Une mer de merde, ou une merde merde ? Difficile de s’y retrouver dans ce tas d’excrément qu’est la société moderne…Mais vous pouvez toujours compter sur une bande d’allumés pour vous expliquer les tenants et aboutissants de la vie contemporaine, vouée aux gémonies de la surconsommation et du repli sur soi. J’ai d’ailleurs croisé le chemin des SEA OF SHIT il y a quelques années, en 2013 je crois, à l’occasion de la sortie d’un EP éponyme, et je constate avec plaisir que ces accros au boucan n’ont pas changé d’un iota au moment de nous présenter leur premier LP.
SEA OF SHIT - sans aucun jeu de mot - c’est un groupe qui ne s’emmerde pas. Depuis leurs débuts, les zigues se cantonnent à ce qu’ils savent faire de mieux, à savoir jouer un Powerviolence sombre, aigri, puissant et malpoli. Pas de prise de tête, pas de compromis, et surtout, pas la peine de s’emmerder à chercher un titre pour chaque sortie. De fait, tous leurs EP’s et cet album portent leur nom, et ça suffit bien comme ça.
On peut se perdre d’ailleurs quand on aborde leur discographie, puisque tous les formats sont éponymes, mais à l’inverse, aucune méprise possible sur le résultat des courses. Un Hardcore joué baïonnette au corps, qui éructe, vitupère, gronde, grogne et hurle, avec des riffs classiques posés sur une rythmique affolée et explosée. Beaucoup de feedback, pas mal de dissonances, mais une franchise qui fait du bien aux oreilles, et une violence somme toute assez raisonnable, et qui paraîtra même atténuée aux fans de Powerviolence bien remué.
Mais l’énergie est là, inutile de le nier. En moins de trente minutes, Golen, Komen, Snader, Syrek et Tomlinson nous donnent une leçon de protestation, qui colle parfaitement à la peau de l’époque à laquelle on vit. C’est glauque, comme un avenir inexistant, c’est bordélique, comme une conversation entre des CRS et un piquet de grève, mais fédérateur, comme une manifestation engagée contre une réforme injuste quelconque, un thème de société si je puis dire.
On se lance dans l’aventure sans arrière-pensée, et ce premier album délivre le message que tout le monde attendait. Les morceaux ne font pas grand mystère de leur contenu, et la rage décuplée qui met l’écume aux lèvres donne clairement envie de prendre les armes - n’importe lesquelles - pour se rebeller contre l’ordre établi.
Un peu terroriste sonore sur les bords, le quintet profite d’une nouvelle section rythmique (celle de leurs potes de SICK/TIRED) pour amplifier son bordel et le rendre ultraviolent. Parfois à la lisière d’un Grind chaotique mais assez précis (« Blink of an Eye »), Sea of Shit peut éventuellement s’envisager comme le Dirty Rotten Imbeciles de 2023, dans une version subtilement assombrie et accélérée.
Evidemment, pas grand-chose à raconter à propos d’un album qui fonce dans le tas et encaisse les coups sans plier. On imagine fort bien le tracklisting servant de bande originale d’une révolution sociale initiée par les couches inférieures de la société, ces « gens d’en bas » que méprisent les politiques.
Inutile donc de tergiverser. Si vous n’êtes pas du genre à tendre la joue droite quand on vous calotte la gauche, cet album est fait pour vous. Il est la description la plus fidèle d’une vie de merde, entre le métro et le boulot, entre le bar et le plumard, entre l’injustice sociale et l’impunité totale. Sorte d’anti perfusion mise en musique, Sea of Shit est un cri des tripes et non du cœur, qui n’espère plus rien depuis longtemps.
C’est sale, moche, déformé, mais terriblement réaliste. Et la vérité étant la seule chose qui nous reste, autant l’accepter pour ce qu’elle est. Le reflet ignoble d’une époque gangrénée par le profit et les inégalités, une image d’Epinal qui fout les jetons, mais que l’on doit regarder droit dans les yeux pour tenir bon. Et ces mecs-là en ont conscience, à tel point qu’ils se déguisent en bombes à retardement pour tout faire péter au bon moment.
Pas réjouissant mais attendu. Ah, et si d’aventure, vous cherchiez un morceau qui se veut traduction fidèle de notre siècle mal entamé et qui finira tout aussi mal, envoyez-vous « Drainage ». Ça vaut tous les BRUTAL TRUTH de la création.
Titres de l’album:
01. Stave
02. Dwelling
03. Unmasking
04. Dormancy
05. Nullified Cognizance
06. Distractions
07. Thirst for Power
08. Charismatic Authority
09. Blink of an Eye
10. Scarring in Haste
11. Half-Life
12. Drainage
13. Undiagnosed
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30