Il y a quelques années, huit pour être plus précis, j’avais interviewé les italiens de RESURRECTURIS au sujet de leur quatrième album, Nazienda. Pourquoi cette interview ? Parce que l’album semblait s’inscrire dans un revival Death de la scène italienne, et que le feu de la passion me semblait couver sous les cendres du Metal transalpin. Depuis, les faits ont confirmé mes impressions, et en 2023, tomber sur un groupe comme VISION DEPRIVED n’a plus rien d’étonnant. Bien au contraire.
Sous des atours classiques, ce quatuor milanais nous propose une vision dystopique, et son premier album est de ceux qui impressionnent durablement. On y trouve en effet tout ce que l’on aime dans ce style qui a souvent tendance à faire du surplace, mais qui se montre fascinant lorsqu’il accepte les obligations progressives. Les membres ont d’ailleurs une façon bien à eux de décrire leur art, via une formule lapidaire mais terriblement juste :
Gloomy, grime and dystopian Death Metal from Milano.
Simple, mais percutant et efficace. Self Elevating, Deep Inside The Void est en effet sombre, macabre, sent le renfermé, et traite de sujets d’importance. A la limite de l’Avant-Garde et de l’expérimental, VISION DEPRIVED évoque les meilleurs représentants téméraires du courant, citant parfois DISHARMONIC ORCHESTRA, PUNGENT STENCH, mais aussi la scène US de l’orée des années 90, pour proposer un mélange détonnant d’inspirations se complétant à merveille. Et dans les faits, cette volonté se traduit par une musique certes méchamment agressive, mais aussi technique, finement agencée, et constellée de plans accrocheurs qui évoquent la transition entre le Death formel et celui plus aventureux des années 96/97.
Morbide, oui, mais pas n’importe comment. Alberto (chant), Elias (guitare), Aldo (basse) et Carlo (batterie) évoquent parfois une rencontre à la médiathèque entre VOÏVOD et SUFFOCATION, les deux légendes devisant sur les avantages du Crust et des dissonances dans la déconstruction de la musique moderne. Self Elevating, Deep Inside The Void se repose largement sur les épaules d’un guitariste qui s’amuse de son propre talent, et qui est capable de pondre des licks mémorisables tout en piochant dans le bréviaire américain des SUFFOCATION et autres CANNIBAL CORPSE.
Le résultat : un MORGOTH sous stéroïdes qui poursuit sa carrière sans passer par l’étape Feel Sorry for the Fanatic, mais qui désire quand même progresser au niveau inventivité. Et sans aller jusqu’à tutoyer les légendes de l’incongruité, les italiens posent leurs jalons, et se dessinent un monde étrange, entre les Montres Molles de Dali et la violence d’un Bret Easton Ellis milanais, obsédé par la mort et la Camorra.
De fait, l’accumulation de plans donne le tournis, mais rien n’est jamais gratuit. J’en tiens pour preuve la durée très raisonnable de l’album, qui dépasse à peine la demi-heure, ce qui peut sembler un peu court au regard des ambitions affichées. Mais le plus important, est ce que cette durée restreinte permet au quatuor de maintenir la pression jusqu'au terme des chapitres, ce qui n’est pas chose facile quand on entame son aventure par une bombe de la puissance de « Massacre Of The Truth ». Volontiers porté sur la vitesse, le groupe n’en rechigne pas pour autant à imposer quelques humeurs plus pesantes, qu’il explose rapidement d’une embardée imprévisible.
Pour un premier pas, Self Elevating, Deep Inside The Void en est un de géant. Car on sent en arrière-plan des possibilités immenses, que le groupe exploitera surement plus en avant dans sa carrière. Mais le talent est là, le désir d’originalité aussi, et si les atmosphères sont toutes tamisées et noircies, la musique n’en dégage pas moins un sentiment de plénitude qui fait cruellement défaut à la vague old-school.
En attendant le jour où les italiens produiront le chef d’œuvre qu’on attend d’eux, ce premier jet satisfait au-delà des attentes, entre charge virulente et réflexion absconse. Bien que très mesuré dans le propos musical, VISION DEPRIVED se détache de la masse avec beaucoup d’intelligence, et nous propose même des idées sacrément groovy, comme cette basse ronflante sur l’imparable « Beyond Myself ».
Le reste n’est que conjectures, solidité rythmique, chant graveleux, changement de cap soudain, pour une histoire déjà racontée, mais avec moins de brio. Une façon de transcender les codes, pour produire un chaos agencé et maitrisé.
Titres de l’album:
01. Massacre Of The Truth
02. Deeper
03. Pledge Allegiance
04. Overturning Events
05. Realm Of Void
06. Lifetime Conviction
07. I Am
08. Beyond Myself
09. Mind Eraser Body
10. Randomly Somewhere
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