Quand on parle de Glam, de Sleaze, et de toutes ces jolies digressions agrémentées de lipstick bien rougeaud, de coiffures en pétard et de groupies dans le rétro, on aime à s’imaginer déambuler les rues de L.A, en bonne compagnie…Pourtant, inutile d’habiter la cité des Anges pour s’adonner aux joies d’un Hard Rock fardé et customisé, n’importe quelle ville faisant l’affaire, pour peu que vous en ayez l’attitude, et le son…Vous avez du mal à l’imaginer, et préférez croire que Los Angeles est toujours l’Eldorado rêvé ? J’ai un contre-exemple parfait à vous coller sous le nez, à moins qu’il ne soit déjà bouché par les lignes sniffées dans les chiottes d’un club à l’hygiène douteuse…Un contre-exemple aux antipodes de vos convictions, qui loin de se la jouer ricain en goguette le moral dans les chaussettes, assume sa nationalité pourtant peu propice aux débordements chaloupés. Qui aurait pu imaginer une bande de rockeurs hirsutes jouant leur va-tout et leur grand soir à Pretoria, capitale de la République Sud-Africaine ?
Certainement pas les acteurs de l’époque, qui n’imaginaient pas leur Strip délocalisé au pays de Johnny Clegg et Nelson Mandela…Pourtant, là-bas aussi, on sait manier le riff goulu et les vocalises lippues, ce que semblent démontrer sans complexe les L.A. COBRA dont la naissance ne remonte pas à hier. Fondé en 2005, le quatuor chamarré (Don Cobra – chant/guitare, Slade – guitare, Callie The Animal – batterie et Ewil Honey – basse) a déjà publié deux LP (Cherry Hill en 2007 et How Much Snake Can You Take ? en 2011), mais a visiblement eu du mal à donner suite à ses parties déchaînées, puisque leur troisième effort prévu pour 2013 a pris plus de temps que prévu pour voir le jour…
Il aura donc fallu à ces branques du riff qui démange quatre ans de patience pour parvenir à leurs fins, et calmer notre faim de Glam Rock calqué sur les modèles passés. En lançant une campagne de crowdfunding, les sud-africains ont réussi à reprendre leur destin en main, et à balancer à la face d’un monde médusé ce fameux troisième album que tous les fans de cuir coloré et de mèches mal peignées attendaient comme le messie auto-proclamé. Il faut dire qu’en tant que « seul groupe de Glam du continent africain », la mission acceptée était complexe et le défi dur à relever. Pourtant, en se concentrant sur ce qu’ils connaissent le mieux, les L.A. COBRA signent l’album de Sleaze le moins bridé de l’année, qui pourrait donner l’accolade à nos BLACKRAIN bien aimés, tant le style des deux combos présente des similitudes éprouvées. Même capacité à garder intact l’esprit de L.A tout en l’adaptant d’une radiophonie presque Pop-Rock, même gouaille suggérant une fascination pour les FASTER PUSSYCAT ou HANOÏ ROCKS, et même talent pour trousser de jolis hymnes teenage qu’on reprend à la nuit tombée.
Produit par Martin Sweet, guitariste de CRASHDIET et nous offrant le minois et décolleté splendides de Marielle Tengström (modèle et chanteuse de REBEL MISTRESS) sur sa pochette, Shotgun Slinger est presque un modèle du genre, et en tout cas, l’un des meilleurs LP de Glam Rock de ces derniers mois passés. Doté d’un son un peu crade Rock qui sied admirablement bien à leurs compositions un peu louches, ce troisième LP passe la rampe sans avoir besoin de la huiler, en se reposant sur la puissance et l’efficacité de riffs éprouvés, de rythmiques martelées, de soli bien torchés et de lignes vocales boudeuses joyeusement scandées et hurlées. Rien de vraiment nouveau sous le soleil sud-africain, mais une bonne leçon de Hard-Rock suintant et louchant sur le postérieur de la première beauté croisée.
Il est certain que l’optique choisie est plutôt nostalgique, et nous replonge dans les affres d’un hédonisme US des mid eighties, lorsque les AUTOGRAPH, BLACK N’BLUE, et autres chantres d’un Metal light et taillé pour les radios s’en disputaient justement la programmation. Les refrains sont taillés pour s’incruster dans votre petit cerveau alourdi par une coiffure un peu trop chargée en laque, tandis que les couplets font tout ce qu’ils peuvent pour vous faire oublier votre triste réalité de gosse de banlieue un peu largué. Ici, c’est la fête qui prime, et sans chercher Nikki Sixx au Troubadour à quatorze heures, les L.A. COBRA font le job à merveille en lâchant une grosse bordée de hits juste au-dessus de votre maisonnée. Pas de point faible, que des temps forts, là est le secret d’un troisième LP qui aura mis du temps à nous arriver, mais qui justifie ses années de gestation d’un joli crossover entre Heavy et Glam sans transition (le très NWOBHM « WTFR (Wrong. Things. Feel. Right) »). Le choix est vaste, et l’approche multiple, et l’ambivalence entre des mélodies qui pétillent et un fond qui grésille confère à l’œuvre un parfum un peu doux-amer, comme si l’after était plus difficile à négocier qu’on ne le pensait. Des réminiscences d’AOR, peu de paroles en l’air, et surtout, une approche de la composition qui doit autant aux MÖTLEY qu’au SKIDROW léger (« Running Wild », et sa basse ronflante comme celle de Rachel Bolan), et qui a su rester dans la mesure pour coller à celles d’un Rock qui ne dépasse que très rarement la limite d’un single bien tassé (« Sell Your Soul (Little Girl) »).
Quarante minutes de traitement de choc, pour une belle balade en territoire Rock, qui n’hésite pas à appuyer un peu sur le Heavy pour ne pas passer pour de trop gentils bandits (« Shotgun Slinger », un peu JESUS ON EXTASY, un peu BLACKRAIN alourdi), ou à nuancer son Rock pour le laisser louvoyer comme le serpent qui propose la pomme à la belle que plus rien n’étonne (« Somebody To Love », un des trucs les plus accrocheurs de ces cinq dernières années). Petit voyage dans le passé pour se rendre compte que pas grand-chose n’a changé (« War »), allusions pas toujours finaudes qui se déchirent d’un Hard-Rock qui transpire (« Good Taste In Bad Woman », le meilleur de RATT dans des backstages qui sentent le stupre et les groupies qu’on matte), en gros, le meilleur du meilleur, qui se permet même de nous réserver en surprise finale un nouveau carton en puissance via l’épileptique et euphorique « Rock N’Roll Pretoria », que les KISS et les HANOÏ ROCKS auraient pu entonner de concert sur une tournée éphémère.
Alors non, pas besoin d’être californien pour avoir tout compris au Glam et au Sleaze qui pète bien. Il suffit de connaître ses classiques, et d’y ajouter une touche personnelle de folie. Savoir composer des hymnes simples mais efficaces, qui ne prennent pas trop de place, mais qui éclatent sur scène comme des bulles de savon qui emportent la peine. Les L.A. COBRA avec Shotgun Slinger prouvent qu’ils ont tout compris à la non-problématique, et sans se prendre le chou, nous rendent chèvre de chansons qui rendent fou, et qui laissent le sourire aux lèvres et le regard un peu flou.
De là, Pretoria ou L.A…L’important est de ne pas être important et de savoir que les anecdotes les plus minces font souvent les plus belles histoires…
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
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