SHREZZERS, ça vous dit quelque chose ? Si oui, bravo, vous êtes attentif à l’actualité musicale, sinon, je vous offre une sacrée chance de vous rattraper. Une chance sous la forme d’un nouvel album, le second pour être plus précis, quatre ans après la détonation 8-bit in your face and more de Relationships. La Russie a donc encore des armes à dégainer, et pas qu’en Ukraine heureusement, et ces quatorze nouveaux titres largement teasés prouvent que les trublions de Saint Petersburg ont gagné en verve ce qu’ils n’ont pas perdu en démence musicale.
Ce qu’ils ont perdu par contre, c’est leur ancien chanteur, d’où l’adoption du péruvien Diego Silva en renfort de Mark Mironov (batterie/chant), Vyacheslav « ChocoSlayc » Kavlenas & Vitalii Molokanov (guitares), et Artem Subichev (saxophone) depuis 2020. Le changement a donc internationalisé la bande, qui se partage entre la Fédération et l’Amérique du sud, et le cocktail est explosif, rafraîchissant, original, mais surtout, incroyablement équilibriste et affranchi de toute étiquette.
Les genres utilisés pour définir le groupe ont toujours été obsolètes avant même d’être employés. Et si je les reproduis en tags à la fin de cette chronique, c’est uniquement par paresse, puisque depuis 2019, je ne suis toujours pas parvenu à identifier le shaker dans lequel ces tarés mélangent leurs ingrédients. On pense à la France de CARNIVAL IN COAL, PSYKUP et même IGORRR parfois, mais aussi au Metalcore le plus américain dilué dans de la Pop de même nationalité, à du Néo-Progressif qui emmerde l’école de Canterburry, avec un poil de KARNIVOOL, ANIMALS AS LEADERS, THENUMBERTWELVELOOKSLIKEYOU…
…avec du saxo.
Oui, depuis le temps, ça n’étonne plus personne, les anches et le cuivre ayant été mis au service de tous les sous-genres du Metal, entre Hard-Rock à la HANOÏ ROCKS, les expérimentations de SHINING ou même (plus improbable encore) le Black Metal d’ARKHETH.
Toutefois, ne vous leurrez pas. La musique proposée par SHREZZERS n’est ni la plus originale, ni la plus branque du marché. En effet, sur une base de Metal moderne, les russes brodent des thèmes mélodiques, accouchent d’harmonies presque Pop, et finissent les arrangements au biseau pour s’écarter des normes. On pourrait presque parler de Djent revisité ou de Metalcore adapté et traduit dans un langage moins teenage, mais on préfère se laisser aller à la rêverie qui nous emmène loin des standards nostalgiques actuels, mais aussi loin d’un progressif pompeux et pompier recyclant les méthodes de YES et DREAM THEATER.
La technique est certes affutée, le jeu léché, mais l’énergie est palpable, et l’envie décuplée. L’alternance entre les passages éthérés amusés par un saxo mutin et les bourre-pif graves et syncopés est plus qu’agréable, et donne encore plus de dynamique à une base qui n’en demandait pas tant. D’autant que les farceurs n’hésitent pas à picorer dans d’autres poulaillers leur dose de grains.
On trouve donc des traces de R’n’B en mode Ragga sur « Temperatura » qui la fait grimper de quelques degrés, avec guitare à la Mark Knopfler en sus, de la souplesse en grand écart facial sur « Demure » qui utilise à bon escient les capacités de Lukas Magyar de VEIL OF MAYA (et avec cette fois-ci un sax purement eighties qui sent les néons et la résille de Madonna), des transitions étranges en B.O de film imaginaire payant son tribut à la Fusion Jazz/Rock (« Hangover », petite gueule de bois, et souvenirs agréables de Miami Vice), et du truffé de chez truffé entre Fauchon et MR BUNGLE (« Mastophobia »).
De tout donc, mais pas n’importe quoi, pour un résultat aussi disparate qu’il n’est homogène.
Si les plus ardents défenseurs du classicisme déploreront l’orientation parfois un poil trop Metalcore, les accros à la Fusion se délecteront du Hip-Hop urbain et dark de « PVRNHVB » à la basse incroyablement bien roulée. La précision dans l’attaque, la fermeté des choix, et cette direction artistique qui autorise toutes les audaces font de ce second né un montre de maîtrise, supérieur à son aîné mais sans le rabaisser, qui dans sa deuxième partie ose des choses moins évidentes que la première, même si « p7ay3rS » saura séduire les plus jeunes de ses œillades LINKIN PARK.
Mais il n’y a aucun mal à se sentir rajeunir à l’écoute d’un disque profondément ancré dans son époque de liberté et de culot. Et puis, mieux vaut une légère plantade sur quelques idées qu’une assertion old-school trop fermentée, d’autant que nombre de titres jouent sur plusieurs tableaux.
En biaisant, en tournant à gauche, en montant le talus, les SHREZZERS affirment leur individualisme et leur potentiel de leaders d’une génération qui n’en a rien à foutre des codes et autres petites cases bien définies. Et terminer un disque par le chaloupé « Jealousy » est clairement un aveu de détachement et de morgue de jeunesse. Mais on ne saurait reprocher à ces gamins de faire ce qu’ils veulent, puisque c’est lorsque la peinture déborde du cadre que le tableau devient intéressant.
Et puis vous n’oseriez pas refuser une bonne dose de sexe et de sax ?
Titres de l’album:
01. イントロ
02. Tabidachi (feat. Kaito of Paledusk)
03. 23
04. Gambit (feat. Adam Bentley of Arch Echo)
05. Libertad (feat. Michael Barr of Volumes)
06. Temperatura
07. Demure (feat. Lukas Magyar of Veil of Maya)
08. Hangover
09. Mastophobia
10. PVRNHVB (feat. Slicky D & C$L of Born of Osiris)
11. p7ay3rS
12. Phoenix
13. UVB-76 (feat. Cj McMahon of Thy Art Is Murder)
14. Jealousy
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