J’ai toujours trouvé cette situation ubuesque. D’ordinaire, lorsqu’un groupe se sépare d’un de ses membres, splitte, ou autre raison de scission, le ou les musiciens restant continuent leur chemin sous leur nom usuel pour peu que le dit nom appartienne à un musicien encore présent dans le line-up, et, les autres montent des projets différents pour continuer à exercer leur métier. Mais il arrive qu’un groupe se dédouble comme des cellules, pour donner naissance à deux entités différentes…portant le même nom ou presque. Cette situation ridicule est arrivée à YES dans les années 80, mais aussi à QUEENSRYCHE, VENOM, et aujourd’hui à JUDAS PRIEST, à peu de choses/lettres près.
On savait que depuis son départ de JUDAS en 2011, K.K Downing l’avait mauvaise. Il avait d’ailleurs rédigé deux lettres aux autres membres du groupe, l’une assez consensuelle, l’autre plutôt mordante et incisive. Les appels du pied avaient commencé lorsque le cinquantenaire du groupe approchait, K.K désirant faire partie de la fête, enthousiasme pas vraiment partagé par ses anciens frères d’armes. Alors, que faire ? Proposer autre chose ? Ou continuer le combat entrepris dans les années 70 pour imposer au monde une vision anglaise d’un Heavy Metal noble, lyrique, puissant et sans concession ?
Pour Downing, la musique du PRIEST est plus qu’une simple implication artistique, c’est un vœu pieux, un sacerdoce. Alors, puisque la porte des négociations s’est refermée plutôt brutalement, le guitariste a décidé de proposer sa propre vision des choses, et de continuer le travail entrepris des décennies auparavant. Le dernier album sur lequel on retrouvait la touche du blond frisotté était le très décrié Nostradamus, une sortie qui n’était pas vraiment digne de son parcours hors-norme. Alors, bien décidé à ne pas en rester là, K.K a contacté d’anciens comparses, dont Les Binks, batteur d’origine qui finalement n’a pas pu se joindre à l’aventure pour cause de blessure au poignet. Mais comme il fallait un digne successeur au grand Rob Halford, K.K s’est tourné vers sa doublure des nineties, Tim ‘Ripper’ Owens, trop heureux d’obliger et de retrouver sa gloire passée. Ainsi, épaulé par A.J. Mills (HOSTILE, guitare), Tony Newton (VOODOO SIX, basse) et Sean Elg (DEATHRIDERS, CAGE, batterie), les deux hommes se sont lancés dans une entreprise de rénovation du passé pour le mettre au gout d’un jour nouveau.
KK'S PRIEST est donc né, viable, et en bonne santé. Il propose une alternative plus personnelle et intime aux fans de K.K et de JUDAS, et ne cache pas sa fascination pour le passé d’un groupe qui a toujours représenté le Heavy Metal le plus noble et agressif. Inutile dès lors de se livrer au petit jeu des comparaisons et d’essayer de placer au même niveau des albums comme Painkiller, Hell Bent for Leather, Screaming for Vengeance et ce Sermons of the Sinner. Ce dernier n’est pas un classique, ne le sera probablement jamais, mais permet au guitariste et au chanteur d’affirmer leur passion et leur dévotion à un genre qu’ils n’ont jamais trahi.
Certains webzines ont parlé de déclaration d‘amour en traitant du cas de Sermons of the Sinner et je ne peux qu’abonder dans leur sens. Une fois passé l’intro un peu grotesque « Incarnation », « Hellfire Thunderbolt » met les choses au poing d’une entame complètement exubérante et explosive, avec cette guitare qui s’affole dans la tempête, et ce démarrage digne des plus grands classique du PRIEST. Downing a eu l’intelligence de se la jouer old-school jusqu’au bout, et de tenter l’hybridation entre Painkiller et Defenders of the Faith, comptant sur la voix toujours intacte de Tim Owens pour faire le lien entre les époques. Le son de batterie, très rétro, la basse linéaire, les soli mis en avant comme des bijoux dans un écrin de cuir, tous les détails ont été peaufinés, ce qui n’empêche pas l’album de garder une sincérité que l’on sent au moindre riff.
Plusieurs écoutes conforteront les die-hard. La patte PRIEST est évidemment très griffue, et les nombreux échanges entre les deux guitaristes sont aussi savoureux que ceux prodigués du temps de la collaboration Downing/Tipton. L’ambiance générale, surchauffée, portée par une rythmique aussi crédible que celle de Scott Travis, nous entraîne dans un passé que K.K n’oubliera jamais, et s’il ne fera pas partie des réjouissances de cet anniversaire en cinq décades majeures, il a eu la malice de s’incruster sur la photo de famille par un jeu de morceaux bien composés, et interprétés avec hargne.
Mais loin de se contenter d’une resucée des aspects les plus virils de son groupe de cœur, et malgré des allusions plus que frappantes au répertoire le plus musclé (« Sermons Of The Sinner »), KK'S PRIEST propose aussi des clins d’œil très prononcés à la NWOBHM, cette vague qui les a faussement portés à l’orée des années 80 alors même qu’ils accusaient déjà des années d’existence (« Raise Your Fists »). La légèreté et la fluidité dans le lyrisme ont aussi eu droit de cité, et le très modulé « Brothers Of The Road » sonne comme l’hymne de la route Rock qu’il est indubitablement.
Niveau jeu, K.K retrouve le panache qui a fait de lui l’un des guitaristes les plus appréciés du Metal, avec toujours ce touché si fin, ces crises de vibrato, et ces longs glissando nerveux. L’homme est en forme, remonté comme jamais, et ne s’est pas moqué de nous en proposant un répertoire vraiment solide. Sans oublier ses incursions en territoire épique et progressif, via le mystique « Metal Through And Through », qui rappelle que MAIDEN et le PRIEST n’ont pas été contemporains pour rien, ou ce final dantesque à la patte acoustique « Return Of The Sentinel » qui nous laisse sur des ambitions affirmées.
A-t-on besoin de deux JUDAS PRIEST ? La question n’est finalement pas si importante, et autant apprécier Sermons of the Sinner pour ce qu’il est : un solide album de HEAVY METAL en majuscules, et un serment d’allégeance jamais trahi.
Titres de l’album:
01. Incarnation
02. Hellfire Thunderbolt
03. Sermons Of The Sinner
04. Sacerdote Y Diablo
05. Raise Your Fists
06. Brothers Of The Road
07. Metal Through And Through
08. Wild And Free
09. Hail For The Priest
10. Return Of The Sentinel
J'avais eu un peu de mal il y a quelques semaines sur les premières écoutes du single "Return of the sentinel"...
Mais une fois l'album reçu et lancé dans la platine, c'est vraiment une pure joie de retrouvé le PRIEST.
Alors "A-t-on besoin de deux JUDAS PRIEST ?"
Quand on aime, on ne compte pas !!! !!! !!!
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