Ça faisait déjà un moment que j’entendais parler de ce projet via des posts réguliers sur Facebook et autres entrefilets sur les webzines. Sans vraiment m’empêcher de dormir, la nouvelle avait éveillé en moi un intérêt certain, de ceux qui naissent lorsque les projets Frontiers commencent à aboutir. Dans le mille, vous avez deviné, Serafino n’a pas pu s’empêcher une fois de plus de rameuter la crème des musiciens historiques pour mettre sur pied un nouveau supergroupe, dans la plus grande lignée des dernières productions de son label. Et si ce fameux concept d’union de talents du passé et du présent n’a pas toujours marché à plein régime, le célèbre label transalpin a su rétablir la tendance il y a quelques années pour éviter de nous les briser avec des egos à satisfaire sur fond de musique passéiste tout à fait dispensable. On évitera ici de reproduire sur papier virtuel toutes les opérations réussies par le facétieux et roublard CEO italien, mais autant admettre la réalité : ce nouveau concept BLACK SWAN tient admirablement bien la route, malgré des pedigrees chargés et des âges avancés. En regardant les photos promotionnelles du groupe, et en reconnaissant ces faciès fatigués, on reconnaît immédiatement des garants de la légende Hard-Rock des eighties. Avec en pivot central un Robin McAuley (GRAND PRIX, MSG) autour duquel toute l’entreprise s’est articulée, on se dit que les années passent vite, et en remarquant juste à ses côtés le visage très marqué de Jeff Pilson (DOKKEN, FOREIGNER), on comprend que les heures de gloire de ces musiciens sont loin derrière eux. Tout ceci en fait il des guerriers dépassés et plus aptes à prendre leur retraite qu’à fouler les scènes du monde entier ? Pas vraiment, puisque lorsqu’on se décide à écouter le fruit de leur collaboration, la sentence tombe, implacable. Ces mecs-là sont encore verts, et leur passion intacte. Alors oui, le projet BLACK SWAN est viable, et les chansons composées irrésistibles, dans un créneau nostalgique qui ne réfute pas quelques théories sonores plus contemporaines.
Les deux larrons n’ont pas fait le travail seul, mais en collaboration avec un autre boulimique de musique, l’infatigable Reb Beach (WINGER, DOKKEN, THE MOB, WHITESNAKE, FIONA). Une fois le trio constitué, la phase de composition pouvait commencer, et c’est une fois achevée que les trois vœux potes se sont décidés à recruter un batteur, en l’occurrence Mike Starr (BURNING RAIN, Ace FREHLEY, Mr BIG), trop heureux de se joindre à l’aventure naissante. L’homme plaqua ses rythmiques solides en quatre jours chez Jeff Pilson, et Shake the World était né. Et autant dire que ce premier album a de quoi satisfaire les nostalgiques des années 80 tout autant que les amateurs de Hard Rock classique bien dans son temps. Se situant dans la lignée de tous les supergroupes assemblés par la maison de disques italienne, ce premier LP présente donc le visage d’un groupe soudé et uni, et il n’est pas étonnant de constater l’enthousiasme de Mike Starr qui pour la première fois de sa carrière n’a pas le sentiment d’être juste une pièce rapportée. Les quatre musiciens n’ont donc pas fait semblant de s’entendre comme larrons en foire, mais ont composé une musique riche, pleine, précise et ciselée, mais avec ce naturel qui transforme les albums de commande en véritables œuvres personnelles, et les allusions répétées au passé des instrumentistes ne doit pas cacher la vérité d’un concept viable. On prend conscience du caractère authentique de l’album dès l’entame « Shake The World » qui après un gros riff bien plaqué nous entraîne sur la piste d’un Hard-Rock de haute volée, comme seuls les groupes d’il y a trente ans savaient le pratiquer. On pense évidemment aux combos dont ont fait partie les quatre musiciens, spécialement DOKKEN et MSG, mais on pense aussi à la génération précédente des DEEP PURPLE, pour cette façon de teinter de classe une sauvagerie spontanée.
Enregistré dans les studios de Pilson, Shake the World ne pâtit donc pas de la standardisation des productions Frontiers assurées par Del Vecchio. Le son est brut de décoffrage, sans artifices, et confère aux morceaux une patine réaliste qui nous dévie des trajectoires un peu trop parfaites. D’ailleurs, conscient des enjeux et des sensibilités de chacun, le bassiste a laissé de l’espace à tout le monde, sans mettre le leader naturel trop en avant. C’est pour ceci que nous pouvons apprécier la voix toujours aussi précise de Robin McAuley qui n’a rien perdu de sa verve, quel que soit le contexte. Et le contexte est multiple sur cet album, puisque les ambiances vont du boogie infernal (« Big Disaster ») à la ballade lacrymale (« Make It There »), soit le survol le plus complet d’une décennie que les protagonistes n’ont que trop bien connue. Mais loin de verser dans la nostalgie d’heures de gloire qui sont maintenant derrière eux, Robin, Jeff, Reb et Mike ont préféré se concentrer sur leur présent sans oublier leur passé, ce qui leur permet de mélanger les fragrances, et de tâter discrètement du Sleaze Rock sur certaines interventions plus musclées que la moyenne (« She's On To Us », au parfum très MÖTLEY CRÜE). Rois du Rock direct et sans trop de fioritures, les musiciens ont préféré rester eux-mêmes et lâcher les watts sans arrière-pensée, ce qui autorise à Shake the World ce mélange de classicisme et de modernisme, mixant la hargne adolescente et la maturité (« The Rock That Rolled Away », classique burner, mais qui fonctionne toujours). Pas de grosse surprise donc à attendre d’un disque qui prône des valeurs traditionnelles, mais une qualité tout simplement bluffante et constante, malgré la durée pouvant paraître rédhibitoire. Et les hits s’alignent, justifiant l’assurance de Pilson qui jugeait le projet « au-delà des attentes les plus folles », ce qu’un morceau aussi accrocheur que « Long Road To Nowhere » prouve de son refrain collégial.
Sans forcer leur talent, les mecs déroulent, en profitent pour placer quelques interventions soulignant leur talent intemporel, et signent parfois des manifestes Melodic Rock proches de l’AOR, mais toujours suffisamment puissants pour ne pas sombrer dans la guimauve (« Sacred Place »). Et au fil des chansons, on se rend compte que Shake the World n’a pas grand-chose à envier aux classiques des groupes mythiques dont les musiciens ont fait partie, ce qui est tout de même assez incroyable. On sent des réminiscences seventies, les mêmes que Robin et Jeff mettaient en exergue au début de leur carrière (« Unless We Change »), des traces profondes d’eighties brillantes, mais aussi de l’émotion (« Divided/United »), soit à peu près tout ce qu’on attend d’un album de ce calibre. Belle démonstration de plaisir collectif, ce premier album du projet BLACK SWAN est une vraie réussite, et un disque qu’on réécoute avec plaisir, finissant par oublier qu’il a été composé par des hommes aux années accumulées. Si la jeunesse du corps n’est pas éternelle, celle de l’esprit défie parfois le temps.
Titres de l’album :
01. Shake The World
02. Big Disaster
03. Johnny Came Marching
04. Immortal Souls
05. Make It There
06. She's On To Us
07. The Rock That Rolled Away
08. Long Road To Nowhere
09. Sacred Place
10. Unless We Change
11. Divided/United
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