Vous prenez une galette à fajitas, un peu sèche et poivrée. Vous la truffez de dinde au lait de coco subtilement épicée, et vous insérez avec force un assortiment de condiments et poivrons, tomates…
Non, pardonnez-moi, je m’égare.
Non que l’aspect culinaire d’une chronique ne soit pas à prendre en compte, comme celui d’un album d’ailleurs, mais autant évoquer les bons ingrédients dès le départ sous peine de tomber dans l’allégorie déplacée.
Alors reprenons.
Vous prenez un tiers des KILLSWITCH ENGAGE, le guitariste Adam Dutkiewicz par exemple. Un tiers des bouchers de CANNIBAL CORPSE, en la personne fortement gonflée du cou de George "Corpsegrinder" Fisher, et un ex-tiers des THE BLACK DAHLIA MURDER, disons leur ancien cogneur Shannon Lucas.
Vous faites tourner les trois ensembles pendant quelques années, vous les laissez mariner leur admiration et complicité respectives, et vous attendez patiemment que le plus compositeur des trois propose au plus hurleur des deux autres de lui offrir un album/side project sur un plateau.
Entre temps, patientez quelques années que leurs groupes officiels sortent trois albums chacun histoire de laisser de la place dans l’agenda de tout le monde, et si vous n’êtes pas pressés, vous tombez un jour sur un nouveau cuistot improvisé ayant élaboré une recette sympathique, qui se présente sous la forme d’un plat récapitulatif du savoir-faire des trois officines pré citées.
Avec toutefois, créativité personnelle oblige, de sérieuses références aux fourneaux du maestro des casseroles en chef, puisque finalement, la part d’imagination a été assumée par la dream team des KILLSWITCH ENGAGE en l’occurrence, outre Adam, Jesse Leach qui s’est chargé de coucher les textes sur papier, alors même qu’il prévoyait un nouveau menu pour son restau perso.
Tout ça nous donne donc le premier, et peut-être unique album du super trio de l’extrême SERPENTINE DOMINION, qui conjugue donc la science Néo Death mélodique des KILLSWITCH, le gosier fort grave et endommagé Brutal Death de CANNIBAL, et la liberté rythmique des DHALIA. Le programme vous sied ? Je comprends, mais dites-vous une chose.
Si Serpentine Dominion tire son essence d’une source quelconque, c’est du côté du Nord des ENGAGE qu’il faut la chercher, même si Adam avoue ceci :
« Ça n’est pas du Death Metal à proprement parler, il y a beaucoup d’éléments mélodiques, mais le tout est beaucoup plus agressif et rapide que n’importe quel album de KILLSWITCH. Quant aux parties de batterie, elles sont tout simplement dingues »
En gros, ce qu’avoue ou pas à demi-mots Dutkiewicz, c’est que le projet/récréation SERPENTINE DOMINION se situe quelque part sur un point de convergence entre les trajectoires des trois groupes impliqués dans le concept. On retrouve évidemment la trademark des riffs de KILLSWITCH via le staccato d’Adam, la violence verbale des CANNIBAL, qui s’accommode fort bien des compromis harmoniques, et la percussion violente des plans rythmiques de Shannon, qui a chaussé les pédales du kit avec une aisance et une maestria qui en disent long sur ses facultés d’adaptation à une cadre plus radical.
Brutalité, mélodies, parfois très poussées, comme sur l’intermède acoustique « Prelude », qui laisse le pauvre George reposer son papier de verre vocal, et en définitive, une nouvelle émergence, qui doit beaucoup aux personnalités des trois musiciens, mais qui parvient à créer une sorte de nouveau courant, pas forcément original dans sa tentative de pousser la vague Néo Death sur des rochers plus tranchants, mais suffisamment surprenant par instants pour vous laisser dériver sur une barque pendant quelques minutes.
La patte KILLSWITCH est parfois un peu trop évidente, sur l’entame de « This Endless War » par exemple qui termine l’album et qui s’insèrerait parfaitement dans la discographie des originaires de Westfield, mais admettons en fin de compte, et malgré les réticences de départ, que la voix de Fisher s’est fort bien assortie aux riffs déliés par Adam et aux textes pondus par Jesse.
Certes, ça grogne, ça racle, mais ça le fait proprement, et sans jamais tomber dans l’excès gore dans lequel les CORPSE nous éclaboussent depuis tant d’années.
D’ailleurs, l’équipée sauvage avait lâché « The Vengeance In Me » histoire d’acclimater les foules à leur Crossover malin, et il est certain que ce court morceau fait partie des plus violents du lot. Mais ne vous attendez pas à neuf titres construits dans le même moule, le reste est bien plus abordable que cette saillie de boucherie qui ne laisse personne indemne, et qui finalement se rapproche plus de CANNIBAL que de KILLSWITCH.
Vous en trouverez des échos indéniables sur le furieux « On The Brink Of Devastation », qui lui aussi accumule les blasts et colères de guitares sans retenue, mais à vrai dire, fiez-vous plutôt aux harmonies amères de « Sovereign State », qui laisse enfin le caractère profond d’Adam remonter à la surface, et qui se pare d’atours plus symptomatiques de la musique habituelle des KILLSWITCH. Mais même dans ces moments-là, la voix impitoyable de George se fond dans le décor, et le mélange aboutit à un résultat médian très probant, qui pourrait propulser sans peine Serpentine Dominion au statut d’album de côté culte, à l’instar des premières œuvres de TERRORIZER, MEATHOOK SEED et autres BLOODBATH.
Le temps nous dira si Serpentine Dominion se retrouvera à la hauteur de la légende de World Downfall, Embedded ou Resurrection Through Carnage, mais en écoutant de petites perles barbares comme « Vanquished Unto Thee » ou « Jagged Cross Legions », et leurs compressions de double grosse caisse, leurs vocaux entremêlés et mélodiques, et leurs riffs sombres et tendus, il est fort possible que ce présage se réalise…
Culte d’ors et déjà, efficace comme une vodka tonic diluée dans une prune de contrebande arrosée de sang frais prélevé sur des barbelés rouillés, mais servie dans un joli verre de cristal, ce premier essai du trio all-star SERPENTINE DOMINION a largement de quoi vous occuper les neurones et la chevelure, et saura vous convaincre que parfois, les projets annexes ont largement autant d’importance que les affaires légales en cours.
« Les paroles ont été écrites spécialement pour lui. Il est un de mes chanteurs préférés, et je me suis dit qu’il n’y avait aucun mal à lui proposer le projet. Une fois qu’il a accepté, je me suis dit, « OK, allons-y » »
Parfois, la vie c’est simple comme une admiration qui débouche sur une concrétisation. Oui, les histoires d’amour peuvent aussi être violentes. Et puis, même Corpsegrinder a le droit d’être un peu romantique de temps à autres et de s’acoquiner avec des accointances pas forcément évidentes à la base.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
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