reviennent pour faire rougir notre séant à nouveau, via une bordée de titres toujours plus violents et agressifs. Les maîtresses dominatrices du Death/Thrash grave et puissant n’ont donc pas changé leur approche, à base de riffs efficaces et d’une rythmique infatigable. Et les anciennes NERVOSA de donner une leçon définitive à leur ancien groupe qui lui s’embourbe dans les clichés d’une production clean et d’une créativité frisant le zéro.
Mais CRYPTA n’existe pas qu’en comparaison d’un autre groupe. Le quatuor a depuis longtemps affiché des qualités individuelles et collectives notables, et de nombreuses rédactions avaient affiché leur soutien en 2021, qui ne manquera pas d’être renouvelé cette année.
En plein mondial féminin de foot, les originaires de Sao Paulo font mieux que leurs consœurs sur le terrain, et présentent un jeu tout en attaque, mais qui sait aussi temporiser pour observer et jouer le contre supersonique. Avec une confiance renouvelée du coach Napalm Records, CRYPTA marque des points, affiche une défense infranchissable, et tire des vingt-cinq mètres en plein dans la lucarne de notre sensibilité extrême. Et en l’état, Shades of Sorrow est une partie rondement menée qui se termine par un score écrasant.
Sans être foncièrement différent d’Echoes of the Soul, ce deuxième album pousse les choses un peu plus loin, fait souffler un vent de mélodies sur des guitares constamment en rotation, et nous éclabousse de sa classe bestiale, comme tout représentant brésilien qui respecte sa propre culture musicale. A cheval entre Death technique, Death/Thrash progressif et extrême plus généraliste, Luana Dametto (batterie), Fernanda Lira (chant/basse), Tainá Bergamaschi & Jéssica Falchi (guitares) proposent de revisiter le répertoire Death moderne, pour réconcilier la noirceur de DIMMU BORGIR et la classe de PESTILENCE.
Et sous un superbe artwork signé Raul Campos, se cache l’album le plus imposant et important de cet été 2023, un album réaliste, profond, réfléchi mais instinctif, strié d’interventions toutes plus folles les unes que les autres. L’utilisation intensive du vibrato sur les soli et riffs n’est évidemment pas sans rappeler la méthode MORBID ANGEL, et les brésiliennes pourraient même passer pour des cousines éloignées de notre cher Trey Azagthoth avec un peu d’imagination.
Mais des cousines méchamment remontées, et prêtes à en découdre. La magie de l’équilibre est encore plus efficace que sur le premier jet, avec des morceaux miraculeux nous entraînant dans un monde obscur, occulte, mais terriblement réaliste, comme le souligne avec emphase le monstrueux « Stronghold », suite de six minutes qui résume tous les arguments favorables aux musiciennes.
Il est, d’un autre côté, tout à fait possible de trouver l’opération un peu longue, avec ses cinquante-deux minutes de déroulé homogène, qui peut se répéter à l’occasion. Mais grâce à un habile jeu de chaises musicales, des interludes bienvenus (« The Limbo », simple, mais bien placé et inquiétant), des idées plus compactes et immédiates (« Lullaby for the Forsaken »), CRYPTA s’en sort sans encombres, et vient lever la coupe avec la satisfaction du travail bien fait.
Quel travail ?
Celui d’une basse qui ne se repose jamais, d’une paire de guitaristes inspirées et fines techniciennes, et évidemment, d’un chant raclé et hurlé à pleins poumons, qui domine un instrumental sans pitié. Je ne cacherai pas qu’amputé d’un ou deux titres, Shades of Sorrow eut été encore plus efficace. Mais puisque le choix ne nous est pas donné, autant se concentrer sur les points forts, développés en de nombreuses occasions. Si le schéma global reste le même avec cette succession permanente de licks et de fills, l’énergie, la sincérité font que le voyage ne paraît pas si long, grâce à des étapes bien construites et brillamment amenées (« Agents of Chaos » qui cite dans le texte le MORBID ANGEL de Covenant et Blessed Are The Sick).
Le puzzle est donc complet, et toutes les composantes utilisées. On soulignera dans un esprit d’objectivité le son un peu trop compressé et clinique de la batterie de Luana Dametto, dont les toms résonnent d’un écho de boite de thon, les systématismes de l’attaque vocale de Fernanda Lira qui gagnerait à inclure des passages en clair dans ses harangues, mais l’un dans l’autre, et au bout du compte, les reproches ne sont que les formulations mineures d’un auditeur enchanté par ce qu’il a entendu.
Et subi.
Car l’intensité ne se relâche guère, et la seconde partie de l’album se montre aussi féroce que la première. Elle se termine par une outro de circonstance, mais la réelle fin se cache dans la bestialité bouillante de « Lord of Ruins », sorte de gentleman qui contemple les ruines de feu son domaine après passage éclair des brésiliennes.
Excellent disque, excellent groupe. Il reste encore à synthétiser les démonstrations et abandonner certains réflexes un peu faciles, mais le temps jouera en faveur de CRYPTA, ses hordes épaississant avec les années.
Titres de l’album:
01. The Aftermath
02. Dark Clouds
03. Poisonous Apathy
04. The Outsider
05. Stronghold
06. The Other Side of Anger
07. The Limbo
08. Trial of Traitors
09. Lullaby for the Forsaken
10. Agents of Chaos
11. Lift the Blindfold
12. Lord of Ruins
13. The Closure
Effectivement la voix manque de modulation... A terme ça rebute un peu... Perso sur les deux titres écoutés les solos m ont fait penser à death ...crypta a réussi à assembler tous les meilleurs éléments du death des années 90 ... C est plaisant à écouter c est l'essentiel
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