Vingt-trois ans de carrière pour les grecs de SOULSKINNER, dont trois sous pavillon TERRA TENEBRAE, c’est un beau parcours qui mérite tous les honneurs, d’autant que les musiciens n’ont jamais vraiment dévié de leur trajectoire brutale et mélodique. Durant ces longues années, de nombreux changements de line-up ont ralenti la progression du combo, qui ne compte plus aujourd’hui qu’un seul membre d’origine, le guitariste Bill Zobolas. Il est aujourd’hui entouré par Spyros Triantafyllou à la guitare depuis 2014, Kostas Analytis à la basse depuis 2015, Marios Lampouridis au chant depuis 2018 et George Canavaris à la batterie depuis 2019. Un line-up assez frais donc, avec deux nouveaux membres depuis le précédent LP Descent to Abaddon enregistré en 2017, et Seven Bowls of Wrath intronise donc Marios Lampouridis au micro, pour un nouvel effort qui se place dans une directe continuité. Pas de surprise, le quintet hellène pratique donc toujours ce Death Metal brutal mais hautement mélodique, assez proche de ce que la Suède prônait dans les années 90, soit un classique mélange de brutalité et de finesse qui fait la force de ce groupe au passé/passif remarquable sur la scène européenne. Hébergés par les espagnols d’X-Treem Music, les athéniens se sont donc senti en confiance, et nous ont concocté un panaché de leur longue carrière, avec quelques clins d’œil appuyés à leur passé, mais aussi une méchante envie d’aller de l’avant pour passer un stade supérieur. Enregistré et mixé par Bill Zobolas aux Red7 Studios, masterisé par Achilleas Kalantzis au Suncord Audiolab, à Ioannina, Seven Bowls of Wrath est donc une solide affaire de Metal extrême, empruntant au Heavy Metal, au Doom, au Death mélancolique, pour ne pas se contenter d’une charge unilatérale de quarante minutes.
Décoré d’un splendide artwork de Juanjo Castellano, ce cinquième chapitre sous le nom de SOULSKINNER est encore une fois une réussite flagrante, qui associe immédiateté du propos et grandiloquence de fond. Et c’est après une longue intro nous mettant dans le bain que nous plongeons dans le volcan en éruption, via le déluge de lave en blasts de « Night ». Cette nuit nous plonge dans les cauchemars d’un groupe qui ne conçoit que ses nuits noires, et le niveau hallucinant des musiciens permet aux compositions toutes les audaces, des accélérations brutales mais précises jusqu’à ces breaks dignes d’OPETH ou MY DYING BRIDE, majestueux, impériaux, mais aussi légèrement Doom. Mais avec des instrumentistes au background aussi chargé (la bande affiche des implications dans des groupes comme DYING RACE, NECRANTHEMON, REX INFERNUS, OBSECRATION, WOLFCRY, ABYSSUS, CARNAL GARDEN, CRYPTIC REALMS, NECROSIS, GRAVEBANE, NECRORGASM, KINETIC, ACEPTIC GOITRE, INCINERATION, MALLEDICTION, WASTEFALL, et VALET PARN), il était inutile de s’attendre à autre chose qu’un produit professionnel, ce que les premiers morceaux de l’album confirment assez rapidement. Sans changer quoi que ce soit à son optique, le groupe continue donc son chemin en se basant sur ses propres singularités, cette façon de plaquer des riffs lancinants sur des rythmes divers, souvent ultrarapides, mais aussi lents comme une fin de vie, et ce mélange d’atmosphère confère à ce nouvel LP une aura particulière, comme une ode sanglante à une vie de combat.
Rien de bien novateur dans le fond et la forme, mais du sérieux, de l’application et une poésie morbide qui donne envie de se plonger dans un avenir brumeux et incertain. On visualise bien en écoutant cette musique une lande désolée, aux hautes herbes, et une vieille bâtisse en arrière-plan, comme un pan de l’histoire grecque transposée dans une Angleterre complice. « The Principles Of Truth » et ses six minutes nous aide grandement à fixer des images sur la musique, combinant avec flair les atouts les plus naturels de DISSECTION, d’OBITUARY et des premiers PARADISE LOST, ce qui nous offre donc une combinaison entre le Death le plus abordable et le gothique authentique, cocktail agréable en oreilles qui permet au chanteur une certaine théâtralité dans son approche de conteur au timbre grave. Tout n’est pas indispensable évidemment, certains plans datent un peu, mais lorsque le groupe se rapproche d’un Black Metal de tradition, la sensation est réaliste et prenante, et « Eternal » de brouiller les pistes entre les styles, grâce à une habile collaboration entre la rythmique et les guitares. Capable d’imposer le lyrisme aussi facilement que l’efficacité la plus directe, Seven Bowls of Wrath est donc une affaire de pluralité, avec des inserts rapides et brefs (« Regeneration Of The Soul »), et des chapitres plus développés comme ce majestueux et ample « Primitive Light » qui retrouve l’amertume de l’extrême anglais de l’orée des nineties.
Impeccablement produit, animé d’intentions diverses, ce nouvel épitre à la gloire d’un Death Metal qui ne se contente pas d’en être est une réussite, même si la voix monocorde de Marios Lampouridis gâche un peu le plaisir arrivé aux deux tiers du métrage. Un peu plus de modulation aurait permis aux titres les plus ambiancés de sonner plus ouverts, tandis que son timbre sied parfaitement aux attaques les plus féroces. Et avec quelques chœurs placés judicieusement, des agencements solides et des enchaînements fluides, ce nouveau travail des grecs de SOULSKINNER permet de rompre habilement avec les trois ans de silence imposés depuis Descent to Abaddon, et de reprendre contact avec une fanbase qui sera certainement très satisfaite du résultat. Une démarque parfois habile du MORBID ANGEL de tradition, retranscrit dans une poésie amère à l’européenne, mais des passages vraiment forts, un sens de l’à-propos quand il le faut, et une alternance de chansons qui ne jouent heureusement pas dans la même cour inutilement. Un album que je recommande aux amateurs de Death varié et noir comme une nuit sans lune, mais mélodique comme une dernière rose mourant à l’automne.
Titres de l’album:
01. Tetraktys
02. Night
03. The Principles Of Truth
04. Eternal
05. Regeneration Of The Soul
06. Primitive Light
07. Seven Bowls Of Wrath
08. Angel Of Darkness
09. The Destroyer Of Worlds
10. The Death Seal
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49