Une tranche de brutalité nous venant d’Allemagne ne se refuse pas, surtout lorsqu’elle est de cette qualité. On sait depuis fort longtemps que nos cousins germains sont les maîtres en la matière, mais on apprécie qu’ils nous le rappellent avec autant de conviction et de véhémence précise. Né en 2018 après avoir battu pavillon pendant quatre ans sous la bannière GODMACHINE, les PROCESSOR n’ont pas vraiment trainé en chemin ni confié leur destin à un vieux Pentium 75, puisque Shapeshifter est déjà leur second LP en deux ans d’existence, ce qui en dit assez long sur leur créativité. Nous en venant de Landsberg am Lech en Bavière, ce quatuor (Matthias Hansel - batterie, Jul - chant, Julian Planer - basse et Christian Kirr - guitare) nous propose donc un cocktail assez relevé de Death/Thrash de première catégorie, s’aventurant même sur les terres fertiles du Techno-Thrash et du Death progressif, évoquant parfois la scène suédoise des années 90 comme leur propre mouvement technique des années 80. Les comparaisons peuvent donc être nombreuses, d’AT THE GATES à DEATHROW, en passant évidemment par KREATOR, mais aussi les moins évidents GOJIRA et OBLIVEON, pour un résultat violent mais parfaitement équilibré, distillant la violence avec beaucoup de lucidité dans oublier les mélodies au placard de la bestialité. En résulte donc un album surprenant, d’une qualité constante, avec des compositions ambitieuses, frisant ou dépassant les huit minutes sans jamais manquer de jus. Doté d’un son sec mais ample, Shapeshifter permet de mettre en valeur les performances individuelles et l’action de groupe, mais tout le monde s’accordera du jeu extraordinaire du batteur Matthias Hansel qui s’amuse beaucoup avec sa ride tout en assurant des accélérations phénoménales.
De là découle un disque formidablement homogène, aux nombreuses parties complexes, mais aux riffs qui savent aussi être francs et mémorisables. Inutile de nier que l’influence du DEATH de légende plane bas au-dessus de certaines compositions plus alambiquées que la moyenne, dont cette fabuleuse et progressive « Into Oblivion », qui n’aurait peut-être pas dépareillé sur le chef d’œuvre Human. Et après quatre saillies d’une puissance incroyable, les allemands s’accordent un moment d’ambition, avec le long et sinueux « Hivemother [Swarm of Ishtar] » qui de son intro orientale nous prévient d’une longue procession à venir. Parfaitement distillées, les idées se mettent en place avec beaucoup de souplesse, et les harmonies amères se superposent à un jeu rythmique presque tribal, avant que le thème principal ne s’impose avec beaucoup de fermeté. Aussi Death qu’il n’est Thrash, ce titre rappelle EDGE OF SANITY, mais aussi SUFFOCATION, MORBID ANGEL, et synthétise le meilleur de la scène Death de l’orée des nineties, avec une acuité désarmante. Capacités techniques largement au-dessus de la moyenne, basse qui roule et ondule, parties de double grosse caisse analogiques, chant grave et graveleux, pour une osmose globale impressionnante de cohérence. Sans vraiment faire preuve de culot, mais en recyclant avec flair, PROCESSOR nous offre une démonstration de nostalgie décomplexée, et qui a bien raison de l’être. On reste assez admiratif de cette capacité de passer d’un style à l’autre sans n’en trahir aucun, et ce titre se pose en acmé d’un album qui finalement, ne connaît pas de baisse de régime.
Il peut bien sûr être placé à la même hauteur que le final dantesque de « [der Laplace'sche] Dæmon », plus expérimental sur ses premières mesures presque VIRUS, mais vite ramené dans le giron de l’efficacité aplatissante, avec encore une fois des clins d’œil pas vraiment discrets, cette fois-ci en direction du OPETH de début de carrière, avec cette lancinance oppressante MAIS poétique. Terriblement à l’aise en format long, le quatuor se montre aussi rudement efficace en format plus condensé, lâchant ses riffs les plus catchy sans renoncer à ses prétentions techniques. En quelques minutes, les allemands arrivent à caser plus de plans que leurs concurrents sur un disque entier, et se montrent persuasifs lorsqu’il s’agit de mélanger le Heavy le plus populaire au Death le plus incorruptible, comme un CARCASS de l’époque Swansong (« Crewing the Earthdrill »). Et si « Shapeshifter » sonne comme l’hymne incontestable de cette seconde livraison, avec son tempo à la MOTÖRHEAD, « Black Mold » a tôt fait de redresser la barre et de remettre le cap sur la finesse d’exécution, sans utiliser de formule nouvelle, mais en accommodant des thématiques anciennes à la sauce 2020. Un chant qui module et n’hésite pas à épuiser ses poumons, un guitariste inspiré en rythmique et volubile en solo, et une section rythmique à la créativité puissante, la combinaison des talents aboutit à un LP terriblement attachant et pugnace, qui ne se voile pas la face, et admet sa fascination pour l’extrême des années 89/92.
Sans jouer le copié/collé, PROCESSOR utilise ses quarante-trois minutes à bon escient, ne dissimule pas plus que ça sa passion pour DEATH, mais évite la redite avec brio. On attend fermement la suite des évènements, qui pourrait nous garantir un troisième LP de facture exceptionnelle.
Titres de l’album:
01. Shapeshifter
02. Black Mold
03. Into Oblivion
04. Living in a Casket
05. Hivemother [Swarm of Ishtar]
06. Damage Fuck
07. Crewing the Earthdrill
08. [der Laplace'sche] Dæmon
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