Sea Savage

Gama Bomb

04/12/2020

Prosthetic Records

Un peu de bonne humeur en cette sale année 2020, ça ne se refuse pas. D’autant plus que les fêtes de la nativité approchent, et que tout le monde a envie de se replonger dans la magie de son enfance, lorsque tout n’était que rires et dinde aux marrons. Malheureusement pour nous, il semblerait que les groupes se soient mis au diapason de l’humeur terne de ces trois-cent-soixante-cinq derniers jours (ou presque) de déprime et de confinement, et que seul le désespoir et la résignation soient de mise. Heureusement, à l’image d’un petit village d’irréductibles gaulois, certains continuent d’y croire et de se battre, avec leurs propres armes, et c’est avec un plaisir non feint que nous retrouvons les irlandais de GAMA BOMB, deux ans après leur dernière galéjade musicale Speed Between the Lines. Toujours en forme, les originaires de Dublin continuent leur parcours en ascension, et passent sans problème pour les enfants légitimes d’ANTHRAX et D.R.I, jouant leur Thrash comme s’ils affrontaient la rudesse de la vie avec un imperturbable sourire. Passés d’AFM à Prosthetic Records, les irlandais n’ont rien changé à leur recette si fun qu’elle ferait éclater de rire un géomètre à la retraite, et ce septième album bat le haut du pavé des sorties de fin d’année, se plaçant aux côtés du dernier HARLOTT en termes de qualité old-school. Doté d’une énorme production qui fait vrombir la basse et donne à la batterie un écho de crypte, Sea Savage nous en met d’abord plein les mirettes avec sa sublime pochette marine, mélangeant les figures mythiques, les poulpes/Kraken, les mines, et même une version très crédible d’un King-Kong aquatique s’adonnant au plaisir des tribus réductrices de têtes. Avec un graphisme pareil signé Graham Humphreys, aucune mauvaise surprise à attendre de cette livraison qui ne fait que reprendre les ingrédients dosés à a perfection sur les efforts précédents, pour les peser avec encore plus d’acuité.

Et sans aucune surprise, Sea Savage est un pur massacre de plaisir musical, agissant sur les fans de Thrash comme le chant des sirènes sur les marins perdus dans les limbes de l’inconnu.

Produit par Domo Dixon, mixé et masterisé par Zack Ohren, Sea Savage semble accentuer encore plus la folie qui animait les derniers efforts du groupe. Les courts morceaux de deux minutes qui cavalaient comme des dératés ont laissé place à des titres plus ambitieux, mais pas moins performants ou drôles, et en définitive, ce nouveau chapitre de la saga GAMA BOMB est bien sa tentative la plus ambitieuse, et ce qui se rapproche le plus d’un Comics Metal, dans le sens le plus noble du terme. On écoute ce LP comme on dévorerait une BD envahie de monstres improbables, et menée par une bande de héros incorruptibles, bien décidés à protéger les côtes irlandaises d’une attaque ennemie sous forme de Metal édulcoré ou trop sérieux. Avec son line-up inchangé depuis huit ans (Joe McGuigan - basse/chœurs, Philly Byrne - chant, Domo Dixon - guitare et John Roche - batterie), GAMA BOMB peut compter sur un équipage solide pour arriver à bon port, et nous offrir un voyage fantasmagorique dans les arcanes passées du Thrash, lorsqu’il représentait encore la forme d’extrême la plus euphorisante du marché. Et même les esprits chagrins qui accusaient le groupe de nous refourguer le même album à chaque intervention seront obligés d’admettre que les irlandais ont passé la vitesse supérieure, sonnant parfois comme l’union entre le meilleur groupe de Thrash du monde, et un combo Power Metal ludique et à cheval sur ses principes. Dès l’entame très OVERKILL de « Judo Killer » et ses accélérations fulgurantes, on sent le quatuor très remonté, et même si la double grosse caisse souffre d’une compression excessive, ces chœurs enfantins, ces riffs fluides et catchy, et ce chant en lead complétement torché nous entraînent encore dans une folle sarabande. Vous êtes donc priés de laisser vos cartouchières et autres bracelets cloutés au placard, et surtout, votre costume de fan de musique sérieuse et agressive. GAMA BOMB n’est pas là pour bander les muscles ou montrer les dents, mais bien pour nous prouver que le Thrash sait encore rester solide même traité au second degré.  

Avec une poignée de morceaux déjà disponibles sur leur Bandcamp depuis quelques temps, les irlandais accentuent les saccades, et présentent avec fierté les deux hits improbables que sont déjà devenus « Sea Savage » et « Miami Supercops ». Rois de l’up-tempo bouncy qui donne envie de mosher même dans une cave sans lumière, les GAMA BOMB dament le pion aux formations vintage trop portées sur le respect du classicisme, et transforment tout en fête, sans négliger la précision de leur instrumental. La voix incroyable de Philly Byrne fait encore des merveilles lorsque le capitaine se permet des délires à la Tony Harnell/Rob Halford, et ses gueulantes vous font remonter les bourses jusqu’aux narines, dans la plus grande tradition des vocalistes Metal de légende. On s’en rend compte sur l’hymne fatal « Sea Savage » qui semble pousser toutes les qualités du groupe à leur paroxysme, et qui nous gratifie de cassures, d’enchaînements diaboliques, de parties rythmiques affolantes de dextérité, le tout sur fond de mélodies transcendées par une vitesse d’exécution tout à fait respectable. Et après une telle entame de voyage, le passager serait tenté de croire que la vitesse de croisière va fatalement retomber pour adopter un rythme plus raisonnable, mais ce serait très mal connaître l’équipage que de croire qu’il est capable de freiner la machine pour ne brusquer personne. Avec des morceaux totalement Core dans l’esprit de leurs premiers trips (« She’s Not My Mother, Todd »), les irlandais prouvent qu’on n’a pas fait appel à leurs services pour construire le Titanic parce que leur accent était rigolo, et nous offrent un voyage au long-court moins court que d’habitude, en misant sur le professionnalisme de riffs toujours aussi pertinents, et en grand nombre.

Les fans du grand large Thrash seront aux anges, d’autant que Sea Savage ne donne aucunement le mal de mer. Le groupe a en outre la présence d’esprit de transcender son formalisme par des mélodies totalement hallucinées (« Ironblood »), tout en gardant à l’esprit que deux minutes de folie concises sont plus efficace que cinq minutes de démence flagrante (« Lords of the Hellfire Club »). Tout ce qui a toujours constitué les fondamentaux de ce groupe est présent sur cet album, qui enflamme l’adolescent en nous, toujours prêt à ressortir ses baskets pour aller plonger dans la boue. Et même en version longue, le quatuor ne perd jamais le nord (« Sheer Khan »), ni son sens de l’humour. Et les quarante minutes passent très vite, à tel point que comme une drogue, on y retourne pour rester dans cet état d’euphorie qui ne tire pas sur la léthargie. « Rusty Jaw » apporte un peu de légèreté, « Ready, Steady, Goat! » très tongue-in-cheek booste encore les neurones, et « Gone Haywire » achève la traversée dans une liesse de puissance et de joie de vivre. Quelle belle façon de terminer l’année avec autre chose qu’une grimace de dégoût sur le visage, et même arrivé tardivement au port, Sea Savage peut encore prétendre atteindre le sommet des Top de fin d’année. Ailleurs, nous voilà !!

      

                                                                                                                               

Titres de l’album:

01. Judo Killer

02. Sea Savage

03. Miami Supercops

04. She’s Not My Mother, Todd

05. Ironblood

06. Lords of the Hellfire Club

07. Sheer Khan

08. Rusty Jaw

09. Monsterizer

10. Ready, Steady, Goat!

11. Electric Pentacle

12. Gone Haywire


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par mortne2001 le 24/11/2020 à 14:41
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