Le Death est devenu un putain de cirque…Entre le funeste Deathcore aux gravités épuisantes, le Brutal Death qui poursuit sa descente aux enfers, le Slamming qui tente tant bien que mal de nous coller des claques en balayant l’air de façon pathétique, le Technical qui abuse d’effets de manche pour prouver qu’il est aussi pointu qu’un déjeuner littéraire du dimanche, et le Progressive qui ne se sent plus pousser des ailes à force de se brûler aux flammes de la prétention, un fan de DEATH n’y retrouverait plus ses morpions. Tout ceci est certes hautement récréatif, mais n’y a-t-il pas plus à attendre d’un style qui dès le départ, annonçait une quête d’ascétisme et d’absolu qui a depuis été perdue en route ? Que cherchent et veulent ces musiciens aujourd’hui ? Repousser les limites du grotesque et du pathétique, singer les grandes figures en piquant des idées à droite à gauche ? Autre chose ? J’avoue que le débat me dépasse et que je préfère laisser ces questions en suspens, comme l’avenir du genre. Excusez-moi d’être un enfant du Death boom de 86/87 qui peut prétendre avoir tout entendu, et tout rendu, dans un énorme jet de fiel de bile qui aujourd’hui, tâche le tapis persan usé de mon salon. Mais après avoir encaissé les bourrasques initiales de la scène US, de celle anglaise, des remous glacés des flots scandinaves, j’avoue avoir fait le tour du problème à plusieurs reprises, et commencer à avoir le tournis.
Moi, mon Death, je l’aime toujours aussi primaire et primal, non dénué d’une certaine finesse d’exécution, mais toujours aussi capable de débiter des tranches de brutalité à la chaîne.
Alors, de là, tomber sur la perle rare, c’est comme traquer la proverbiale alésienne qui ne pointera jamais le bout de ses doigts glacés…
La mort, c’est aussi le choix de ces musiciens italiens, qui ont commencé leur carrière il y a une dizaine d’années. Les BLOOD OF SEKLUSION viennent donc de Modena, et ont déjà lancé sur le marché hagard une poignée de productions, dont une démo initiale (Flogging Deathstorm of Pain), un split en compagnie des TOOLS OF TORTURE / MACABRE DEMISE / PURULENT PHLEGM, mais surtout un premier LP (Caustic Deathpath to Hell, 2012), qui de ses treize titres semblait proposer un panorama exhaustif de la cause, en allant puiser ses références du côté des studios Sunlight, sans pourtant bouger de leur Italie natale. On a beaucoup glosé sur l’amour un peu excessif que les BOS portaient au Death froid et rigide suédois, mais il est certain que leur approche en est beaucoup plus proche que celle plus brutale des anglais, ou fatale des américains qui ont presque tout inventé.
Et à l’écoute de ce second LP, publié après cinq ans de silence sur le label allemand F.D.A. Records, on se dit que les choses n’ont pas vraiment changé, bien qu’un un apport de puissance puisse être remarqué. Ne faisons pas les malins et restons sereins, mais surtout francs, en affirmant que Servants Of Chaos a visiblement été accouché sans douleurs, après avoir passé des heures à s’envoyer Left Hand Path, Clandestine, Like An Ever Flowing Stream, Into The Grave, et autres produits de l’école Skogsberg. Est-ce pour autant un travers ? Non, puisque comme le disait Jean-Jacques, la musique est bonne, et cherche – une fois n’est pas coutume - à aérer ses vents glacés de quelques violentes bourrasques de brutalité made in USA, ce qui confère à ce pavé des allures de gigantesque parpaing qui vous tombe sur la tronche un beau matin.
Inutile de tourner autour du pot, Alberto Dettori (chant/basse), Marcello Malagoli (batterie/chœurs), Fabio Carretti (guitare) et Nicolò Bondioli (guitare), connaissent leur boulot par cœur, et abattent comme des forcenés pour nous convaincre de la pertinence de leur entreprise de débauche décibellique. Si aucune idée vraiment inédite ne vient perturber le bon déroulement de ce massacre clinique, la puissance qui se dégage de ce second LP fort bien produit (Brad Boatright, Audiosiege, étrange de le retrouver derrière la console pour un produit estampillé pur Death quand même) et flanqué d’une superbe pochette signée Paolo Girardi (à mi-chemin entre Joel-Peter Witkin et l’expo Our Body) est manifeste, et patente au travers de chaque riff distillé sans parcimonie. Les esthètes remarqueront un indéniable crossover de genres, qui toutefois n’occulte pas la passion des italiens pour le Death de naissance, et surtout, une implication radicale qui transforme chaque segment en symphonie de l’outrance, sans toutefois noyer l’ensemble dans un déferlement de haine un peu stérile. Alors, tout y passe, des licks bien morbides aux blasts limpides, en passant par des vocaux vraiment véhéments, qui vont chercher au plus profond des cordes vocales l’impulsion qui catapultera des lyrics concernés au cœur des principaux visés.
En substance, ça usine, ça turbine, mais ça produit et ça débite, histoire de ne pas laisser les cartons vides en attente de livraison.
Il est toutefois ardu de se montrer disert à propos d’un album qui refuse le désert de nuances qui n’ont pas lieu d’être, et de retranscrire en mots ce qu’une musique met quelques instants à dire. De là à affirmer que dès « The Desert of Lost Souls » tout est écrit et souligné, il n’y a qu’un pas que les moins conciliants franchiront sans hésiter. Il est certain que les minutes défilent sans vraiment chercher à nous déstabiliser autrement que par une puissance de feu assez concentrée…Mais l’opération fonctionne, parce que ces musiciens n’ont pas oublié de jouer, et surtout de composer concis et centré, pour ne pas se perdre sur la route des expérimentations usurpées. C’est donc une grosse dose de Death à la suédoise qui vous attend, mais qui n’en a pas pour autant oublié les prémices d’une déferlante US qui double la mise. On frise parfois la surdose de testostérone, à l’occasion d’un féroce « The Sun Shines No More », qui juxtapose la cruauté sans remords de la bande à Lars Goran Petrov et la fluidité du jeu de batterie de Steve Asheim de DEICIDE, alors que la conclusion ouverte et exubérante de « Amen » nous ouvre les pistes de perspectives encore plus mélodiquement brutales, en forme de résumé fatal de quarante minutes d’attaque frontale.
Pas vraiment de révolution depuis Caustic Deathpath to Hell, mais un recentrage qui évite la dispersion, et une durée qui tombe pile pour nous laisser en pamoison. BLOOD OF SEKLUSION signe donc avec Servants Of Chaos un véritable manifeste, mieux, une déclaration d’intention, qui de son titre, ne cache aucunement les siennes. Un bon gros Death à l’ancienne, qui accepte la modernité d’une production rondement emballée, et qui lorgne parfois sur d’autres frontières que celles de la Suède, sans remettre en question son allégeance. Un LP à réserver aux allergiques aux tendances contemporaines, qui croient encore que ce genre pérenne peut apporter du sang neuf à des veines salement nécrosées.
Titres de l'album:
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20