Toujours ainsi pour les tyrans
Citation tronquée et attribuée à Brutus, principal artisan de l’assassinat de Cesar, et reprise quelques siècles plus tard par John Wilkes Booth après son tir qui ôta la vie à Abraham Lincoln. Il est toujours très difficile de se baser sur une phrase historique pour se présenter musicalement, mais les grecs de CRIMSON SUNSETS assument totalement leurs positions, même si leur Sic Semper Tyrannis n’est qu’un premier album, et pour cause. En effet, le groupe bien que novice en termes de production professionnelle n’existe pas depuis les années 2010, mais a bien vu le jour en 1994 à Athènes. Alors, qu’ont-ils bien pu faire en plus de vingt-cinq ans d’existence pour ne sortir que leur premier chapitre en 2020 ? Splitter pendant quinze ans déjà, entre 2002 et 2017, et ne sortir que deux démos durant leur première période d’activité. C’est ainsi que les fans éventuels ont pu se faire les dents sur A Furore Normannorum Libera Nos Domine en 1997, et sur Crimson Sunsets en 1999, avant que le groupe ne jette l’éponge pour de bon…pour mieux ressusciter. Et sans crier au génie, j’avoue qu’il eut été dommage de ne plus avoir de leurs nouvelles, car les pistes constituant cette première déclaration sont de fort bonne facture, évoluant pourtant dans un créneau me laissant d’ordinaire hermétique, le Doom. Mais le Doom des grecs n’en est pas vraiment, pas seulement en tout cas, et il sait se teinter de Death light, de NOLA par suggestion, et même de Stoner pour qui sait tendre l’oreille. Et il n’en devient que plus sympathique à l’oreille, d’autant que si les morceaux ont tendance à prendre leur temps, ils le font pour instaurer des ambiances prenantes et des climats assez hypnotiques.
Présentations : Tolik (guitare), George (chant/basse), Sot (batterie), et Pavlos (guitare, petit nouveau depuis 2019) se connaissent donc depuis un bail et savent exactement ce qu’ils veulent. Jouer un Doom qui se laisse pénétrer par des influences extérieures, et qui filtre le Death Rock pour ne pas laisser traîner sa misère. Après avoir repris les commandes il y a trois ans, les trois membres originels ont souhaité enregistrer un disque aussi proche de leurs racines que possible, et qui aurait donc pu être gravé entre 1994 et 2000. C’est l’impression qu’on a en écoutant Sic Semper Tyrannis qui évite la production cryptique emblématique du Doom contemporain, et qui propose un son assez Rock dans les faits, avec des guitares lourdes certes, mais qui ne bavent pas leur ennui par tous les micros. Les riffs sont donc sombres, graves, mais restent légers, abordables pour les néophytes, et l’ensemble ressemble parfois en effet à un album de Rock gras et gros enregistré dans les nineties. Certes, la variété n’est pas la qualité la plus évidente de nos amis athéniens, qui répètent souvent la même formule, mais leur musique a le don de nous éviter les atermoiements du Funeral Doom, ou le sevrage BLACK SABBATH un peu trop redondant.
Les fans du genre sauront reconnaître un groupe qui évolue dans le créneau depuis longtemps, mais ce disque ne s’adresse justement pas qu’aux fans, et distille des arrangements plutôt bien sentis, sous forme de breaks atmosphériques agréables aux tympans, comme en témoigne la cassure centrale très futée de « Vae Victis ». Avec une bonne moyenne de cinq minutes par morceau, CRIMSON SUNSETS n’abuse pas des répétitions, et si les deux guitares semblent parfois bloquées sur la même fréquence, si le chant rauque de George ne dévie que très rarement de ses litanies éraillées, l’agencement des plans permet quelques respirations qui redonnent du souffle aux chansons, qui en sont vraiment et pas de simples complaintes à base de mi gratté ad nauseam. Il y a bien sûr des tranches de mélancolie plus conséquentes, comme « Ravens » qui plante un décor assez différent avec son intro mélodique en arpèges, et surtout, « Inglorious Fate » qui nous entraîne sur la piste d’un Death/Doom très savoureux et inspiré. Les musiciens sortent alors les grosses cartouches, la double grosse caisse, appuyant sur les aspects les plus revêches de leur caractère, pour nous offrir un véritable final poisseux et explosif.
Le bilan est donc largement positif et je suis très heureux pour les grecs de ce retour qui leur permet enfin de mettre leurs atouts en avant sur longue-durée. D’autant qu’ils ne rechignent pas sur les petites accommodations, les trouvailles qui nous évitent un endormissement prématuré, alourdissant parfois leur propos pour provoquer les Dieux du Doom le plus puriste (« Halls of Extinction »), ou au contraire, en insistant sur le Metal pour tremper leur plume dans le Death plus conventionnel, mais toujours Rock dans le fond (« Deny the Witch »). Un très bon album donc que ce Sic Semper Tyrannis, qui sans faire trembler les tyrans, permettra de renverser quelques idées préconçues sur le Doom.
Titres de l’album:
01. Sic Semper Tyrannis
02. Small Steps Corrupt
03. Vae Victis
04. We Happy Few
05. Ravens
06. Deny the Witch
07. Halls of Extinction
08. Inglorious Fate
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