Je me souviens très bien, lorsque j’avais posé mes frêles oreilles sur le troisième album des grecs de FLAMES (mais le premier que je découvrais), Summon the Dead, je me suis immédiatement demandé si ces roublards n’avaient pas accéléré les bandes en studio pour produire un effet aussi hystérique dans les riffs, qui atteignaient alors une vitesse dont même Kerry King et Gary Holt ne pouvaient rêver. La sensation était saisissante, et assez agréable dans la forme, bien que discutable dans le fond. La même impression m’avait agrippée lors de la dégustation du premier EP de MACABRE, et j’ai mis des années à la retrouver, me replongeant ainsi dans les affres du doute de ma jeunesse. Et je l’ai retrouvé en découvrant l’œuvre d’autres grecs, qui se foutent clairement des limitations de vitesse et autres considérations de modération. Car depuis leur émergence en 2009, les hellènes d’EXARSIS jouent constamment avec les limites de la norme, pour construire un mausolée à la gloire de la vélocité et de la folie vocale. En tant que thrasher de la première heure, je n’ai jamais pu résister à leur énergie totalement débridée qui se manifeste autant sur disque que sur scène. Ces mecs-là sont des vrais, des purs, qui ne conçoivent le Thrash que sous son aspect le plus emballé et décomplexé, imposant des lignes rythmiques complètement dingues, et s’en remettant au timbre improbable d’un chanteur qui a opté pour les cris de belette plus que pour les grognements classiques. En quatre albums, les athéniens se sont imposés comme les rois de l’underground, et pas seulement à cause d’un gimmick unique qui sert de fil rouge à leur discographie. En effet, en étant un minimum attentif, on remarque assez vite que le dernier morceau de chaque LP est le titre de l’album précédent, ce qui n’est pas pour déplaire à ceux qui aiment les indices laissés pour les initiés. Mais au-delà de cette petite fantaisie, le quintet est l’un des représentants les plus crédible de la violence européenne, et ce, depuis plus d’une décennie.
Et donc, trois ans après New War Order, les voici qui récidivent avec cette bombe qu’est Sentenced to Life, sans changer d’un poil de médiator leur approche. Le quintet (Chris P – basse, Christos T & Kostios F – guitares, Nick J – chant, et Panos M – batterie) se vautre donc encore dans la luxure d’un Thrash franc du collier, rapide comme un lapin fuyant des phares de 4x4, dément comme un schizophrène se prenant pour Bruce Dickinson, et évidemment sous influences, comme toute méthode old-school qui se respecte. Si d’aventure, vous ne connaissiez pas encore ces animaux-là, dites-vous que leur musique sonne comme le premier TOXIK passé en 45 tours, ou comme du EXCITER en 78. L’euphorie et la douce violence qui animent ces dix nouvelles pistes n’a aucun équivalent sur le marché, et renvoie dans les rayons soldés les GAMA BOMB, les TOXIC HOLOCAUST et autres WARFECT. Non que les EXARSIS soient meilleurs musiciens ou plus inspirés, ce qui n’est assurément pas le cas, mais la haute teneur en acide et en nitroglycérine de leurs chansons ne permet pas aux concurrents directs de tenir la comparaison, ce qu’on comprend très bien dès la bastos tirée point blank « Another Betrayal ». Guitares qui virevoltent comme des balles qui sifflent aux oreilles d’un pauvre gars qui se planque derrière des ruines, batteur qui ne connaît pas le sens du concept « mid tempo », basse en circonvolution comme un vieux vautour qui attend son quatre heures, et bien sûr, chanteur unique au timbre suraigu qui arrive même à faire passer Alan Tecchio pour un baryton à la Peter Steele.
Et ne commettez surtout pas l’erreur de croire que les segments de plus de cinq minutes sont là pour calmer le jeu, vous feriez une cruelle erreur. Mais écoutez « Mouthtied » pour vous en persuader, et entre deux soli bien torchés, et deux passages plus mid que la moyenne, la cadence d’abattage ne réduit pas d’une milliseconde, et les mecs sont toujours persuadés que la tortue est une vilaine mégère et que le lièvre est un male dans le sens le plus macho du terme. Et donc, ils courent, se précipitent, hurlent comme des vieilles à qui on a piqué leur sac à main et leurs commissions, mais prennent quand même deux ou trois minutes pour nous distraire d’un instrumental acoustique qui permet de reprendre son souffle avant de replonger en apnée (« The Drug... »). Fidèles à leur recette depuis plus de dix ans, les grecs n’ont pas l’intention de la remettre au goût du jour groove pour faire plaisir aux masses, et ne conçoivent le Thrash que tel qu’il était pratiqué par FLAMES, HOBBS ANGEL OF DEATH, RECPIPIENTS OF DEATH, toujours à fond, même si quelques intros plus mosh nous permettent de nous dégourdir les baskets (« Against My Fears »).
La première partie de l’album est donc furieuse, le milieu pas frileux, la fin justifie les moyens, et ces quarante minutes passées en compagnie des athéniens permettent d’atteindre le nirvana de violence fun, car malgré l’intensité qu’il dégage, à peu près égale au réacteur principal d’une centrale moderne, Sentenced to Life reste suffisamment léger pour enthousiasmer, constellé de chœurs à l’allemande, d’envolées vocales lyriques symptomatiques du Speed le plus débridé, et de fills démoniaques à la batterie. Le talent dans la fluidité des transitions de Panos est tout bonnement hallucinant, l’homme ne supportant ses baguettes qu’en les voyant floues du coin de l’œil, et en déplacement supersonique permanent. Toutefois, en combinant les optiques, le groupe parvient à pondre des hymnes fatals qui accrochent l’oreille et suspendent un peu le temps qui court (« One Last Word »), en aménageant quelques effets et en plaquant des riffs plus insistants.
Et tous les accros à l’hystérie la moins contrôlée seront heureux de retrouver leurs héros dans une forme olympique, et les voir gagner le sprint pour la cinquième fois consécutive. Cela dit, avec des accélérations de la puissance de « Interplanetary Extermination », je ne vois guère qui pourrait les rattraper, à part un GAMA BOMB sous stéroïdes, et en admettant que son organisme tolère le surplus d’énergie. Le tout n’est pas très original mais n’a jamais prétendu l’être, ce cinquième LP ressemble trait pour trait aux quatre premiers, mais il est inutile de jouer les blasés, puisque les EXARSIS sont toujours aussi uniques et attachants. Pochette au graphisme de premier choix, riffs taillés dans le muscle et garantis sans gras, organe de tête unique qui rappelle GRAVESTONE, batteur des Muppets qui s’éclate comme un bucheron tronçonnant sa femme adultère et son amant, Sentenced to Life est exactement le genre d’album qui vous fait vous sentir vivant. Et légèrement taré et pressé sur les bords. Et au milieu aussi.
Titres de l’album:
01. Cen$ored
02. Another Betrayal
03. The Truth Is No Defense
04. Aiming The Eye
05. Mouthtied
06. The Drug...
07. Against My Fears
08. One Last Word
09. Interplanetary Extermination
10. New War Order
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