Shambles

Dobytčí Mor

30/04/2024

Bizarre Leprous Production

Deux groupes tchèques pour la même matinée ? Voilà qui n’est pas banal, et qui permet de faire plus ample connaissance avec la scène de ce pays, une scène ouverte, diversifiée, et autant portée sur l’extrême que sur la finesse. Et justement, nos amis de cette seconde moitié de demi-journée pratiquent le contraste avec un panache indéniable.

   

DOBYTCI MOR est une institution brutale en son pays. Une sorte de prophète de brutalité dont chaque déclaration est appréciée à sa juste valeur. Alors que le groupe semble exister depuis l’orée des années 90 (sous un autre nom), sa production discographique est beaucoup plus récente, avec pas moins de quatre albums parus entre 2011 et 2017. Largement de quoi se tailler une réputation enviable, et totalement justifiée. Car dans le créneau du Death/Grind, la parodie est facile, le classicisme timoré encore plus, et l’originalité est donc appréciable, ce que confirme ce cinquième long tardif, Shambles.

Petr Šarina (basse), Daniel Kanálik (guitare/chant) et Aleš (batterie) se proposent donc de revisiter l’extrême avec une petite touche de flair d’Europe centrale. Coincée entre l’Allemagne, l’Autriche et la Pologne, la République Tchèque possède ses propres codes, nés d’un métissage européen, qui lui permettent de se démarquer des homologues américains ou russes. C’est ainsi que Shambles se partage entre Death brutal, Death mélodique et Grind raisonnable, ce qui a le mérite d’en appeler à la sensibilité de divers publics.

Loin du faisandé qui pue, ou du stérile qui n’a que trop vécu, Shambles est une pièce aussi tendre que gouteuse, et surtout, un exercice de style à trois qui prouve que la bestialité peut être domptée sans être castrée. Quelque part entre CARCASS, AT THE GATES et le vieil OPETH, DOBYTCI MOR se montre aussi agressif que catchy, et un titre aussi accrocheur que « Mutation Genome » prouve que ces musiciens désirent un peu plus qu’un simple boucan Gore prévisible.

Ceci étant dit, le trio devait s’excuser pour son long silence. Alors que ses quatre premiers albums étaient séparés d’une ou deux années, Shambles accuse sept ans de différence avec son aîné The Famine. On sait que le temps est capricieux et que la mémoire est sélective, mais dès les premières notes de « Shambles », les die-hard sauront reconnaître leur groupe fétiche toujours aussi à l’aise dans ce Crossover bancal, mais étonnamment persuasif.

Redoutablement bien produit, émaillé de petites fantaisies rythmiques qui sont caractéristiques des audacieux, mais symptomatique de la brutalité made in Tchéquie, ce nouveau chapitre de la saga est bien agencé, bien dosé, et plus proche d’un Death mélodique sévère que d’un Death/Grind que l’on ingère (de force). Ainsi, l’instrumental « 1991 » permet d’apprécier un peu de douceur harmonique, avant que les débats ne s’emballent une nouvelle fois à la cadence diabolique de « Machinery ».

Si au départ les attentes (pour le néophyte du moins) se placent au niveau d’un Death grivois et barbare, elles changent au bout de quelques minutes pour s’adapter à un art beaucoup plus fin. Truffé de riffs catchy, de cassures précises et d’embardées en blasts millimétrés, Shambles se montre performant, et loin de la faune bigarrée des bouchers en mal de sang frais. Alors, si votre but avoué est de gigoter au son d’une régurgitation animée, autant passer votre chemin. Les tchèques n’ont pas l’intention de jouer les bouffons, et préfèrent signer et soigner de véritables hymnes de saison, comme ce lapidaire mais réfléchi « BSE ».

De vraies ambitions, des capacités irréfutables, pour un bal masqué propre et respectueux d’une certaine étiquette. Rapide mais sous contrôle, méchant mais à l’aise dans son rôle, Shambles nous réserve toutefois quelques vilaines braises, comme en témoigne le très SM « Sex Passion ». Ne vous laissez pas abuser par ces titres qui évoquent sans équivoque un Death viandard et porté sur les sévices les moins avouables. La réalité musicale en est très éloignée, même si le trio sait faire parler le démon qui est en lui lorsqu’il le faut (« Cattle Storm »).

D’ailleurs, la fin de l’album est relativement différente, avec des titres plus courts et plus concis, et donc plus à même de séduire une audience purement Death. Mais même lorsque la température monte, la précision ne fond pas, et le mélange est toujours aussi détonnant (« Psychomutilated »).

De tout pour tout le monde, tel pourrait être le leitmotiv de cette bande éminemment sympathique. Sans bousculer le top 10 des mastodontes du créneau, DOBYTCI MOR prouve qu’il reste un challenger de taille, dont le talent peut lui valoir quelques récompenses méritées. Et si d’aventure votre journée avait mal tourné, vous pouvez toujours utiliser « Machine Gun » comme l’exutoire dont vous avez besoin.

Un album solide, qui montre les crocs, mais qui ne mord jamais sans raison.

    

      

Titres de l’album :

01. Shambles

02. Bio Anarchy

03. Mutation Genome

04. 1991

05. Machinery

06. BSE

07. Sex Passion

08. Infected

09. Cattle Storm

10. Psychomutilated

11. Putrid Gravity

12. Machine Gun


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par mortne2001 le 03/08/2024 à 17:27
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