Je n’ai rien contre le « c’était mieux avant ». Je l’applique moi-même lorsque je choisis un film ou un CD à écouter. Le problème, c’est que si ceux « d’avant » avaient eu la même attitude et le même reflexe, une kyrielle de styles musicaux n’auraient jamais vu le jour, et la production ressemblerait à un gigantesque Uroboros mondial, serpent se mordant perpétuellement la queue pour illustrer ce statuquo circulaire, et roulant sur les collines de la redondance comme un rocher en bas d’une pente. Alors, c’était mieux avant, OK, mais « c’était mieux avant avec un petit quelque chose de maintenant », c’est pas mal non plus, sinon mieux.
Ainsi, les MAUL proposent justement cette espèce d’entre-deux, un pied sur hier, l’autre foulant aujourd’hui pour le meilleur des deux mondes et des deux époques. On comprend assez rapidement que les influences de ces originaires de Fargo, Dakota du Nord se situent dans les années 90, lorsque le Death prenait une ampleur monstre sous les coups de boutoirs de Etats-Unis, de la Hollande et de la Suède. L’inspiration de ces malins se situe justement dans leur propre pays, circa 93/94. Guitares graves et circulaires, chant grognon et ronchon, rythmique polyvalente, tous les ingrédients sont en place pour nous traîner vers le passé par les cheveux, mais heureusement pour nous, le quintet est bien plus qu’une assemblée nostalgique de plus. D’ailleurs, ils le précisent eux-mêmes sur leur accroche promo :
MAUL (Fargo, ND) is a 5 piece death metal band blending elements of Hardcore and Sludge.
Alors, 5 piece, OK. Garrett Alvarado (chant), Anthony Lamb & Al Nikolas (guitares), Mike Griggs (basse) et Robby Anderson (batterie), l’addition est bonne. Death, avec éléments de Sludge et de Hardcore, certes, mais pas tout le temps, et loin de là. Par contre, là où nos chers deathsters se distinguent de la masse, c’est par cette utilisation de plans catchy qui nous éloignent des turpitudes OSDM habituelles, comme le démontre avec un panache indéniable « Seraphic Punishment ». Title-track dans toute sa noblesse, ce morceau classique accroche les oreilles, et résume à merveille le talent d’un groupe qui ne souhaite pas se contenter d’un bis-repetita. Et justement, en travaillant ses riffs pour ne pas qu’ils deviennent de simples prétextes à des grognements misanthropiques, ces musiciens font preuve de persuasion, sans perdre en ignominie.
Nous parlions de Sludge, et s’il est évident que le quintet n’en s’en approche pas de trop près, il sait l’utiliser pour densifier ses morceaux et les rendre encore plus performants. De fait, on gardera pour la bonne bouche le monstrueux et gluant « Repulsive Intruder », qui une fois encore use des bonnes méthodes pour fidéliser l’auditeur, et on conseillera aussi aux plus vifs l’injection en intraveineuse de « Monarchy of Mold », qui comme de l’argile se voit manipulé pour modeler un Golem grandeur nature venant se repaître de notre propre pourriture.
Il n’est guère étonnant lorsqu’on prend acte du parcours du groupe de constater sa maîtrise actuelle. Formé depuis cinq ans, MAUL a déjà un nombre conséquent de sorties à son actif, dont pas mal de démos, des EP’s, des splits, et même un live et une compilation. Des années bien chargées donc qui ont permis de roder le répertoire et d’éprouver la méthode, qui culmine aujourd’hui en une sorte de résumé global des tendances extrêmes modérées de ces trente dernières années.
Vilain mais carré dans l’honnêteté, ce Seraphic Punishment rappela évidemment un bon paquet de cadors de la violence sourde et glauque. Mais on peut avoir des influences remarquables et une identité propre, l’un n’empêchant pas l’autre. Jamais excessif malgré des accélérations briseuses de nuques, MAUL se préoccupe plutôt du caractère souple de sa démarche, avec ces riffs parfois purement Heavy Metal (« Deity Demise »), menant sur des breaks pachydermiques et morbides.
Avec en sus (mais sans supplément) quelques idées mélodiques cadavériques (« Buried in Resin »), une mesure dans le déroulé des titres qui ne dépassent presque jamais les quatre minutes, une production exemplaire (enregistrement par Jake Watson des Earl Studios, mixage et mastering par Andreas Linnemann), et une puissance ne se démentant pas du début à la fin, MAUL peut être fier de son travail, que ses fans attendaient quand même de pied ferme.
Alors, oui c’était sans doute, peut-être, éventuellement mieux avant. Mais l’après est aussi important, et à force de regarder derrière soi, on ne voit pas le gros poteau que l’on va se manger en pleine tronche. C’est ainsi que les MAUL se retournent sur le passé tout en gardant un œil sur le présent. Et finalement, c’est tout aussi bien.
Titres de l’album :
01. Of Human Frailty
02. Seraphic Punishment
03. Repulsive Intruder
04. Monarchy of Mold
05. Deity Demise
06. Buried in Resin
07. Invocations - Interlude
08. Oracular Burial Grounds
09. Infatuation
10. Carrion Totem
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30