On peut être suédois et jouer du Death suédois, c’est un droit. Non, je veux dire…on peut être suédois, et jouer du Death suédois qui n’en est pas que, c’est un droit aussi. Enfin, vous m’avez compris, je sais que l’héritage est important et qu’il est difficile de le mettre de côté, mais on peut quand même loucher un peu ailleurs pour voir ce qui s’y passe…Enfin moi c’est ce que je ferais néanmoins, d’autant que le Death international se découpe un peu comme les régions des DVD. Nous avons le zone 1, le Death à l’américaine, le zone 2, à l’européenne, le zone 3, à l’asiatique, le zone 4, Amérique du Sud et Australie, le zone 5, Afrique et centre Europe+Russie, et le zone 6. Bref, une fois cette analogie posée, et un peu grotesque il faut bien l’avouer, je dois reconnaitre que le Death des suédois de DESOLATOR serait un genre de zone 0, qui recoupe un peu tous les sous-genres existant, et qui synthétise toutes les grandes figures du genre. Fondé en 2009 à Stockholm, ce groupe assez indescriptible dans les faits propose depuis ses débuts un crossover assez intriguant, à cheval entre le classicisme de son propre pays et le radicalisme américain, le tout arrosé de mélodies amères typiquement slaves parfois, pour créer un univers sinon inédit, du moins inhabituel dans une galaxie old-school gangrénée par le formalisme. Le collectif, auteur d’une démo, d’un split, et surtout, d’un premier et solide LP, Unearthly Monument, ne nous avait guère donné de nouvelles depuis la parution en 2016 d’un EP savoureux, Spawn of Misanthropy, qui posait de nouveaux jalons. Quatre ans plus tard, c’est donc Sermon of Apathy qui prend le relais, et qui en sept morceaux seulement propulse les suédois dans une catégorie supérieure, sans que l’effort ne soit vraiment novateur.
DESOLATOR, c’est un peu le refus de la facilité des morceaux de quatre minutes qui reprennent les grandes lignes d’ENTOMBED, GRAVE et DISMEMBER. Leurs chansons sont longues, dépassent les six ou huit minutes, et développent cet esprit progressif qu’on apprécie chez les meilleurs représentants Death. Et Sermon of Apathy ne fait pas dans la demi-mesure, que ce soit au niveau des idées ou de l’interprétation. Les arrangements sont nombreux, efficaces, les parties individuelles notables, et la cohésion d’ensemble frappante. L’album a été mixé et masterisé par Jari Lindholm, et doté d’un artwork superbe d’Alex Tartsus (Art Studios), et présente un visage aux multiples facettes, aux grimaces de terreur en transit entre la Suède et les Etats-Unis. Sècheresse du ton, richesse de la mise en place, grandiloquence de la production, pour un voyage aux confins des racines du Death des années 2000, aussi morbide que puissant. Et en tant qu’ouverture, « Portal Tomb » donne le la, et confronte la rigueur mortelle et la puissance, misant sur la vélocité pour imposer son propos sur les premières secondes. Le quatuor (Stefan Nordström - guitare/chant, Joakim Rudemyr - guitare/chant, Jonas Bergkvist - basse/chœurs et Victor Parri - batterie) a donc encore fait des progrès depuis son dernier EP, et encore plus au regard de son premier LP. Ce second longue-durée est donc une solide affaire de Death métissé, qui utilise les mélodies les plus prononcées pour les fracasser sur une rythmique effective, et un chant guttural en dualité comme à la grande époque de DEICIDE. Mais intelligent et légèrement roublard sur les bords, le groupe louvoie, se permet des breaks bien sentis, des reprises fulgurantes, et agence ses titres comme de véritables œuvres de violence, et non de simples jets de bile à la face du bon goût.
C’est particulièrement manifeste sur le dernier titre de l’album, le long et envoûtant « The Great Law Of The Dead », qui ose même le featuring fatal, avec un solo offert par Karl Sanders (NILE). Ce parrainage en dit long sur le potentiel des suédois, et si leur musique se rapproche parfois des digressions orientales de NILE, il va plutôt chercher son inspiration à mi-chemin de VADER et IMMOLATION, avec évidemment cet ADN de Stockholm qu’il ne peut pas cacher. Un Death créatif donc, mais aussi bouillant, qui évite l’écueil de la complexité technique à outrance, mais aussi celui de la simplicité trop formelle. On apprécie particulièrement cette bousculade de plans permanente, qui fait entrer en collision des riffs différents, ces accélérations parfaitement maîtrisées, et ce chant grave et rauque qui décore le tout d’un glaçage particulièrement épais. Plus évolutif que progressif, DESOLATOR se montre plus ambitieux que son nom, mais sait aussi proposer des morceaux plus directs et simples, animés de plans catchy en diable, comme ce riff accrocheur sur fond de groove infernal en intro de « Adversarial Doctrine ». Loin des animateurs les plus unidimensionnels de la vague vintage, les suédois alimentent donc la chaufferie avec différents corps, et font brûler le cadavre du Death ricain des années 90, tout en soufflant sur les braises du bûcher de la haine de l’est.
Pas de remplissage, ou si peu qu’il est inutile de le souligner, de la puissance dans les moments les plus lourds (« Creatures Of Habit »), mais surtout, une volonté de proposer autre chose qu’un dépeçage à la petite semaine, avec guitares acoustiques, entrée maousse et mise en place redoutable sous pluie de blasts à l’occasion du foudroyant « Methods Of Self-Deception », l’épitomé de la formule de Stockholm. Sans vraiment chercher à dépasser les limites de l’originalité, les DESOLATOR se montrent plus créatifs que la moyenne, et malgré quelques redites maladroites ou thèmes un peu réchauffés, Sermon of Apathy fustige l’apathie de nombre de combos moins réactifs, et un peu trop focalisés sur la reproduction des sons d’époque.
Titres de l’album:
01. Portal Tomb
02. Adversarial Doctrine
03. Creatures Of Habit
04. Methods Of Self-Deception
05. The Human Condition
06. Vaticide
07. The Great Law Of The Dead
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