Il y a du soleil sur la France. Et le reste n’a plus d’importance.
Alors déjà, le soleil, je le cherche encore, et le reste, rassurez-vous, a plus d’importance qu’il n’y parait, et je ne vous parle pas du code du travail ou de l’augmentation du paquet de cigarettes. Quoiqu’il en soit, le soleil et la Bretagne n’ont jamais fait bon ménage…Mais au-delà des clichés, de Brest nous viennent des nouvelles plutôt alarmantes, témoignant de l’activité sismique et musicale d’un groupe local, qui expose enfin ses nouvelles vues sur un Black Metal ambitieux qui mérite plus d’attention qu’un vulgaire bulletin météo imprécis. Pour les néophytes, les SINLUST nous viennent donc de Brest, ville dans laquelle ils ont vu le jour en 2008, s’articulent en quatuor (Firefrost – chant, Infernh – batterie, Chris In Lust – guitare et Rain Wolf – basse), ont déjà publié un premier album aux ambitions clairement affichées (Snow Black, 2011), et ont donc patienté quelques années avant de revenir avec une suite digne de ce nom pour leurs aventures épiques. Les plus avertis d’entre vous auront évidemment remarqué le groupe à l’époque, pour sa propension à repousser les limites d’une musique extrême, mais aussi extrêmement mélodique, et surtout, pour la complétion de leur œuvre qui s’accompagnait alors d’un roman, signé de la plume du prolifique et omnipotent chanteur Firefrost, soignant sa prose en y apposant le pseudo de Nicolas Skinner. L’affaire ayant fait grand bruit, et le succès artistique et public frappant à leur porte, les brestois ont donc décidé de reproduire ce schéma, en nous proposant encore un double programme, celui de Sea Black, qui ne vient en rien contredire l’avis dithyrambique que nous nous faisions d’eux il y a six ans.
Et si la Neige Noire posait les jalons d’une aventure hors du commun, la Mer Noire en dessine les contours avec beaucoup plus de précision, au point de proposer l’un des concepts les plus sombres et amples de l’histoire du BM français.
Mais dans la musique, point de nationalité, nous le savons bien, juste du talent, et de la lucidité quant à ses propres moyens. Ceux de SINLUST sont conséquents, ce que prouve sans ambages ce second LP qui prend des allures de chef-d’œuvre absolu du genre, qui reste encore à définir avec acuité. Lorsqu’on parle de Black épique, certains noms surgissent automatiquement de la mémoire collective, en toute logique, dont ceux d’EMPEROR, IMMORTAL, GORGOROTH ne sont pas les plus anodins. Et avec ce Sea Black, les SINLUST se hissent à des hauteurs soupçonnées dès le départ, et qu’on les savait capables d’atteindre, puisqu’il propose une heure de musique riche, luxuriante, noire comme un océan sans fond, mais lumineuse comme une éclipse de soleil en pleine nébuleuse. Difficile de croire que ce second chapitre n’en est qu’un, tant son professionnalisme pourrait en faire le travail d’une consécration…Produit aux légendaires Slab Sound studios sous la houlette de Glen Kerjan, et rehaussé d’un graphisme sublime élaboré par le nom moins fameux Above Chaos, Sea Black déroule sa narration sans se perdre en anecdotes dispensables, et se concentre sur ce que le Black progressif et majestueux a à offrir de meilleur, sans dénaturer l’essence d’origine des brestois qui n’ont aucunement renoncé à la théâtralité qui constituait l’un de leurs points forts. Bien sûr, on sent une certaine redite dans certains arguments, et la seconde partie de l’album à tendance à souffrir d’un relâchement indéniable, mais globalement, ce second LP est en tout point admirable, puisqu’il parvient à garder le cap sur une maîtrise totale du sujet, tout en restant spontané dans l’agression. Et l’équilibre étant toujours très ardu à trouver, la performance n’en est que plus remarquable.
Bien sûr, le timbre de voix de Firefrost se rapproche toujours de celui d’Abbath, et musicalement, l’ombre des grands maîtres de la confrérie plane toujours au-dessus de compositions épiques et progressives, qui font la part belle à des orchestrations luxuriantes, mais la plupart du temps pertinentes. SINLUST ne nous laisse que très rarement reprendre notre souffle, sans pour autant nous faire suffoquer sous la pression de plans qui s’enchaînent dans un désir de démonstration. Chaque idée est en place et s’emboîte parfaitement dans la précédente, et malgré quelques parties harmoniques un peu mièvres qui gâchent légèrement la violence ambiante (« Dawning of the Volcano God »), la véhémence globale mâtinée d’un sens de la nuance fatale permet aux morceaux les plus étendus de s’imposer dans forcer un talent qui aujourd’hui, confine presque au génie. Le terme est un peu fort sans doute selon vous, mais il en faut pourtant pour meubler six, sept, huit ou neuf minutes de musique sans trop tomber dans le balbutiement, ce que les bretons parviennent à éviter avec un brio remarquable. Et si « Red Priestess » semble planter toutes les graines de la discorde du haut de ses huit minutes tassées, il n’est pas illusoire de penser à ce stade d’écoute que le groupe a encore beaucoup de choses à dire avant que l’album n’arrive à son terme.
Il est d’usage dans ce créneau de Black épique et d’époque de beaucoup se reposer sur l’instrumental, la production et les arrangements, pour pallier un déficit de création handicapant. Ce qui n’est évidemment pas le cas de nos nordistes préférés, qui parviennent toujours au détour d’une intro grandiloquente à planter un décor envoutant, qui nous entraîne dans leur monde, bientôt soutenu littérairement par un nouveau roman une fois de plus signé de la main de Firefrost. En témoigne le sulfureux « Streams Attraction », qui nous fait dériver de force vers des courants comme les sirènes attiraient les marins dans leurs bas-fonds, et qui manque de nous noyer sous un déluge de Heavy en plomb fondu, sous une bourrasque cataclysmique de percussions tribales et d’harmonies létales.
« Sea of Trees » réédite la performance, de son entame Thrash insistante, qui sombre vite dans les méandres d’un BM travaillé qui module les ambiances, ose le pilonnage et les notes en naufrage, pour un voyage de plus en plus chaotique, mais qui reste efficace dans sa séduction Heavy et ses arpèges maudits. Quant au final homérique « Forgotten’s Master », il n’est rien de moins que la litanie définitive de l’art consommé des brestois pour dessiner des climats et des atmosphères sous forme de notes qu’on regarde et de mots qu’on écoute, pour un voyage sans retour bien au-delà d’une terre du Milieu qu’ils ont déjà traversée de mille épreuves. Majesté de riffs aussi sombres que lumineux, voix qui tombe dans une gravité de narration, pour un trajet qui cahote, marque des pauses, mais ne s’arrête pas avant d’avoir atteint son but terminal. Nous faire oublier la réalité et nous embarquer dans un périple dont on ne ressort pas indemne, et subjugué de tant de détails ciselés.
Avec Sea Black, les SINLUST démontrent sans ménagement qu’ils ne sont pas que pêché et luxure, mais qu’ils incarnent aussi une certaine forme de pureté dans le mal. Peut-être ont-ils réussi cette fameuse synthèse alchimique qui leur permet de transformer tout ce qu’ils composent en or noir, un or qui brille sous la lune et qui se reflète dans les regards d’un public subjugué de tant de dextérité. Croisons les doigts pour ne pas avoir encore à patienter quelques années pour suivre leurs pérégrinations damnées…
Titres de l'album:
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