Vous êtes-vous déjà amusé à essayer de recenser tous les groupes de Thrash - actifs ou non - de la création ? Non, et moi non plus, en dépit de ma passion dévorante pour le genre. Mais si l’exercice vous tente, sachez qu’une astuce est disponible. Rendez-vous sur Encyclopedia Metallum, barre de recherche, choisissez « music genre » dans le menu déroulant, et tapez-y le mot « Thrash ». Vous voyez le résultat s’afficher ? Oui, et le chiffre est bon et bien réel. 26.491 entrées. Impressionnant non ? Impressionnant, mais pas étonnant pour autant, le style étant né à l’orée des eighties, et continue aujourd’hui de faire de plus en plus d’adeptes. Je ne reviendrai pas sur la prolixité de la scène revival, bien qu’un exemple supplémentaire nous en soit donné aujourd’hui. Non que le groupe dont je m’apprête à parler soit né de la dernière pluie, mais son troisième album si, du mois d’avril plus précisément, et risque fort de changer le destin de ce combo aux atours jusqu’à lors plutôt passe-partout. Et il est assez étonnant de constater à quel point un changement de line-up peut propulser un collectif dans une autre dimension, puisque les chiliens de WARCHEST peuvent maintenant se targuer d’appartenir à la première division du Thrash mondial, en un seul LP, et critique qui plus est, puisque le troisième. Mais osons-le dire avec fermeté, ce Sentenced Since Conception est non seulement une révolution personnelle, mais aussi une réussite éclatante au niveau artistique, bien loin de la moyenne tiède obtenue par ses deux aînés. Car jusqu’à présent, et pour rester jeune, WARCHEST, c’était sympa, mais pas vraiment de la balle, ni très frais. Leurs deux premiers efforts, malgré certains notables entre les deux ne faisaient pas vraiment partie de la crème de la violence, et prônaient des valeurs consensuelles réservées à un marché national. Alors certes, Aftershock thrashait, Downfall chutait vertigineusement, mais le tout très gentiment, et sans gêner le voisins, plus méchants.
Pourtant, on sait le Chili et l’Amérique du Sud généralement énervés, ce qui pouvait surprendre au jugé de la puissance somme toute modérée des déflagrations de 2011 et 2015. Mais depuis 2016, et l’intégration de Christofer Oros des OPONENTE à la basse et le passage de José Tomás García à la seconde guitare, il semblerait que les WARCHEST se soient senti pousser des ailes de brutalité, s’extirpant enfin de cette condition en enfermement de groupe lambda sans réel avenir. Et comme cette transition correspond au passage à l’international du quatuor (avec en sus Chris au chant et guitare, et Christiansen Oros à la batterie depuis 2012) via le label suédois Toxic Records, toutes les cartes sont enfin en main pour faire plier le monde au son d’une musique moins générique, et plus volontiers brutale. Et Dieu (ou Lucifer, au choix), que ce glissement fait du bien aux oreilles. En rapprochant sa musique d’un Death/Thrash à la INCUBUS/CARBONIZED, les quatre chiliens ont fait le choix du durcissement et de la radicalisation et leurs compositions s’en voient transfigurées. On assiste médusé à un festival de méchanceté que les presque homonymes de WARFECT pourraient méchamment envier, et que les fans d’un Thrash à option Death redoutable vont certainement aduler jusqu’à l’obsession. C’est donc à la renaissance d’un combo à laquelle on assiste, qui aujourd’hui peut prétendre jouer les premiers rôles, sans renier son passé, mais en se débarrassant de ses automatismes timorés les plus encombrants. Le leitmotiv de Sentenced Since Conception pourrait d’ailleurs être « plus vite, plus lourd, plus fort », et « Sentenced Since Conception » de le démontrer avec fougue et sadisme après une courte intro bien troussée. Tout ça va tellement vite qu’on se croirait revenu à la digne époque des américains bordéliques de VIKING, à l’exception notable que les chiliens jouent beaucoup plus carré et n’oublient pas des croches en route.
Assurément forts en gueule, mais avec les arguments idoines, WARCHEST nous en revient donc après un stage intensif de musculation en salle, les muscles saillant tronçonnant des saccades et syncopes diaboliques de précision, et enchaînant leurs plans à une cadence impressionnante. Vu de loin, le mélange semble résulter d’une acceptation de l’héritage sud-américain des SARCOFAGO/SEPULTURA, remis au goût d’une mode old-school qui ne tolère plus les approximations et l’occultisme de pacotille. A vrai dire, et sans exagération, seul le DARK ANGEL le plus incisif aurait pu à l’époque rivaliser avec autant d’intensité et de hargne, et les figures libres de Christiansen Oros ne font qu’accentuer cette impression de colère ouverte, lui qui multiplie les fills et les roulements suintants. Mais la basse a aussi son mot à dire, et les boucles maléfiques de Christofer Oros permettent à ses compères de se faire remarquer en possédant une section rythmique familiale en pleine osmose. L’unité générale s’en ressent, et « The Haunted Chapel » de déverser une gerbe de bile acide sur les tympans de l’auditeur, de ses riffs purement diaboliques et de ses BPM qui s’égrènent comme des millisecondes qui passent. Furieusement violent, ce troisième LP est d’une densité à rendre barges les adversaires allemand et américain, qui vont certainement prendre acte de cette émergence en chaos majeur, et tenter de se hisser à la hauteur. Sans vouloir accumuler les références qui de toute façon ne vous échapperont pas, Sentenced Since Conception est sans conteste le meilleur album de Thrash nostalgique de ce second trimestre, et laisse la concurrence à des sextolets derrière. Tout y passe, du break millimétré à la Beneath The Remains, au solo hystérique mais juste, en passant par les lignes de chant graves et hargneuses, sans oublier la pesanteur soudaine qui écrase l’âme. On en ressort complètement lessivé, d’autant plus que les chiliens n’oublient pas de se laisser aller à quelques intermèdes plus classiques qui font tourner notre SODOM en bourrique (« Spiritually Dead »).
Inutile de jouer le track-by-track, puisque vous serez happé dès les premières secondes jusqu’à la fin sans pouvoir vraiment réagir. Sachez simplement qu’aucune baisse de régime ni faute de goût ne viennent entacher cette réussite, et qu’en sus, les WARCHEST se paient le luxe d’un épilogue progressif, via les huit minutes du terrifiant « Repulsive Existence ». A ce moment précis, la frontière entre Death et Thrash est encore plus brouillée, malgré l’appartenance concrète au premier genre que le groupe revendique. Coup de folie en brutalité majeure, ce troisième chapitre de la saga chilienne est une véritable tornade qui dévaste tout sur son passage, et qui parvient même à égaler les miraculeux CRIMSON SLAUGHTER, ce qui n’est pas peu dire. Une transfiguration, et une barre placée si haute qu’on se demande comment le groupe va pouvoir assurer la suite sans se vautrer au premier virage. Mais d’ici là, ils auront trouvé les bons arguments et pourront prétendre à une place de choix dans la longue liste des 26.491 entrées déjà abordée.
Titres de l'album :
1.Caras De Muerte
2.Sentenced Since Conception
3.The Haunted Chapel
4.Spiritually Dead
5.The Course Of Death
6.Voice Of Insanity
7.A Reign To Decay
8.Self Executed Holocaust
9.Post War Paranoia
10.Repulsive Existence
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