts. Alors que d’autres peinent à continuer sans avoir recours au pilotage automatique, BENEDICTION joue son histoire comme un punk vit dans la rue, sans avoir conscience de son importance, et prenant les choses comme elles viennent. C’est admirable, spécialement lorsque le quintet nous soigne un hymne à la SEPULTURA (« We Are Legion »), ou qu’il recolle à son tempo le plus caractéristique (« The Blight At The End »). Et dans une époque tournée vers la reproduction et l’illusion vintage, je me permettrai en pensant à BENEDICTION de citer Axl Rose lui-même.
Faites-vous une faveur. Allez toujours chercher les originaux.
Titres de l’album:
01. Iterations Of I
02. Scriptures In Scarlet
03. The Crooked Man
04. Stormcrow
05. Progenitors Of A New Paradigm
06. Rabid Carnality
07. In Our Hands, The Scars
08. Tear Off These Wings
09. Embrace The Kill
10. Neverwhen
11. The Blight At The End
12. We Are Legion
Perso j adore surement la nostalgie mais pas que..Du beau boulot so british death
Excellent oui ! Le bond en arrière !
Il n'a pas l'air de réinventer le beurre à graisser le fil mais de bien faire le job, cet album. Je tenterais bien l'aventure ! Vu aussi sur un grand site de VPC : un coffret CD qui regroupe 5 ou 6 de leurs vieux albums... l'occasion de s'y remettre sérieusement pour peanuts !
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
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Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
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J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.
11/11/2024, 16:15
NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09