Fondé en 2013/2014 par le guitariste JF Bertrand, STARLIGHT RITUAL a progressivement glissé vers un Heavy fortement influencé par la NWOBHM et donc ancré dans le mouvement nostalgique le plus symptomatique. Et après avoir publié un premier EP redistribué en France par La Fin Du Monde (Age of the Universe, 2017), après avoir foulé la scène en compagnie des plus grandes références du passé (DIAMOND HEAD, PAGAN ALTAR, GRIM REAPER, ANVIL), le gang originaire de Montréal offre enfin son premier effort longue-durée, et les fans d’un Metal franc du collier, mélodique et agressif seront aux anges. Evidemment, la recette n’a rien de novateur dans son exploration des racines les plus fermement ancrées dans le sol Heavy, mais l’attitude générale du quintet, son envie d’en découdre, et son talent pour retrouver le son d’époque en font un des plus dignes représentants de la vague old-school, et aussi l’un des plus crédibles. Car on retrouve au menu de ce premier long tout ce qui nous a crêpé le chignon à l‘orée des années 80, ces riffs seventies francs et massifs durcis d’une attitude anglaise totalement 80’s, ce groove dans le binaire rappelant les inflexions bluesy du Hard de la décennie précédente, et même ce timbre épique d’un chanteur ne confondant pas hurlantes qui nous les brisent et passion dévorante.
Forge (basse), Lou Weed (batterie), Dan Toupin et J-F Bertrand (guitares) et Damian Ritual (chant), ensemble depuis la création du groupe nous proposent donc une vision rétrograde de notre musique préférée. Mais ce premier LP, bouillant et enthousiaste excuse bien des astuces faciles, et permet à des compositions amples de développer une atmosphère épique, que l’on retrouvait déjà sur les disques d’un certain Ronnie James DIO. Mais il y a aussi du SAVAGE là-dedans, du DIAMOND HEAD, et évidemment, influence incontournable, du THIN LIZZY a plein régime, spécialement lorsque les deux guitares duellisent à la tierce pour ne pas désigner de vainqueur.
Sept ans de parcours commun, on le sent, les musiciens sont bien ensemble, se connaissent, et jouent avec une totale confiance. Cette aise rejaillit donc sur la musique, formelle, mais très agréable. Avec une intro sobre qui plante le décor, Sealed in Starlight aménage le voyage dans le temps avec précision, et lorsque la fusée démarre au son de « Marauders », on décapsule sa première bière en toute décontraction. Et on le peut, puisque tout est là, la rythmique implacable, les guitares aiguisées comme des couperets, le chant alerte et décontracté, et la tension progressive nous permet de supporter sans dommage l’accélération. On remarque immédiatement la hargne vocale de Damian Ritual, parfait frontman d’une formation solide, et la complémentarité des deux guitaristes Dan Toupin et J-F Bertrand, riffant classique, mais lâchant des soli inspirés et enflammés.
Rien de perturbant, tout est rassurant, mais cette ballade dans les étoiles d’antan est fort agréable. Doté d’une production qui aurait pu être signée Martin Birch il y a quelques années, Sealed in Starlight nous fait triper dans le temps et l’espace, et ne lésine pas sur les « look out ! » et autre gimmicks estampillés eighties. On pense à « We Rock », on pense aussi au groove du métisse irlandais, on pense aux mouvements fluides de la nouvelle génération anglaise de 79/80, à SAXON, et « One for the Road » de proposer un condensé du renouvellement métallique de la perfide Albion, tout en mimétisme glorieux. Difficile de croire que les musiciens viennent de Montréal et non de Londres, tant l’inspiration sonne européenne du début à la fin. Evidemment, les amateurs de sensations fortes et nouvelles en seront une fois encore pour leurs frais, mais les chineurs de brocante superbement achalandée seront satisfaits de cette première livraison, qui n’hésite pas à provoquer le côté punky du MAIDEN période Killers et Di’Anno (« Burning Desire »).
STARLIGHT RITUAL passe tout en revue, du quickie Heavy jeté sur les buches pour alimenter la braise, jusqu’à la grande suite épique plaçant ses notes dans les pas des épilogues de MAIDEN. « Sealed in Starlight », titre éponyme malicieusement placé à mi-parcours étonne de sa richesse et de son emphase dramatique, et nous permet d’apprécier le travail de composition léché et précis. Intro pleine de noblesse qui nous rappelle nos propres SORTILEGE, déroulé amené avec beaucoup de finesse avec une montée en puissance des deux guitares qui ne se gênent pas pour lâcher quelques licks addictifs, avant que la poudre n’explose enfin dans un feu d’artifices de soli complètement brillants et enflammant le ciel.
La seconde partie de l’album, déclenchée par cet orage de décibels se montre d’ailleurs plus ambitieuse, avec samples, effets accentués, et puissance décuplée, comme en témoigne encore une fois le très MAIDEN « Civilization Lost ». La basse est plus claquée, le chant plus affirmé, et l’instrumental plus dense, et Sealed in Starlight se révèle alors à son plein potentiel d’hommage à peine déguisé aux plus grandes œuvres de la NWOBHM. On trouve même du JUDAS PRIEST sur « The Riddle of Steel », ce qui démontre que les canadiens tenaient à honorer tout le monde, et si le boogie léger de « Lunar Rotation » nous ramène dans la galaxie de départ, le final « Righteous Ones » adopte encore une fois une posture Heavy pour nous laisser à quai avec une impression de voyage inoubliable dans les étoiles d’un passé qui est loin de se ternir.
La méthode old-school est connue, éprouvée, et commence depuis quelques années à montrer de sérieux signes de faiblesse. Mais avec des défenseurs de la trempe des canadiens de STARLIGHT RITUAL, le mouvement vintage a encore de beaux moments devant lui, pour peu qu’il soit scandé par des porte-parole capables et vraiment sincères.
Titres de l’album:
01. The Bell
02. Marauders
03. One for the Road
04. Burning Desire
05. Sealed in Starlight
06. Civilization Lost
07. The Riddle of Steel
08. Lunar Rotation
09. Righteous Ones
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