Quand on dispose du talent vocal d’une chanteuse comme Sarabeth Linden, on peut tout se permettre, ou presque. Proposer du Metal basique à la louche, accélérer le tempo pour provoquer Speed, lâcher les riffs les plus génériques possibles, en gros, se la jouer lambda sans craindre l’anonymat. Car Sarabeth a cette voix qui transcende le Heavy le plus formel possible, même produit en quantités industrielles. Sa puissance est tout bonnement hallucinante, et elle représente en quelque sorte le chaînon manquant entre Ann Boleyn et Doro Pesch, sans imiter l’une ou l’autre. Alors, au moment de savourer le deuxième album des américains de TOWER, on sait d’avance que l’on va avoir droit à des envolées lyriques dramatiques, à des incarnations dignes de la Commedia dell’arte, en gros, à une représentation unique digne de celle donnée à l’occasion du premier album éponyme.
Tower accusant six ans d’existence, il était temps de lui donner une suite. Une suite digne de ce nom, l’album jouissant d’une excellente réputation dans l’underground pour son côté nostalgique jusque boutiste, célébrant le Metal des années 80 avec un enthousiasme rarement égalé sur la scène US. Mais TOWER ne pouvant décemment se contenter d’une resucée habile, l’option « tout à fond, et mieux » a été privilégiée, et ce Shock to the System vous en assène un bon entre les oreilles.
Je parlais de Sarabeth Linden, le pôle d’attraction, mais négliger ses comparses serait une grave erreur. Car grâce à eux, la chanteuse évolue sur un terrain de jeu vintage de grande classe, entre Heavy et Power Metal des mid eighties, entre HELLION, WARLOCK, BITCH, entre classicisme ouvert et désir d’actualiser les refrains d’antan. Pourtant, au premier regard, le quintet semble jouer les faux-semblants, affichant sur cette pochette une fenêtre derrière laquelle un homme est emprisonné, et non une tour émergeant de la glace pour la briser entre eux et le public. Difficile de comprendre le graphisme de ce deuxième LP, mais beaucoup plus facile d’en comprendre les ambitions. Reproduire à l’identique les sonorités américaines d’une époque de gloire, lorsque les groupes sortaient de leur cave aussi nombreux que les rats dans la rue, prenant d’assaut les clubs pour avoir leur part de lumière. Et la lumière exposant les TOWER est aussi brillante que leur talent.
Zak Penley & James Danzo (guitares), James Jones (batterie) et Jack Florio (basse), les partenaires de cette chère Sarabeth donnent donc tout ce qu’ils ont, et se montre aussi persuasifs qu’une next big thing lors d’un show case pour décrocher un contrat. « Blood Moon », en ouverture, donne immédiatement le ton de son intro martiale avec déluge de riffs en fusion. Et lorsque l’énorme cri de Sarabeth vient libérer la sauvagerie la plus brute, on pense au séminal « Slave to the Grind » de SKIDROW, adapté à la sauce new-yorkaise de New Renaissance, la qualité en plus. La mise en place est impeccable, la rythmique débridée, les mélodies maintenues en laisse, et l’énergie développée a de quoi alimenter en gégène des quartiers entiers de New-York.
On pense immédiatement à un WARLOCK des années Hellbound avec une chanteuse plus à l’aise dans un registre agressif et au timbre moins rauque, mais immédiatement, le quintet commence à dévier et à louvoyer pour aller provoquer le spectre d’un Heavy/Doom Sabbathien, via l’emphatique et opératique « Prince of Darkness », capable de faire passer MERCYFUL FATE pour une bande de sales gosses épris d’occultisme de pacotille.
Passant par toutes les ambiances rétrogrades possibles, acceptant les concessions mélodiques plus souples, TOWER passe en revue sur Shock to the System tout ce qui a fait la réputation et la gloire du Metal des années 80. Des hymnes fédérateurs à reprendre à plusieurs, aux morceaux plus aménagés et radio-friendly (« Lay Down The Law »), en passant par les quickies Speed hérités de la tradition MOTORHEAD des seventies (« Hired Gun »), tout est imité à la perfection, mais avec passion, ce qui permet au groupe de se distinguer de la masse gluante des simples limaces suiveuses.
Et contrairement à beaucoup d’albums qui tablent sur les souvenirs d’un auditoire quinquagénaire qui regrette son adolescence perdue, TOWER compose de vraies chansons, et pas de simples fac-similés destinés à faire passer la pilule avec opportunisme. Alors, entre franchise Heavy à la MAIDEN (« On The Line ») et progressions épiques aux ambitions affichées (« In Dreams »), on reste admiratif de cette poigne et de cette hargne, et surtout, de cet investissement qui ne se dément pas du premier titre au dernier.
Du Heavy pur jus pour les besoins d’une perfusion de passé de qualité, TOWER nous offre avec Shock to the System l’intraveineuse la plus performante du marché. Dommage, le vinyle est déjà épuisé, mais il vous reste la musique. Elle est fameuse.
Titres de l’album:
01. Blood Moon
02. Prince of Darkness
03. Metatron
04. Running Out Of Time
05. Lay Down The Law
06. Hired Gun
07. The Black Rose
08. On The Line
09. In Dreams
10. Powder Keg
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30