Lorsqu’on chronique Sermons of the Devouring Dead de CADAVERIC INCUBATOR, on sait généralement ce qu’on fait, et ce qu’on est en droit d’attendre. Les mauvaises surprises ne sont pas vraiment l’apanage des groupes qui choisissent tel nom de baptême, même s’ils attendent treize ans avant de pouvoir enfin proposer leur premier longue-durée. Mais dès lors, la seule question qui reste en suspens, sur des lèvres dégoulinant d’écume est la suivante :
Brutal Death, Slamming, Technical ou old-school putrid ? La réponse est dans la question est sous le bordel qui vous attend au détour des sillons de ce 12’’ proposé et distribué par Hells Headbangers Records. Plutôt la dernière option, avec une sévère base Death Grind qui ne s’adresse pas vraiment à ceux qui ont le cœur trop fragile. Malade du palpitant ? Passe ton chemin, ces finlandais grognant risquent de faire exploser tes ventricules à grands coups de rythmique qui t’accule, et d’encombrer tes artères d’émanations vocales coagulantes s’amassant telles des dépôts de graisse sur les parois. Ici, c’est la brutalité qui règne en maîtresse, et pas question de négocier. D’ailleurs, les mecs sont plutôt francs du collier sur leur approche édentée.
« C’est du Death Metal pour les accros au Death Metal, par des accros au Death Metal. Cet album est notre plus sincère doigt d’honneur à toutes ces merdes modernes se définissant comme étant du Death. On ne joue pas old-school juste pour le plaisir de l’être, mais seulement parce que c’est tout ce qu’on sait faire. C’est le genre de disque qu’on avait envie d’écouter, alors nous l’avons fait nous-mêmes ».
Et partant du principe de l’adage populaire qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Necroterror (guitare/chant), Pentele (batterie) et Noisehunter (basse) se sont enfin décidés à franchir le pas qui les séparaient de leurs débuts et d’une entame vraiment professionnelle, en nous offrant sur un plateau de tripes fumantes douze tranches saignantes de Death Grind bien épicé, et servi sans chichis, qui va renifler du côté d’EXHUMED, DISGORGE, CARCASS ou BLOOD de quoi nous tenir l’estomac. Les effluves sont nauséabondes, et ne flattent pas l’odorat, mais le résultat dégage un joli parfum mortifère de salle d’autopsie d’enfer, avec pile de cadavres empilés sans précautions, et médecin légiste qui les pèle comme des oignons. Après un parcours presque sans faute, et une première démo qui fit grand bruit (Resurgence of Morbidity, 2005), les CADAVERIC INCUBATOR ont enchaîné sur un split tripartite en compagnie des amuseurs publics de FETAL DECAY et MORTALIZED, avant de retomber dans les affres d’une nouvelle démo…presque dix ans après leurs derniers travaux d’embaumeurs (Unburied Abominations, 2014). Rasséréné par ce regain d’intérêt, le leader maximus Necroterror se senti pousser des os, et osa le coup de la compilation exhaustive (Unburied Morbidity, 2015), avant de se remettre à composer pour enfin permettre à sa carrière de décoller. D’où ce Sermons of the Devouring Dead qui ne bouffe qu’à un seul râtelier, celui d’un Death effectivement très marqué, et symptomatique d’une époque passée, ou l’agression ultime consistait à diluer l’acide de batterie de CARCASS dans un bain de fumier à la REPULSION, pour obtenir le cocktail le plus explosif et puant qui soit.
Opération répulsion réussie, puisque ce premier jet très concis nous gicle au visage comme du pus d’une plaie, nous contaminant les oreilles de son virus Death vraiment très agressif, qui a légèrement muté avec les années, et devenu de fait une machine de destruction massive. Pas une once d’originalité là-dedans, mais une efficacité optimale, et une joie de composer des hymnes barbares qui fait plaisir à entendre, tant que vous avez encore des tympans. Si les influences/références de l’école Earache sont palpables même à travers la peau, elles sont vite fondues par des sucs gastriques performants, qui font leur travail de digestion avec application. Une grosse basse grondante, des vocaux à la limite du Gore, une rythmique qui met tout le monde d’accord, entre écrasement des rotules et abattement vitesse grand V des clavicules, et le manège suit son tour de piste, avec une célérité qui parfois cède le pas à une lourdeur écrasante. Les choses sont mises au point dès « Gravestench Asphyxiation », qui effectivement vous asphyxie de ses blasts sans ménagement, avant de vous pulvériser de sa violence instrumentale à l’avenant. Ça joue en rangs serrés, le chant faisant office de troisième ligne rythmique, exhortant ses horreurs comme un chirurgien exigeant ses instruments pour découper les chairs, et l’on dodeline gentiment de la tête au son d’un énorme Death ventru, qui n’a rien oublié de son vécu.
Efficace, mais aussi ludique. Entre quelques prouesses rythmiques notables et des interventions de basse distordue, pas le temps de s’ennuyer, d’autant plus que le trio a privilégié les incarnations courtes, ne dépassant qu’en trois occurrences la limite impartie des trois minutes, pour trois morceaux n’étant d’ailleurs pas les plus inintéressants de la démonstration. Ainsi, « Rite Of Eibon » se complait dans une débauche de contretemps, menant hystériquement sa barque, avec force roulements, grognements, mais aussi astuces accrocheuses qui agrémentent sa dynamique pour la rendre plus épileptique. On désosse donc dans la bonne humeur et en pouvant se reposer sur une précision instrumentale notable, qui s’autorise même quelques dérapages d’ambiances poisseuses tout à fait délicieuses. Samples, lenteur post-mortem, qui s’accorde très bien d’un grand écart soudain avec le Grind le plus malin. Dans ces passages les plus bourrins, l’ombre de CARCASS plane bas au-dessus de la table d’opération, tout comme celle d’un MORTICIAN plus éduqué et moins grognon. Nous sommes entre gens de mauvais goût, et le plaisir non feint dure sa bonne petite demi-heure sans que l’ennui de la répétitivité de membres arrachés tombant sur le sol glacé ne pointe le bout de son nez gelé. D’ailleurs, comment résister à de petites gerbes comme « The Covenant Of Gore », qui assemble à la Frankenstein des segments Crust à des ligaments Grind, ou au concassage en règle de « Conceived In Filth », qui suppure de ses blessures, et nous offre un long développement prenant, qui enserre notre gorge en nous donnant la BENEDICTION ?
Impossible je l’admets, et le produit prend vite des allures de symphonie de malades complètement conscients de leur goût prononcé pour les pathologies avancées…
Ce manuel de dissection est tout à fait dans les normes de qualité, et gageons que les finlandais doivent être fiers de leur méthode Assimil pour tarés. Ils l’affirment bien haut et fort, Sermons of the Devouring Dead n’est rien d’autre que du Metal de la mort, porté en étendard et planté sur le dard d’un pauvre cadavre en rigor mortis. Pas ragoutant comme tableau, mais terriblement excitant.
Titres de l'album:
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